Prologue

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Je n'ai pas lâché la main de mon père depuis que nous avons pénétré l'aéroport Roissy Charles de Gaulle. Je ne suis pas prête à le quitter, et à la simple pensée de cette séparation, mes yeux s'embuent.

Nous avançons jusqu'au panneau des départs, le hall dans lequel je dois me rendre pour enregistrer mes bagages n'est pas encore affiché, la boule de noeud dans mon ventre semble se dénouer légèrement, l'impression de gagner du temps avec mon père me soulage.

-Que dirais-tu d'aller prendre un délicieux macchiato ?

Je remarque tous les efforts qu'il fait pour sourire et paraître décontracté, je me contente d'hocher la tête, incapable de sortir un son. J'aimerais pouvoir lui rendre son sourire, faire comme si de rien n'était, être optimiste mais c'est au dessus de mes forces.

Arrivés au Starbucks, nous commandons nos boissons et nous installons à une petite table, dans un coin à l'abris des regards.

-Si tu as des choses à me dire c'est le moment ma puce, m'informe mon père en s'installant.

Je lève vers lui un regard interrogatif.

-Écoute je vois bien que tu es préoccupé depuis quelque temps, et pas uniquement à cause de ce déménagement, complète-t-il.

Je réfléchis quelques instants, après tout je n'ai rien à perdre en posant cette question, alors je me lance:

-Pourquoi maintenant?

Mon père semble s'être perdu dans ses pensées depuis l'instant où c'est deux simple mot ont quitté ma bouche. Il reprend soudain la parole:

- Te dire que la situation actuelle en est la cause, bien qu'elle est accélérée la chose, serait te mentir. En vérité, cela fait plus d'un an que j'ai repris contact avec ta mère, il nous a bien fallu treize ans pour nous rendre compte de notre stupidité... Bien que notre rupture est été...

Il semble être en train de choisir ses propos et reprend:

-...des plus brutales, nous avons agis horriblement. Elle n'avait aucun droit de priver Aaron d'un père et je n'avais aucun droit de te priver de ta mère. Et surtout, nous n'avions aucunement le droit de vous séparer. Regarde toi ma puce, tu as déjà seize ans et tu as à peine, voire pas connu ton frère et ta mère, alors pour répondre à ta question, maintenant car nous espérons qu'il ne soit pas trop tard pour réparer nos erreurs.

J'hoche la tête, convaincue par ses propos et finis tranquillement mon macchiato, me repassant en boucle les ifférents scénarios des retrouvaille avec mon frère.

***

Une fois nos boissons consommées, nous nous rendons à nouveau au panneau d'affichage, le hall est maintenant indiqué et mon père m'y amène. La boule dans mon ventre retrouve sa taille initiale, et je m'applique à en faire abstraction.

Mes bagages enfin enregistrés, nous arrivons devant les postes de contrôle de sécurité. Je n'arrive plus à avancer, comme si l'approche de la séparation m'avait vidé de mes forces.

-Allez Ana, c'est l'heure, me chuchote mon pére, comme si lui aussi peinait à croire ce qui est en train de se passer.

Je me retourne et le sers dans mes bras. Je ne retiens plus mes larmes, un an sans le voir me paraît tout bonnement inconcevable. Je voudrais ne plus jamais le lâcher. Je sais ce que cette séparation représente, mon père fait partie de l'armée de l'air, être appelé en mission peut être synonyme de non retour. Je suis prise d'un violent frisson à la simple évocation de cette possibilité. Je sers mon père aussi fort que je le peux comme pour l'empêcher de s'échapper. Je cherche le bon moment pour me séparer de lui, mais il n'y a pas de bon moment.

-Ils viennent d'appeler les passagers en direction de Los Angeles ma chérie.

Il se recule coupant court à notre étreinte et prend mon visage entre ses mains:

-Tu vas me manquer ma puce.

Il m'embrasse le front et ajoute:

- Bon voyage, et n'oublie pas que je t'aime.

J'hoche la tête et lui répond:

-Moi aussi je t'aime papa, tu vas me manquer.

Il me sert dans ses bras une dernière fois et me pousse vers les portiques de sécurité. Je lui souris et le regarde jusqu'à ce qu'il disparaisse de mon champs de vision.

California RomanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant