Chapitre 17

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Je mets de côté la crise d'Ava pour mieux me concentrer sur mes amis. Nash saisit ma main sous la table, je la sert contente du soutiens que m'apporte mon ami, puis prenant une grande inspiration je me lance:

- J'ai une situation familiale étrange, on ne va pas se le cacher. Je n'ai pas vraiment envie d'en parler, tout ce que je peux vous dire c'est que je n'avais pas revu mon frère depuis mes deux ans, jusqu'à il y a quelques semaines.

Je marque une pose, tous sont attentifs, un air sérieux sur le visage, ils semblent tous me croire pour l'instant.

-J'étais vraiment très heureuse à l'idée de retrouver mon frère. J'avais une image très cliché de la relation frère-soeur, celle qu'on voit dans les films ou dans les livres, avec le grand frère protecteur et les deux qui s'adorent. Malheureusement quand je suis arrivée ici je me suis confronté à la dure réalité de la vie, tout ne se passe pas comme dans les films et en quatorze ans les personnes évoluent d'une manière qu'on imaginerait pas. Je vais vous résumer vite fait sa façon de penser: il ne me considère pas comme sa soeur, ne souhaite pas être associé à moi et veut me que je me cache quand il ramène ses amis à la maison.

Devant l'air dubitatif de certains, j'argumente:

-Il m'a formellement interdit de révéler à qui que se soit que j'étais sa sœur, c'est pour ça que je n'ai rien pu vous dire.

-Et Nash alors? Demande Suzie, prenant pour la première fois la parole depuis que je suis arrivée.

-C'était un accident, je n'aurais pas dû être au courant, et elle ne m'aurait rien dit si je ne l'avais pas découvert moi-même, répond celui-ci à ma place.

-D'ailleurs comment a-tu su? le questionne Cameron.

-Avec mon frère on a tout de suite eu des doutes quand Ana a débarqué, elle avait les mêmes yeux, les mêmes cheveux et les mêmes traits, c'était trop gros. En plus, dès que Jason évoquait le sujet, Aaron s'énervait. Alors mon frère a eu l'idée de la ramener un soir vu qu'elle rentrait souvent à pied ou en bus, pour voir où elle habitait et il s'est avéré qu'on avait raison.

Alors c'est pour ça! Moi qui me disait que Jason était peut-être un peu plus sympa que mon frère, et bien j'avais tord. Je relève la tête vers Elena et voit son air renfrogné.

-Tu ne me crois pas, c'est ça ?

Comprenant que je m'adresse à elle, elle se défend:

-Si, bien sûr que je te crois mais je ne vois pas comment l'expliquer à Ava...

-Laissons là se calmer dans un premier temps, puis j'irais lui parler si vous voulez, propose Rayan.

J'hoche la tête, le sourire au lèvre, mes amis me croient et me soutiennent tout se passera bien.

-Suzie, on y va sinon on va être en retard à l'entraînement. À plus les gars, nous salue-t-elle.

-Je vous accompagne, lance Jessica précipitamment.

Puis toutes trois s'éloignent avec leurs plateaux-repas.

- Moi je vais réviser à la bibliothèque, on se voit plus tard.

Je quitte à mon tour la table, laissant derrière moi les garçons. Je vide mon plateau, et fait un détour par mon casier pour récupérer quelques livres de cours. J'espère ne pas recroiser Ava de la journée, cette fille à tendance à un peu trop s'emporter lorsqu'elle est en colère et je n'ai pas envie de me disputer avec elle.

Les couloirs sont presque vide à cette heure, la plupart des élèves sont occupés par les entraînements, les cours de rattrapage ou sont tout simplement en train de déjeuner. On ne croise dans les couloirs que des couples qui s'embrassent occupant tous les petits recoins du lycée ou les élèves de passage comme moi. Personne ne s'occupe de moi et je me surprends à ralentir le pas pour profiter de ce calme.

Je me sens soudain tirée en arrière par deux mains puissantes positionné sur mes hanches. Je tombe par terre au milieu d'une salle de classe. Quand je relève les yeux, je vois me toisant de toute sa hauteur mon abrutit de frère. Je me relève, essayant de rétablir un peu d'égalité en coupant cours à sa supériorité de taille mais même debout il mesure au moins un tête de plus que moi.

-Qu'est-ce que tu me veux ENCORE!?

-T'es contente j'espère? T'as eu ce que tu voulais? Me demande-t-il ignorant ma question.

-Et je voulais quoi d'après toi?

Il m'ignore encore une foire et reprend:

-Maintenant que tous le monde est courant, t'as intérêt à te tenir à carreaux, tu restes dans ton coin avec tes amis et tu te fais pas remarquer, c'est clair?

Plus en colère que jamais, je me dirige vers la porte bien décidé à quitter cette salle. Au passage je bouscule mon frère.

Bien sûr, étant plus rapide que moi, il me rattrape et pousse je arrière. Je me rattrape de justesse à une table et je me retrouve de nouveau face à lui:

-Je répète: maintenant que tu as eu ce que tu voulais, tu vas te tenir à carreaux, c'est clair?

Je me tais, bien décidé à lui tenir tête.

-Putain Ana! Tu peux pas juste lui répondre oui qu'on en finisse, siffle une voix dans le fond de la classe.

Je me retourne et découvre Jonas, adossé au mur, avec sa nonchalance habituelle. Je me met soudain à rigoler, un rire nerveux je pense, qui me surprend moi-même. Rapidement il vire aux larmes:

-J'aurais dû me douter que cette journée infernale devait forcément contenir une entrevue avec mon abrutit de frère et son larbin.

Toujours en pleurs je me dirige vers la porte, mon frère ne tente pas de m'arrêter cette fois. Ma main sur la poignée, je me stoppe et n'ayant pas la force d'affronter leurs regards haineux, je reste tournée vers la porte et souffle:

-Peut-être que ce que je veux c'est simplement un frère.

Puis je me précipite dans le couloir.

California RomanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant