Chapitre 49

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Mason

Gaëlle s'est endormie je crois, elle ne tremble plus, je sens juste le rythme irrégulier de sa respiration contre moi. J'ai augmenté sa quantité d'oxygène et replacé les fils dans son nez. Je consulte mon portable : il est trois heures du matin. Mes paupières sont lourdes mais il ne faut pas que je m'endorme. Et s'il lui arrivait quelque chose pendant que je dors ? Je dois veiller sur elle, il faut qu'elle se repose. Ses mains sont glacées, pourtant je les tiens dans mes mains mais elle n'arrive pas à se réchauffer. J'ai augmenté le chauffage il y a une heure et il fait vingt-cinq degrés dans la pièce, elle ne devrait pas avoir si froid. Son médecin lui avait dit que son état s'empirerait, que ses crises deviendrait de plus en plus fréquente. Et dans un mois maintenant son cœur la lâchera, et ça me tue de le savoir, j'en veux au monde entier pour ça. C'est tellement injuste. Pourquoi doit-elle connaître tant de drames ? Elle n'a jamais rien fait de mal, elle avait des tas de rêves, comme tout le monde, et elle ne pourra jamais tous les réaliser. Elle mérite de vivre, bien plus que je le mérite.

Elle ne sait même pas à quel point je suis un monstre, elle ne sait même pas ce que j'ai fait à certaines filles lorsque j'étais à New-York. Et elle me détesterai si elle savait. Elle ne m'aimerait pas tant si elle savait qui j'étais vraiment. J'ai changé depuis que je suis avec elle, elle a eu ce pouvoir sur moi, ce pouvoir qui m'a donné envie de devenir quelqu'un de meilleur, juste pour elle, mais ça ne change rien à ce que j'ai fais par le passé.

Le reste du monde me fait toujours autant chier, je n'aime vraiment pas les gens. Gaëlle en est la pure exception. J'arrive à supporter Meghan, mais je ne l'apprécie pas pour autant. Elle m'a peut-être accueilli chez elle mais elle a toujours essayé de fourrer son nez dans mes affaires, elle voulait m'aider, disait-elle, mais ce qu'elle n'a jamais compris c'est que je n'ai pas besoin de son aide, ni de celle de personne d'ailleurs. Elle n'a même pas été là pour ma mère. Je sais qu'elle voulait l'aider, qu'elle voulait que ma mère s'enfuie avec moi, qu'elle nous aiderait, mais ma mère ne l'a jamais fait et Meghan n'a pas insisté.

Je ne comprendrai d'ailleurs jamais comment ma mère a pu croire que mon père s'en sortirai, je ne comprendrai jamais comment elle a pu voir cette petite lumière dans son regard, car son regard était vide, sombre et menaçant, comme un énorme nuage d'orage qui couvre une ville entière, il n'y avait aucun moyen de l'éviter. Mais ma mère était comme ça, elle voyait toujours le bon en chaque personne, cela la rendait bien trop naïve. Elle voyait toujours plus de bien que de mal en chacun. Elle me disait souvent qu'en chacun de nous se trouvait une partie de noirceur, mais que la partie de bon était toujours plus importante. Elle avait tort. La plupart du temps, les gens sont plus mauvais que bons. Je le sais, car je suis comme ça.

Gaëlle dort toujours mais ces sourcils sont froncés, comme si tout son corps en avait marre de la douleur. Et c'est certainement le cas. Je pose ma tête dans le creux de sa nuque. Je veux me rappeler de son odeur. Et de tout ce que je ressens pour elle, et de ses yeux qui se plissent quand elle sourit, de ses sourcils qui se froncent lorsqu'elle est en colère, de sa tâche de naissance, juste en dessous de son sein droit, de sa façon de jeter sa tête en arrière lorsqu'elle rit aux éclats, les yeux complètement clos, de la façon dont elle me regarde, de cette lumière qui brille dans ses yeux quand je plonge mon regard dans le sien, de ses lèvres charnues qui m'embrassent, de sa langue tiède sur la mienne, de son corps sur le mien, de ses mains qui parcourt mon corps nu, et de son sourire qui éclaire son si beau visage. Parce que quand elle ne sera plus là, je me remettrai à couler, car je n'ai pas la force de Gaëlle, je n'ai pas la force de me maintenir à la surface. Sans elle, je ne suis plus rien, et sans elle je ne suis pas sûre de vouloir vivre vraiment. Je redeviendrai sûrement le putain de connard que j'étais et je baiserai des tas filles comme avant, sans plus rien ressentir, je les ferai se sentir importante pendant un moment et je partirai avant qu'elle ne se réveille, ou juste après m'être vidé, car ce ne sera jamais plus comme avec Gaëlle. Et je détesterai la personne que je serai ou je m'en foutrai totalement, comme avant. Parce que je ne suis pas courageux. Je suis lâche. Comme mon père.

VIVRE-Tome1 [Terminé-En relecture et correction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant