Chapitre 4

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Mon alarme se met à sonner, je me réveille en sursaut avec une douleur lancinante au coeur. Je m'assieds difficilement, prends plusieurs grandes respirations et finis par me lever pour filer à la salle de bain.

Je prends mon sac et descends les escaliers lentement pour ne pas être à bout de souffle quand j'arriverai en bas.
Ma tante est en train de manger, elle sourit quand elle me voit  :
—Tu ne veux rien manger ?
—Non, je n'ai pas faim, je mangerai au lycée.
—D'accord. Fais attention en conduisant, et si tu commences à avoir mal ou je ne sais pas, tu arrêtes la voiture et tu m'appelles hein.
—Abby, ne t'inquiète pas, je vais bien.
—Non, non, arrête de dire ça ce n'est pas vrai.
—Abby, ça va... dis-je en soupirant et en attrapant les clefs de ma voiture.
Alors que j'enfile mes boots, ma tante hurle en courant vers moi :
—Gaëëëlle ! Tes médicaments ! Il faut que tu arrêtes d'oublier ! Merde, c'est important !
—J'en ai dans mon sac.
—Non, tu les prends maintenant, m'ordonne-t-elle en me tirant pas le bras. Elle m'emmène dans la cuisine, me sert un grand verre d'eau et sort tout mes médicaments que j'avale à un à un en levant les yeux au ciel.
Quand j'ai finis, je m'en vais, je démarre ma voiture, m'attache, et me rends au lycée.

Je trouve une place pour me garer sans difficulté, c'est un autre avantage d'arriver en avance.
Nous ne sommes pas encore en hiver mais il fait déjà froid. En frissonnant, je me dépêche d'entrer dans le hall du lycée. Il n'y a pas beaucoup de monde à cette heure là, les cours ne commencent que dans quarante minutes.
Je vais déposer quelques affaires dans mon casier et me rends à la bibliothèque. Je m'assieds comme toujours à la table tout au fond de la salle et sors mes cours.

Je regarde ma montre noire, il est sept heures cinquante-trois. Merde ! Je range mes affaires dans mon sac que je ferme précipitamment et le prends. Je sors en trombe de la bibliothèque et me mets à courir dans le couloir mais m'arrête brutalement lorsque mon coeur provoque dans tout mon corps une douleur qui empêchent à mes jambes de supporter le poids de mon corps, comme un fardeau trop lourd à porter. Quand le sol se dérobe sous mes pieds, je m'accroche au casier et glisse sur le sol. Je sors de mon sac ma boîte d'anti-douleur et j'en avale deux. Et je me concentre sur ma respiration, comme pour calmer mes maux qui ne se taisent jamais vraiment. Quand je parviens à me relever, la sonnerie retentit et une foule de lycéens envahissent le hall en hurlant et riant. 

Dix minutes après le début du cours, on frappe à la porte. Le professeur dit d'entrer. Le principal ouvre la porte et s'avance, derrière lui, un garçon le suit, il est beau, vraiment beau, dans le genre bad boy que toute les filles aimeraient embrasser pour pouvoir s'en vanter.  Il porte un jean noir serré, un tee-shirt blanc qui laisse découvrir par transparence l'encre noire de ses tatouages, et une veste en cuir. Il porte des chaussures de moto. Il passe sa main dans ses cheveux afin de replacer une mèche noire de ses cheveux bouclés qui lui retombait sur le front. Ses yeux sont verts, bien plus verts que les miens, et son regard insouciant paraît lancer des éclairs de mépris à quiconque ose le fixer. Il ne sourit pas, comme si on lui avait retiré toute faculté à sourire. Un ange déchu. Il ressemblait à un ange déchu, ayant pour seuls traits perceptibles la colère et le mépris. 

Le principal lui demande de se présenter, il soupire et s'avance l'air sûr de lui, trop sûr pour qu'il le soit vraiment, et dit :
—Je m'appelle Mason Kane, je viens de New-York, j'étais à Eleanor Roosevelt High school avant, et puis, ben j'suis là maintenant.
Sa voix est rauque, légèrement cassée, et elle me fait frissonner. Et son nom. Son nom commence à tourner en boucle dans ma tête tel un disque rayé ne veut pas changer de musique.

Le professeur, M.Smith, lui demande de prendre la place libre. Merde. Évidemment, la seule place libre est le siège juste à côté du mien. Alors qu'il s'avance vers ma table, je baisse les yeux et continue mon exercice. Je sens son regard se poser sur moi durant un instant et les battements de mon coeur s'accélèrent mais je ne lève pas les yeux. Il prend place à côté de moi, pose son dos contre le dossier du siège et s'avachit, comme pour défier le monde. Je l'observe du coin de l'œil en continuant mon exercice. Il refait ce geste que j'aime déjà tant, il repousse ses boucles qui lui tombent sur le front. Il me regarde encore puis détourne les yeux en soupirant et sors de son sac à dos noir son manuel de maths et un cahier. Je ne tourne pas une seule fois les yeux vers lui. Je ne veux pas. Parce qu'il a sur moi un effet que je me suis interdit de ressentir. 

Dès que la sonnerie retentit, je balance mes affaires dans mon sac que je passe sur mes épaules et sors de la salle sans le regarder, avec au fond de la gorge, et même dans mon corps, une étrange impression, comme si chacune de mes cellules avaient ressenti ce qu'il dégageait sur moi, ce parfait inconnu. 

VIVRE-Tome1 [Terminé-En relecture et correction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant