Chapitre 20

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Nous sommes vendredi, Aaron n'est pas rentré à la maison depuis mardi, je l'ai croisé dans les couloirs à plusieurs reprises et il m'a royalement ignoré. Certaines personnes continuent toujours de me dévisager, mais la plupart se sont lassés. Quant à Ava, j'ai pu lui parler ce midi, elle s'est excusé de s'être emporté et m'a écouté jusqu'au bout. Elle m'a expliqué avoir été vexé par mon mensonge mais que maintenant elle comprenait. Cette réconciliation m'a soulagé, plus que je ne m'y attendais.

Je suis actuellement dans ma chambre, surfant sur les réseaux sociaux, quand j'entends un crissement de pneus devant la maison. Je résiste à l'envie de me lever pour vérifier s'il s'agit bien d'Aaron. Je continue donc mon activité, et quelques secondes plus tard la porte d'entrée claque, confirmant ma théorie. Je le suis grâce aux différents sons qu'il produit: il balance d'abord son sac dans l'entrée, mais ne prend pas la peine de retirer ses chaussures avant de traverser la cuisine et gravir les escaliers. S'en suivent trois léger coups à ma porte, qui me surprennent, je m'attendais à ce qu'il parte s'enfermer dans sa chambre.

- Anastasia est-ce que je peux entrer s'il te plaît?

Un instant décontenancée par sa soudaine politesse, je me reprends et réponds:

- Non.

- Arrête de faire la gamine Anastasia!

- Va donc voir ailleurs si j'y suis, je réplique aussi sec.

Ma porte s'ouvre d'un coup, révélant Aaron avec une expression dure sur le visage. Ça y est, il est énervé, il ne lui aura pas fallut longtemps, je crois qu'il bat sans cesse son propre record.

- Tu veux pas grandir un peu merde?

- Casse toi ! j'ordonne.

- Je ne crois pas non! Et au lieu de gueuler écoute moi!

- Aaron sors de ma chambre, ou à trois je hurle au viol! 1...

- Quoi?! Mais n'importe quoi! De toutes façon personne ne t'entendra.

- Faux. Ma fenêtre est ouverte ainsi que la baie vitrée du salon et les voisins sont dans leur piscine. 2...

Aaron jette un regard vers ma fenêtre puis vers moi.

- ...3

- Tu n'oserais pas, dit-il lui même doutant de ses propos.

- AU VIOL!!! AU/

Je suis coupé par Aaron qui s'es jeté sur moi, m'empêchant de parler à l'aide de sa main sur ma bouche.

- Non mais t'es complètement tarée!

Je tire sur sa main de toutes mes forces, mais il est bien plus fort que moi. Bientôt il m'immobilise les bras, tenant dans sa main gauche mes deux poignets. J'essaie alors de mordre sa main pour me libérer de son emprise, mais échoue.

- Mais tu vas te calmer, espèce de folle va!

Je finis par ne plus bouger, adoptant une nouvelle tactique: attendre qu'il relâche un peu son emprise et en profiter pour lui porter un coup aux bijoux de famille, avec l'espoir qu'il s'en souvienne toute sa vie et qu'il le prenne comme un avertissement l'invitant à ne plus s'approcher de moi. Aux bout de quelques minutes, comme prévu, il relâche quelque peu sa prise. Pas assez pour que je lui fasse vraiment mal, mais assez pour que je me libère. Je m'apprête à passer à l'action, mais me fige lorsque ces paroles sortent de sa bouche:

- T'es vraiment chiante Ana et même si je sais que je l'ai mérité t'abuses là.

Vient-il vraiment de dire qu'il méritait ce que je lui inflige? Sentant que j'avais réagit à ses paroles, Aaron en profites pour continuer:

- Si je te lâche maintenant, tu promets de ne pas crier et de m'écouter jusqu'à la fin sans m'interrompre?

