Chapitre 50

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Gaëlle

Quand je me réveille, ma tête ne tourne plus, je me sens mieux. Les bras de Mason sont toujours enroulés autour de ma taille et mes mains sont dans les siennes. Je me retourne délicatement, il s'est endormi, ses lèvres sont légèrement entrouverte et une boucle de cheveux lui retombe sur le front. Je caresse son visage et replace sa mèche en arrière. Ses lèvres esquissent un sourire, ses paupières papillonnent et ses yeux s'ouvrent délicatement, laissant découvrir leur magnifique couleur vert de jade.
—Désolée de t'avoir réveillé, bébé.
—Merde ! Je m'étais endormi ? Ça va ? Tu vas bien ?
—Hééé ! Relax ! Je vais bien, t'inquiète pas.
—Putain je me suis endormi et s'il t'étais arrivé quelque chose pendant que je dorm...
Je le coupe en mettant mon index sur ses lèvres et je l'embrasse délicatement, ses yeux se ferment et ses longs cils noirs projettent leur ombre sur ses pommettes.

Je me lève du lit, je porte toujours ma robe rose.
—Je vais me doucher, j'en ai pour cinq minutes, dis-je.
—Ok on ira prendre notre petit déjeuner après.
—On mangera pleeeiins de croissants, dis-je en français.
Mason sourit et se redresse pour s'asseoir dans le lit. Je me retourne en faisant rouler cette abominable bonbonne à oxygène et me rends dans la salle de bain.

Après m'être douché j'enfile un jean moulant bleu clair et un top court près du corps à bretelles noir. Je coiffe mes cheveux à l'aide de mes doigts et je vais rejoindre Mason. Il s'est déjà habillé, il porte un jean noir et un t-shirt blanc qui laisse découvrir l'encre noire de ses tatouages par transparence. J'aime tellement ces t-shirts.
—Pourquoi tu ne portes jamais ton jean bleu ? Et pourquoi tu l'as acheté pour ne pas le mettre ? Demandé-je.
—Et pourquoi tant de questions ? Répond-t-il en levant les yeux au ciel malgré son sourire qu'il ne peut dissimuler.
—Parce que je pense que tu as un toc. Ou peut-être que tu te prends pour un personnage de dessin animé ? Toujours les mêmes vêtements, dis-je en gloussant.
—Déjà ce jean, c'est Meghan qui me l'a acheté car elle pensait que je n'avais qu'un seul jean noir, or, j'en ai six. Et ensuite, j'aime les jeans noirs, je ne sais pas pourquoi, ils sont vachement confortables en plus, et les t-shirts, et ben j'aime pas vraiment la couleur, alors le noir et le blanc me conviennent parfaitement, dit-il toujours en souriant, l'air sûr de lui.
Je lève les mains et secoue la tête en signe d'approbation.

Nous descendons au restaurant pour prendre notre petit déjeuner. Un serveur nous installe à une table dans un coin au fond de la pièce, puis il prend nos commandes. Je demande un croissant et un jus d'orange, Mason demande également un croissant (nous sommes obligés d'en goûter, nous sommes en France !) avec un café. Le café français est apparemment délicieux mais je déteste le café, alors je n'apprécierai pas plus le café français.

*********************
Nous venons d'arriver à Montmartre, c'est magnifique, et charmant, comme toute cette magnifique ville remplie d'histoire. La Ville Lumière est le meilleur surnom qu'on ai pu donner à Paris. Nous arrivons devant l'escalier de Montmartre. Ma mère m'avait raconté que lorsqu'elle était enfant, elle s'amusait à monter et redescendre ces marches le plus vite possible, mais un jour elle avait voulu sauter trois marches pour gagner du temps mais elle était tombée et s'était cassée les deux dents de devant. « Heureusement que ce n'était que mes dents de lait, je n'aurais vraiment pas assumer sinon, surtout si l'on m'aurait demandé pourquoi elles étaient cassées» m'avait-elle dit en riant. Elle m'avait ensuite montré une photo d'elle avec ces deux dents cassées. Je sourie en y repensant.
—T'es vraiment sûre que tu veux monter ? Je veux dire, ce sera pas trop dur ? Me demande Mason.
—Tu m'as pris pour qui ? Bien sûr que je vais les monter ces marches.
—Okay, on y va doucement alors.
—T'inquiète !
Mason prend ma main libre, et de l'autre je traine comme toujours ma bonbonne. Et je me dis que je peux y arriver. Hazel Grace a bien réussi à monter les escaliers au musée d'Anne Frank, et elle aussi avait sa bonbonne à oxygène à traîner partout et un cancer des poumons qui s'empirait. Et elle y ait arrivée. Alors je peux le faire, moi aussi. Je ne suis peut-être pas une héroïne de roman comme elle, mais je peux le faire. Je prends une grande bouffée d'air, j'expire et je monte plusieurs marches. Je m'arrête au bout de quinze marches pour reprendre mon souffle. Puis je continue en faisant plusieurs pauses. Je ne battrai pas les records de temps de ma mère lorsqu'elle s'amusait à les monter et les descendre, mais au moins j'arriverai en haut. Mason me propose de porter ma bonbonne à oxygène mais je refuse. J'ai toujours préféré me débrouiller seule, je n'aime pas qu'on m'aide, pourtant j'adore aider les gens, c'est pour ça que j'aurais tant aimé devenir médecin.
—Ça va ? Demande Mason.
—Oui, Mason, ça va mais arrête de me poser cette putain de question.
—Désolé, mais énerve toi pas comme ça, Gaëlle ! Excuse-moi de m'inquiéter pour toi ! Excuse-moi d'avoir peur à chaque putain de secondes que ton cœur s'arrête ou que tu manques d'air ! Je suis vraiment désolé de t'aimer autant ! Je suis vraiment désolé que ta vie soit si pourrie ! Je suis vraiment désolé que tu t'en veuille de m'avoir laissé entrer dans ta vie, que tu t'en veuille de me faire mal quand tu partira comme ça, dans un souffle, parce que oui, tu me feras mal, ça me brisera, et je ne sais même pas si je m'en remettrai.

