Chapitre 22

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Mason

—Laissez moi la voir putain ! Il faut que je reste avec elle !
Je me débats mais les deux vigiles sont beaucoup plus costaud que moi.
—Vous n'avez rien à faire ici, jeune homme, dit l'un d'entre eux en serrant mon bras encore plus fort.
—Il faut que je la vois ! Lâchez moi ! Ils ne disent rien et me conduisent vers la porte qui m'était interdite de franchir. Je tourne la tête et je la vois, immobile, qui s'éloigne de moi, toujours un peu plus, avec tout ces infirmiers autour d'elle qui court en poussant son brancard.

Je me débats, je sens la colère qui bouillonne en moi, brûlant le sang dans mes veines et je hurle encore plus fort :
—Laissez moi la voir ! Je vous jure que si vous ne me lâchez pas maintenant, je vais vous tuer vous m'entendez ! Je vais vous tuer !
Je me debats, l'un des vigiles lâche mon bras et je lui colle mon poing dans la figure, tellement fort qu'il perd l'équilibre. Du sang coule de son nez. C'est bien fait pour sa gueule. L'autre vigile me retient et croise mes bras dans mon dos. J'essaie de me dégager mais cet enfoiré est plus fort que moi. Il me pousse en ouvrant les portes qui donne dans une salle d'attente. Je hurle encore, des trentaines d'yeux écarquillés me fixent mais je continue de me débattre. Il faut que je reste près d'elle. Je le lui ai promis.

J'entends des talons marteler le sol puis je vois Abby, la tante de Gaëlle, marcher à grandes enjambées dans ma direction. Je crie encore en me débattant, Abby s'approche de moi et dit calmement au vigile :
—Lâchez le, il est avec moi. C'est bon, je m'en occupe.
Le vigile me lâche et Abby m'attrape par le bras, elle a l'air vraiment furieuse, elle me hurle dessus :
—Qu'est-ce que tu lui as fait ? Qu'est-ce que tu as fait ! Je savais que tu n'était pas bon pour elle, je le savais et maintenant tu vas la tuer, tu vas la tuer !
—Ferme ta gueule ! Hurlé-je à mon tour. (Elle a de la chance que jamais je ne m'en prendrai à une femme, même dans la colère dans laquelle je suis.) Je ne lui ai rien fait, rien putain ! Je l'aime et jamais je ne lui ferais du mal ! Je n'ai rien fait, on était dans ma chambre, elle regardait la photo de ma mère et moi, elle me parlait et elle est tombée par terre d'un coup. Je ne pouvais rien faire. Elle avait mal, elle se tortillait dans tous les sens et je lui parlais mais elle n'entendait pas. Sa peau était brûlante et des goutes de sueur ruisselaient partout sur son visage, alors j'ai appelé les urgences, j'ai attendu avec elle, je lui parlais mais elle ne comprenait pas, elle n'entendait toujours pas et ils sont arrivés, je l'ai porté jusque dans l'ambulance, son corps était brûlant. Et on est arrivés à l'hôpital mais maintenant ils ne veulent pas que je sois avec elle, mais il faut que je la vois, il faut que je reste avec elle. Je lui ai promis de ne jamais l'abandonner et...
Je me met à chialer, littéralement.
Abby me regarde toujours mais ne dit rien, son regard s'est adouci.
Je me détourne et frappe mon poing contre le mur en béton en jurant. Ça fait mal mais pas autant que la douleur que je ressens à l'idée de perdre Gaëlle. Et je tombe sur les genoux en cachant de mes mains mon visage trempé de larmes.
Mon coeur bat beaucoup trop vite et je suis essoufflé.
—Mason, il faut que tu te calme, me dit calmement Abby en s'accroupissant devant moi.
—Je n'y arrive pas putain, ils n'ont pas voulus que je reste avec elle, je lui ai promis de...
—Je sais, Mason, je sais. Allez, relève toi.
Elle se lève en me tendant sa main, je ne la saisis pas, mais je me relève en essuyant mes yeux.

Des larmes ruissellent sur le visage d'Abby. Elle se détourne et va s'asseoir, je vais la rejoindre.
—Je suis désolée de t'avoir mal jugé, Mason. J'ai compris maintenant, je sais que tu l'aime, tout autant que moi, et Dieu sait à quel point je l'aime.
Je ne réponds pas alors elle reprend :
—Tu sais, Gaëlle est courageuse et très forte. Ce n'est pas la première fois que ça arrive... elle est sur liste d'attente pour une greffe de coeur mais à chaque fois qu'un coeur pourrait être greffer, c'est trop tard, c'est toujours trop tard, toujours.
Et elle éclate en sanglot en cachant son visage de ses mains.

Je n'ai jamais su quoi faire lorsque les gens pleure comme ça, habituellement je m'en fous mais pas là, plus maintenant.
Alors, sans la regarder, je lui dis :
—Tu as raison. Gaëlle est courageuse et incroyablement forte. (Elle relève son visage, ses lèvres tremblent mais elle acquiesce) Et elle est très têtue aussi.
—Oh ça oui ! Dit-elle en souriant malgré ses larmes qui doivent certainement brouiller sa vision.

Je sais qu'elle est partie, je le sens, mais je sais aussi qu'elle va revenir, que sa vie ne va pas s'arrêter là. Elle ne peut pas mourir ici, pas maintenant.
Alors j'attends ici, sur cette chaise, à côté d'Abby, mes jambes tremblent, chacun de mes muscles, chacun de mes tendons sont contractés, mes poings sont serrés et mes mâchoires sont tellement crispées que j'en ai une crampe. Mais je gère ma colère, j'arrive à la contenir en moi, sans que la bombe que je suis n'explose, ça me surprend et je sais que Gaëlle serait fière de moi.

VIVRE-Tome1 [Terminé-En relecture et correction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant