Chapitre 65

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Mason

Trois semaines après Leïla

—Mason, promets moi que cette fois tu ne partira pas pendant la nuit, me demande Leïla, la tête posée sur ma poitrine après que nous ayons fait l'amour. 

Il est déjà tard, le radio réveil indique deux heures du matin.

—Leïla... 

Elle se redresse pour planter ses yeux dans les miens. 

—Ecoute, je te le redis une fois de plus, j'attendrai que tu sois prêt pour qu'on ai la relation que je veux, j'attendrai aussi longtemps que tu le voudras, et j'essaie de te donner tout l'espace que tu as besoin. Mais j'ai l'impression que tu m'utilise, je me suis ouverte à toi, moi, je t'ai dit ce que je ressentais pour toi, je te dit quelles étaient mes plus grandes peurs, mais toi tu ne m'as rien dit.

—Pardon ? M'exclamé-je. Je t'ai tout raconté ! Tout ce que j'ai vécu, tout ce que je fais, tout, putain tout ! Tu ne peux pas me reprocher de ne t'avoir rien dit.

—Ce n'est pas de ça que je parle, Mason. M'as-tu déjà dit que tu m'aimais ? Non, tu ne me l'as jamais dit. La première fois que tu m'a baisé, je suis partie, je suis partie sans te dire au revoir pour ne pas te donner trop d'importance, tu m'as fait vivre un truc magique et je t'ai remercié, et je suis partie en me disant que c'était la dernière fois que je te reverrais, que j'étais heureuse de t'avoir rencontré, car tu m'as fait vivre quelque chose que personne d'autre n'aurait pu me faire vivre. Je ne voulais plus te voir car je savais bien que tu ne ressentais pas la même chose que moi. Alors je suis partie parce que je ne voulais pas que tu m'utilise, les hommes m'ont trop souvent utilisé comme un vulgaire objet. Mais je suis une femme putain ! Je ne voulais pas t'oublier, seulement passer à autre chose, car je ne me suis dit que tu avais raison, que je méritais mieux que quelqu'un qui ne m'aimera pas autant que je l'aimerai. Et deux jours après, tu t'es pointé à mon boulot. Ça m'a redonné de l'espoir, je me suis dit que tu m'aimais peut-être un peu. On a parlé, et tu m'as baisé, encore une fois. Je me suis laissé faire, parce que je suis faible avec toi, mon corps ne demandait que le tien, et c'était encore plus merveilleux que notre première fois. Je t'ai dit que je t'aimais en sachant que tu ne me le dirais pas en retour, mais cette fois tu m'as serré dans tes bras, et je suis tombée un peu plus amoureuse de toi. Et c'est là que j'ai su que je préférais que tu m'utilise plutôt que je te renie. Le matin, quand je me suis réveillée, tu n'étais plus là. Mais tu es revenu le soir d'après, et tu m'a baisé encore une fois. Et tu es parti après m'avoir dit que tu n'étais pas prêt pour une relation. Tu m'as dit au revoir cette fois là, tu m'as même dit que tu ne reviendrais plus, que je méritais mieux que ça. Mais je ne pouvais pas me résoudre à te laisser partir, je te l'ai dit, je préfère que tu m'utilise plutôt que te voir partir. Alors je suis venue chez toi, je savais que tu étais là, mais tu n'as jamais ouvert, alors je suis restée dans le couloir quelques heures et je suis partie. Je suis revenue une semaine après car tu me manquait trop, j'avais besoin de toi et cette fois tu as ouvert. Tu tu m'as baisé, et...

—Arrête, lui dis-je. Arrête de dire des choses que tu ne sais pas. Tu n'es pas dans ma tête. Je ne t'ai jamais utilisé, c'est faux, écoute, je suis désolé si c'est ce que tu as ressenti et je comprends, et je sais que je suis un putain de gros connard, mais ne pense pas, je t'en prie, ne pense pas que je ne faisais que te baiser, parce que c'est complètement faux Leïla. Les mots que tu voulais tant que je te dise, je te le disais. J'attendais que tu t'endorme pour te les murmurer, car je n'avais pas le courage de te les dire quand tu pouvais m'entendre, la dernière personne à qui je les ai dit, c'était Gaëlle. Et j'ai toujours eu du mal à dire aux personnes que je les aimais. Et je partais, oui, parce que... parce que...

—Parce que quoi ? Dit-t-elle dans un murmure, les larmes aux yeux.

—Parce que je tombais amoureux de toi à chaque fois. 

—Que... Qu'est-ce que tu as dit ? Demande-t-elle la voix brisée.

Je prends une longue inspiration en me pinçant l'arrête du nez. Je ne dois pas lui cacher mes sentiments. Je ne dois plus faire ça. Elle ne le mérite pas. Elle mérite de savoir à quel point je l'aime. Elle mérite de savoir à quel point je suis tombé amoureux d'elle. Elle mérite que je lui dise. Elle mérite que je lui dise tout ce que je lui disais quand elle ne pouvait pas m'entendre.  Elle mérite que je lui dise la vérité.

—Que je suis tombé amoureux de toi. Je t'aime Leïla.

A l'instant que je prononce ces mots, elle me regarde droit dans les yeux, les lèvres entrouvertes, sans prendre la peine de retenir ses larmes qui viennent s'écraser sur mon torse.

—Je t'aime. Et ne pense pas une seule seconde que je ne faisais que te baiser. Je te faisais l'amour en gardant en moi tout ce que je voulais te dire, et putain c'est dur de faire ça.

—Alors pourquoi tu le faisais ?

—Parce que, parce que je ne voulais pas m'avouer à moi même à quel point je t'aimais, à quel point je t'aime. Je n'étais pas prêt. Les deux seules personnes que j'ai aimé autant que je t'aime sont mortes, et depuis, je ne voulais plus m'attacher, car ça fait trop mal d'aimer, ça fait trop mal de perdre les personnes qu'on aime le plus. 

—Mais tu ne me perdras pas. 

—Peut-être que je suis maudit, peut-être que chaque belle personne auxquelles je touche, meurt, dis-je les larmes aux yeux. Et je ne veux pas que toi...

—Mason, me coupe-t-elle, arrête de dire des conneries pareilles.

Je passe mes bras autour d'elle et la serre contre moi lorsqu'elle pose sa tête contre ma poitrine, et je laisse couler mes larmes en lui murmurant tous les "je t'aime" que je lui disais lorsqu'elle dormait.

—Hé, tu ne m'as pas promis de rester jusqu'au matin, dit-elle après quelques minutes.

—Je te promets de ne jamais plus partir. Je te promets de ne jamais plus te laisser seule. Je te le promets, chuchoté-je en lui déposant un baiser sur le front.


VIVRE-Tome1 [Terminé-En relecture et correction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant