Cachée au fin fond du Tombeau, Yana n'a eu aucun mal à devenir une terrible tueuse. Mais lorsqu'elle émerge enfin à la lumière du dehors, ses crimes ne peuvent plus être ignorés de personne.
Alors, comment mentir à Malo, l'héritier de l'Empire qui l...
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— Mesdames, Messieurs, si je vous ai réunis aujourd'hui, c'est pour vous faire part d'une heureuse nouvelle. J'ai choisi ma femme et la future impératrice m'a choisi. Elle se tient debout à mes côtés car il n'y a pas d'autre personne dans l'Empire qui mérite plus sa place. Je n'ai rien d'autre à dire, sinon que je l'aime.
Au premier rang, dans la salle du trône, la vieille sénile Belfa éclata en sanglots.
— Allons, reprenez-vous, Maquellan, la réprimanda Malo.
— Laisse, dit Yana en jetant un regard froid à la silhouette décharnée secouée par les pleurs. Maquellan Belfa, ne pleurez plus. Vous êtes injuste.
Belfa tourna son visage ruisselant de larmes vers elle et sanglota de plus belle.
— Ah ! Ces cauchemars... Ce pauvre bébé...
Malo haussa les épaules avec consternation et descendit les escaliers de marbre au bras de Yana sous les applaudissements des invités et des autres prétendantes. Il ne la comprendrait jamais tout à fait, cette jeune fille au visage dénué d'expression, souvent étranger au sourire. Comme lorsqu'elle n'avait pas voulu se défaire de ses cicatrices, son passé la poursuivait toujours et lui interdisait de dormir sereinement la nuit. Elle était sans cesse malmenée par les souvenirs de plus en plus flous de sa vie d'avant, de ses parents, son frère, et Féliko le Magicien. Parfois, Malo voyait briller dans ses yeux gris-vert les étoiles de sa magie, les crochets de son humanité.
Et puis, le tombeau se refermait autour de son esprit et lui rappelait à quoi on pouvait la réduire. Il doutait qu'elle lui raconte un jour ce qui s'était passé cette année-là dans les profondeurs de la terre, ni les détails des années suivantes à la garderie. Même si Malo la trouvait exceptionnelle ici au palais, il savait qu'elle avait brillé en des lieux bien plus sombres. Enfin, il y avait cette vie d'après, dont il faisait partie, qu'elle abordait plus volontiers et qui lui tirait parfois des sourires. De la chance, disait-elle, et des compagnons incroyables la composaient.
Pour l'instant, Malo était éperdument amoureux et n'avait cure de tout ce qu'on murmurait sur sa promise, pas même les sombres élucubrations de Belfa. Mais plus tard, ne pouvait-il s'empêcher de penser, plus tard il la verrait plus clairement et alors peut-être regretterait-il son aveuglement.
Un apéritif était donné dans les jardins en l'honneur de la nouvelle promise de l'Héritier. Comme l'on pouvait s'y attendre, M. Binocle avait déjà investi le buffet et son embonpoint était plus imposant que jamais. Il avait abandonné son turban et rasé sa barbe. Seules ses lunettes en verre épais dissimulaient encore son visage. A l'écart des festivités, Roland et Ravelle semblaient avoir une violente altercation. Le garçon était en train renverser sa coupe de champagne sur la veste immaculée de la Maquellan, redoublant sa colère. Malo fit mine de faire un pas dans leur direction mais Yana le retint résolument.
— Ecoute, murmura-t-elle, je dois te dire quelque chose.
Il était disposé à l'écouter quand les cris de Roland devinrent trop bruyants pour être ignorés, faisant tourner la tête de plusieurs invités. Malo se plaça à contrecœur entre lui et Ravelle tout en essayant d'éviter une scène.