Je sens les larmes me monter aux yeux, j'essaie de les réprimer, mais c'est trop tard, j'en sens une qui roule sur ma joue et qui s'écrase dans mon cou. Je me débats pour que Mason lâche ma main mais il ne me lâche pas, ses doigts sont maintenant enroulés autour de mon poignet.
—Mais c'est trop tard maintenant Gaëlle, je t'aime putain ! Je t'aime tellement et ça fait mal. Mais tu m'as rendu tellement heureux, tu me rends tellement heureux, plus que je n'aurais jamais dû l'être. Et tu m'as rendu meilleur, tu m'as donné l'envie de changer pour toi, l'envie de m'améliorer chaque jour, pour toi. Parce que je t'aime, et je t'aimerai toujours.
Je cesse de me débattre et le regarde, ses yeux sont rouges et remplis de larmes mais il est trop fier pour en laisser couler une et je l'admire, car moi, mes joues en sont trempées.
Je me détourne et continue à monter les marches. Encore huit. Sept. Six. Cinq. Quatre. Trois. Deux. Une. Et nous sommes enfin tout en haut, devant le Sacré-cœur. C'est magnifique. Cette ville est tellement belle, et sous le soleil encore plus.
—Ce n'est pas que pour moi que tu dois devenir meilleur, Mason, ça doit l'être pour toi aussi. Car tu le mérite. Tu mérite d'être heureux, autant que moi et plus que tu ne le crois. Je ne veux pas que tu redevienne quelqu'un que tu déteste quand je ne serai plus là. Parce que tu es quelqu'un de bien Mason, tu es loin d'être comme ton père. Et je t'aime. Mais tu dois me promettre une chose, une seule chose.
—Quoi ? Demande-t-il la voix tremblante.
—De vivre. Tu dois me promettre de vivre quand je ne serai plus là. De vivre vraiment, de tout faire pour te relever, pour être heureux.
—Gaëlle...
—Promets-le moi, Mason, je t'en supplie, promets-le moi.
—Je te le promets. Je te promets que j'essaierai.
—Je ne veux pas que tu essaies, je veux que tu vives vraiment, je veux que ton sourire, celui qui creuse ta fossette se dessine sur tes lèvres quand tu ne m'auras plus, je veux que ton rire résonne, partout là où tu iras, et je veux que tu fasses tout ce que tu as toujours voulu faire. Tout les rêves que tu as, tous, même ceux au plus profond de toi. Et ne me dis pas que sans moi, tu n'en as plus ou je ne sais pas quoi, car c'est faux, je sais que tu en as. Parce qu'on en a tous, tout ces rêves qui nous animent, qui nous donne cette volonté de se battre, même lorsqu'il n'y a plus vraiment d'espoir, on en a tous. Alors promets le moi. C'est tout ce que je demande, que tu sois heureux.
—Je te le promets Gaëlle, parce que je t'aime et parce que je te promettrai toujours tout ce que tu voudras. Et je tiendrai toutes ces promesses, ce ne sera jamais que des paroles en l'air, jamais, je te le jure, car je ferai tout pour rester digne de toi.
Je lui sourie et il me prend dans ses bras, il me serre fort contre lui. Je l'entends renifler, et ses larmes coulent dans mon cou. Je ferme les yeux et sourie encore, même si ma gorge brûle.

**************************
Nous nous arrêtons devant un petit restaurant à Montmartre, nous y entrons. Une jolie serveuse coiffée d'une queue de cheval relevée sur le haut de sa tête s'approche de nous en souriant. Elle nous place en terrasse et nous distribue les cartes en nous disant qu'elle reviendra pour prendre nos commandes. Elle me sourie sans avoir cet air de pitié dans le regard. Elle n'a même pas regarder ma bonbonne, ni s'est attardée sur les fils dans mon nez. Et juste pour ça, je lui en suis reconnaissante.
Je parcours la carte, et j'hésite entre plusieurs choses, je me décide finalement pour un croque-madame.
Après quelques minutes, la serveuse revient prendre nos commandes.

VIVRE-Tome1 [Terminé-En relecture et correction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant