California Romance

Chapitre 1

Nous sommes dans la voiture, mon chien Taiyōkō-sen bouge dans tous les sens, me grimpe dessus et ma mère n'arrête pas de me poser des questions sur moi. Sûrement veut-elle rattraper le temps perdu. J'avais déjà vu plusieurs photos d'elle et échanger quelques messages mais cela ne m'empêche pas d'avoir l'impression de me retrouver avec une parfaite inconnue. En l'observant je remarque que je tiens mes cheveux blond d'elle, ainsi que la forme de mes lèvres et de mon visage. Il n'y a aucun doute sur le fait que je suis sa fille.

Dans chaque regard qu'elle me lance je perçois de la culpabilité et je ne peux pas l'en blâmer. Je pourrais considérer qu'elle m'a abandonné, mais je n'ai jamais raisonné comme ça. Seulement pour toutes les fois où j'ai ressenti le besoin d'avoir une mère et qu'elle n'était pas là, je la laisse avec sa culpabilité.

Elle se gare devant une grande villa, dans un quartier aisé et descend. Je l'imite et l'aide à vider le coffre de mes bagages. On entre dans la maison et je suis juste impressionnée, les murs sont pour la plupart de grandes baies vitrées, le mobilier est moderne, et les couleurs principales sont le blanc, le noir et le gris. Ma mère hurle:

-AARON!

Un garçon un peu plus grand que moi, blond lui aussi et avec les mêmes yeux que moi descends le grand escalier en verre. Un grand sourire illumine mon visage, j'ai toujours voulu connaître mon frère. Il me sourit aussi et me salue puis nous montons tout trois mes valises. Ma chambre est spacieuse, un lit à baldaquin est positionné tête contre le mur de droite, entouré de deux tables de chevet et recouvert de drap en lin rose pâle, on a mis dans le coin sur la gauche du lit un énorme fauteuil en cuir et sur la droite une porte en bois blanc qui mène je ne sais où. En face de moi, le mur est en grande partie couvert d'une porte fenêtre entièrement vitrée qui illumine toute la chambre et équilibre ainsi avec l'ombre apportée par l'importante bibliothèque qui recouvre le mur de gauche, excepté l'endroit où se trouve une autre porte en bois blanc identique à la première et un grand bureau lui aussi en bois blanc. Et enfin sur ma gauche, à côté de la porte un miroir plein pied accroché au mur. Cette chambre est vraiment cosy, l'ambiance est chaude et je me vois déjà y vivre.

-Aaron va t'aider à t'installer puis nous dînerons. Hélas je pars ce soir pour New York mais j'appellerai demain soir pour savoir comment c'est passé ta rentrée, me dit-elle en souriant.

Elle quitte la chambre me laissant avec mon frère et mon chien. Ce dernier s'allonge sur mon lit exténué par le voyage. Un silence s'installe et je ne sais que dire.

-Je me deman...

-Arrête, me coupe-t-il. Ne cherche pas a me connaître et n'espère pas que nous aurons une relation frère-sœur car je ne te considères pas comme ma sœur. Tu es juste une parente qui t'installe chez moi provisoirement.

Il marque une pause pour reprendre sa respiration et continue:

-Au lycée personne ne doit savoir que nous avons un lien de parenté! Quand je ramènerais des gens à la maison fait en sorte de ne pas être là où terre toi dans ta chambre!

Il me balance ça en se dirigeant vers la porte.

-Je ne te connais pas et tu ne me connais pas.

Il quitte la chambre mais fait demi tour pour me lancer:

-Et pas un mot de tous ça à ma mère.

-C'est ma mère aussi, j'te signale.

-Non.

-Si. Et puis si tu crois que tu m'impressionne avec tes "je ne te connais pas et tu ne me connais pas", je dis en faisant une voix d'abrutit juste pour l'énerver.

Il réagit au quart de tour, et rentre à nouveau dans la chambre. Il ferme la porte et s'avance très vite vers moi. Il me plaque contre le mur un bras en travers de ma poitrine pour m'empêcher de bouger.

-Je crois que t'as pas compris. Tu vas faire ce que je dis.

-Ah ouais? Et pourquoi?

-Pour pas que je te pourrisse la vie. Si tu me cherche tu n'auras même plus de réputation avant d'avoir franchit la grille du lycée.

-Saches monsieur que moi aussi je suis en mesure de te pourrire la vie, alors si tu veux que je mette sous silence nos liens t'as intérêt as trouvé mieux que "je vais te pourrir la vie", je lui réponds en reprenant ma voix d'abrutit.

Je réfléchit quelques instants, à ce qu'il a et que je n'ai pas.

-Tu fais du surf?

Il hoche la tête.

-Tu as une planche?

Il hoche de nouveau la tête.

-Et bien je veux avoir le droit de la prendre quand je veux. Mais ne penses t'en tirer comme ça, je te demanderais d'autres trucs au fur et à mesure.

Il réfléchit à son tour, puis finit par me dire oui et quitter ma chambre toujours en colère. Je m'étale sur mon lit plus déçu que jamais. Ça ne commences pas bien du tout, dans aucuns des scénarios que j'ai pu imaginer, mon frère ne réagissait comme ça.

Je m'installe dans ma nouvelle chambre avec l'espoir de penser à autre chose que la rencontre désastreuse avec Aaron. Je découvre que la porte à côté de mon lit mène à un dressing qui met apparement réservé, et que la seconde porte mène à une salle de bain plus grande que celle que je partageais avec mon père, et qui met aussi réservé. Mais aussi que la grande porte fenêtre me permet d'accéder à un balcon sur lequel je pourrais aisément installer deux chaises longues. Je suis bien loin de ma vie à Paris, dans cet appartement cinq pièces que je partageais avec mon père , loin d'être petit mais loin d'être aussi grand que cet endroit. Au souvenir de mon père, je sens une boule se former dans ma gorge, mais je me force à ravaler mes larmes, je viens à peine de le quitter qu'est-ce que se sera dans quelques mois...

Un peu plus tard je dîne et dis au revoir à  ma mère, qui pars à New York où est basé son cabinet d'avocats, ayant une affaire importante en cours, elle ne devrait pas revenir avant quelques semaines. Je me couche de bonne heure fatiguée par le voyage. Demain il y a la rentrée et je ne sait pas du tout à quoi m'attendre.