Voulant en entendre plus, j'hoche la tête. Il lâche doucement mes poignets, et retire sa main de ma bouche. Il se lève de mon lit, ferme la fenêtre et la porte comme s'il avait peur d'être entendu, puis tire ma chaise de bureau vers le lit et s'y assoie à califourchon, les coudes posés sur le dossier. Il passe ses mains sur son visage, puis dans ses cheveux blonds avant de concentrer son regard bleu sur moi. Mon frère est vraiment beau, pas étonnant que Lana soit continuellement sur ses gardes, une multitude de filles doit certainement tourné autour de lui.

- Bon, même si ça me fait chier de le dire, j'ai vraiment fais mon connard avec toi, lâche-t-il soudain.

Ne sachant quoi répondre, je me contente d'hocher la tête.

- Alors pour ça je m'excuse. Mais on peut pas dire que tu sois un ange non plus. Si je me souviens bien tu m'as claqué et je ne compte même plus le nombre de fois où tu m'as insulté.

- La faute à qui? je rétorque.

J'adopte une attitude défensive, le fait qu'il s'excuse me paraît étrange. Il m'a clairement prise au dépourvu et je ne sais pas quoi penser de ce soudain mea culpa.

- Sérieusement Anastasia! Je suis en train de faire un pas vers toi là! Je laisse ma fierté de côté et je m'excuse, mais uniquement parce que je sais que j'ai déconné et que tu as raison , tu es ma sœur.

Je reste abasourdie devant ses propos. Bien qu'il est baissé la voix sur la fin de sa phrase, comme s'il regrettait d'avoir à admettre cela, il vient clairement de dire que j'étais sa sœur.

- Si c'est une blague Aaron, saches que ça ne me fait pas rire.

- Je te jure que c'est sincère Anastasia. J'ai réfléchis depuis mardi. Je ne vais pas te cacher que ton arrivée ici m'a quelque peu... perturbé et j'ai vraiment mal réagit. Mais met toi à ma place, je vivais tranquille avec ma mère, seul dans cette grande maison la plupart du temps et donc en quelque sorte libre d'y faire ce que je voulais. Puis un soir ma mère m'annonce que tu vas débarquer comme ça dans ma vie, et puis pas doucement mais d'un seul coup. Je veux dire, pas de petites rencontres préalables pour apprendre à se connaître, non toi tu débarques comme ça d'un coup pour vivre un an en quasi colocation. Alors ouais j'ai mal réagis, mais j'ai mes raisons, mauvaises soit-elle, j'en ai quand même.

Sans plus de réflexion, touché par ce qu'il vient de me dire, je lui livre à mon tour ce que j'ai sur le cœur:

- Je comprends que j'ai pu chamboulé tes habitudes, mais alors toi aussi met toi à ma place. Je quitte mon père, je quitte ma maison, mes amis, mon lycée, je débarque dans un nouveau pays, un nouveau lycée, une nouvelle maison en pensant retrouver mon frère et je me retrouve face à un gros blaireau.

Il serre les dents face à mon insulte, décide de passer outre et continue:

- Je me suis effectivement mis à ta place et c'est pour ça que je suis là à m'excuser.

- J'imagines que je te dois aussi des excuses alors, pour la claque et les insultes, je termine ma phrase par un petit sourire qu'il me rend.

La situation me paraît presque irréel tant je l'ai espéré. Aaron se lève de sa chaise, il semble hésitant en s'approchant de moi, puis m'étreint maladroitement. Je répond à son étreinte, mais il rompt le contact rapidement, étant mal à l'aise. Avant de franchir la porte, il se retourne et me dit:

- Flemme de cuisiner ce soir, je commande des pizzas ça te vas?

J'hoche la tête.

- Oh et j'invite Jason, ça te dérange pas?

- Non mais demande si Nash peut venir aussi.

A son tour il hoche la tête, puis file dans la cuisine. Un grand sourire se peint sur mon visage, je me sens toute légère, comme si un poids venait d'être retiré de mes épaules.

California RomanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant