Chapitre 21

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Gaëlle

La sonnerie retentit, Mason sort de la salle sans même m'adresser la parole. Je range mes affaires dans mon sac que je passe sur mon épaule puis sors de la salle à mon tour.

Je le vois, Mason, il marche vite, les mains rentrées dans les poches de sa veste en jean, et il porte son sac à dos EASTPACK noir sur ses deux épaules. Même de dos, il est magnifique.

M.Tims n'est pas là, ce qui me laisse une heure de pause avant mon prochain cour.

Pourquoi Mason me fuit-il ? Je presse la pas, je cours presque, jusqu'à ce que je le rattrape :
«Mason ! (Il se retourne.)
_Quoi ?
_Heu, j'ai une heure de pause avant mon prochain cour.
_Et ? Qu'est-ce que j'en ai à faire ?
_C'est quoi ton problème sérieux ? T'es toujours vexé parce que je n'ai pas voulu monter sur ta moto ? (Il soupire en levant les yeux au ciel). Je suis désolée, reprenais-je, mais je ne suis pas comme toute les filles avec qui tu as couché, alors il faudra t'habituer à ce que je te dise non.
_J'ai compris, Gaëlle.
_Et je me demandai, comme j'ai une heure de pause, si tu pouvais me montrer là où t'habite ?
_Et en quoi ça t'intéresse ?
_T'es vraiment insupportable ! Tu connais mon adresse, alors j'ai tous les droits de connaître la tienne.
_Ok, ok, je t'emmène, mais on prend ma moto.
_Non, on prendra ma voiture.
_Je suis peut-être insupportable, mais tu l'es autant que moi.
_Peut-être oui, mais on prendra ma...
_Ta voiture ! C'est bon j'ai capté, je ne suis pas con ! Mais hors de question que tu conduise.
_Très bien.»soupirai-je en lui tendant les clefs de ma voiture et en levant les yeux au ciel.

Son regard est fixé sur la route, ses mâchoires sont crispées et ses mains serrées autour du volant. Il roule beaucoup trop vite.
«Ralentis putain ! J'aimerai bien rester en vie durant les six moi qu'il me reste. (Il ralentit immédiatement et passe une main dans ses cheveux.)
_Ne dis pas ça, s'il te plaît.»
Puis il pose sa main sur ma cuisse, je sursaute. Sa main me brûle mais j'aimerai qu'il ne la retire jamais, j'aime tellement le contact que me procure sa peau lorsqu'il touche la mienne. Je pose ma main sur la sienne, il sourit, ce qui creuse ses adorables fossettes. Il est magnifique et je l'aime.

Il s'arrête devant une maison, elle est bien plus grande que la mienne, il coupe le moteur et dit :
« C'est là.
_C'est grand !
_Ouais, c'est carrément débile d'avoir une si grande maison quand on vit seule, mais bon elle n'est presque jamais là alors j'ai pu prendre la plus grande chambre.
_Tu viens ? »me demande-t-il en sortant de ma voiture. Je sors à mon tour et vais le rejoindre.

Il ouvre la porte, j'entre avec lui. Tous les murs sont blancs et les meubles sont noir ou gris. Tout est tellement parfait qu'on ne s'y sent pas à l'aise. Il n'y aucune photo, aucun tableau accroché sur les murs. Tout est vide.
Il me regarde, examine mon visage et comme s'il pouvait lire dans mes pensées, il dit :
«Ouais, je n'aime vraiment pas la déco non plus, du moins le manque de déco. Je n'aime pas cette maison. Mais j'ai pu arranger ma chambre comme je le voulais, c'est déjà ça.»

Il monte les longs escaliers blanc laqué, je le suis. Les marches brillent tellement que ça fait mal aux yeux. Nous longeons le long couloir jusqu'au bout, là où se trouve sa chambre. Il sort de sa poche une clef et déverrouille la porte.
«Sérieux ! Tu fermes ta chambre à clef ! C'est flippant !»
Il ne relève pas ma remarque, ouvre la porte et me fait signe d'entrer. Les murs de sa chambre sont gris, à l'exception d'un qui est bleu clair. Une grande bibliothèque en bois recouvre tout un mur. Je m'avance vers cette bibliothèque qui doit contenir des centaines de livres.
Je souris, je n'aurai jamais pensé qu'il aimait lire.

Il possède pleins de livres de grands auteur de la littérature anglaise tel Jane Austen, Emily Brontë, George Orwell ou encore Shakespeare. Les deux étagères dans dessous contiennent tout ses livres de grands auteurs français comme Victor Hugo, Beaudelaire, Rimbault, Verlaine, Verne, Zola ou Maupassant.
Puis les trois dernières étagères contiennent des livres plus récents comme ceux de John Green ou de Suzanne Collins. Je me retourne vers lui, émerveillée et m'exclame :
«Waouh ! C'est tout à toi ?
_Ba oui, à qui d'autres voudrais tu que ce soit ?
_Je ne pensais pas que tu aimais la lecture.
_Eh ben, tu t'es trompée» dit-il en souriant.

Je parcours du regard le reste de la pièce en souriant, je remarque sur sa table de nuit, une photo, la seule photo de sa chambre, alors je m'avance pour la voir de plus près : un petit garçon au cheveux bouclés et noir comme la braise, un énorme sourire aux lèvres creusant ses fossettes, et des yeux verts de jade—pas de doute, c'est Mason—se tient dans les bras d'une femme, elle est magnifique et elle sourie elle aussi. Ses cheveux sont longs et noirs mais ils sont lisses et ses yeux sont verts, du même vert de jade que ceux de Mason. C'est sa mère. Ils semblent heureux sur cette photo.
«Elle était vraiment magnifique.
—Oui, elle l'était vraiment, et elle était autant gentille qu'elle était belle.
—Je n'en doute pas. Je sais d'où tu tiens ton incroyable beauté maintenant»dis-je en lui faisant un clin d'œil ce qui le fait sourire.

Soudain, je sens mon coeur dans ma poitrine se serrer, me brûler. Les murs de la pièce vont se refermer sur moi, le plafond va m'écraser, et le sol tourne et tourne et tourne, encore et encore. Je perds pieds. Je m'écroule par terre. La douleur ne cesse pas, elle empire, des millions de couteaux me transpercent le coeur, encore et encore, sans aucune pause, aucune. J'ai chaud, trop chaud, mon coeur me brûle, le sang dans mes veines me brûlent, je vais exploser. Ma cage thoracique se referme, s'atrophie sur mes poumons, les écrases. Je vais étouffer. Je veux hurler de douleur mais aucun son ne sort de ma bouche si ce n'est que des gémissements. J'ai trop chaud. Le sol tourne encore plus vite mais j'entends sa voix, il crie mon prénom, j'entends sa voix, sa voix qui me maintient. Malgré ma vision floue, trop floue, je distincte son visage qui se tient au dessus de moi. Il a peur. Il a peur. Il me parle aussi, je crois, mais je n'entends rien, je n'entends plus rien, j'ai mal, trop mal. Je me tortille sur le sol, essayant de trouver une position qui cesserai ma douleur mais rien n'y fait. Je le vois sortir de sa poche un objet noir, son portable je crois. Il appelle quelqu'un, l'air affolé. Il se tient toujours au dessus de moi, il raccroche et il me parle mais je ne comprends pas. Il caresse mon front. Il pleure. Il pleure. Des larmes coulent sur son visage. Des larmes. J'ai peur. J'ai mal. Je veux que ça s'arrête. Je n'en peux plus. Mais mon coeur va exploser. Je vais brûler.

J'entends des sirènes, puis il y a des gens qui monte jusque dans la chambre, jusqu'à moi. Ils sont debout autour de moi. Ma vue est trouble, je ne vois plus correctement. Je sens qu'on me soulève. Mason me porte, dans ses bras. Il est avec moi. Tout ira bien. Mais mon coeur dans ma poitrine en feu, se serre, toujours plus. Je manque d'air.

Je suis dans une voiture, je crois, ou dans une camionnette, je suis allongée sur une espèce de lit pas confortable du tout. La douleur ne cesse pas, elle me frappe, encore et toujours plus fort. Mais Mason est là, il tient ma main brûlante.

La voiture s'arrête, on me sort, toujours sur ce lit. L'air froid me fait du bien mais la douleur demeure. Je tourne la tête : c'est l'hôpital. Mason est toujours là, avec moi. Il ne me lâche pas, il ne m'abandonne pas, il tient sa promesse et je l'aime.

Les portes de l'hôpital s'ouvrent. Les gens qui pousse mon lit courent. Mason tient toujours ma main et il court aussi. Il me parle encore mais je n'entends que des sons.

Puis les gens poussent d'autres portes, et Mason lâche ma main, il hurle, très fort, il ne peut pas venir avec moi je crois. Les portes se referment. Mason crie toujours, mais je ne comprends pas.

Les lumières blanches m'aveuglent et soudain la douleur disparaît, enfin, je n'ai plus mal. Puis le vide, le néant...

VIVRE-Tome1 [Terminé-En relecture et correction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant