Chapitre 35

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Mason

Elle s'arc-boute au rythme de mes vas-et-vient, me permettant de la pénétrer encore plus profondément. Elle gémit mon nom, me dit combien elle m'aime alors je continue, plus fort, plus rapide, je veux l'entendre me dire qu'elle m'aime, j'ai besoin qu'elle me le répète encore et encore, j'ai besoin que mon cerveau enregistre ces mots, chacune de ses paroles, chaque millimètre de son corps, de son visage, j'ai besoin de m'en souvenir, que ça reste gravé au même encre que mes tatouages dans ma mémoire.
Sa tête s'enfonce dans le matelas, ses lèvres pulpeuses forment des O parfaits lorsqu'elle gémit, une de ses mains agrippe les draps tandis que de l'autre, elle plante ses ongles dans la chair de mon dos, ses jambes sont enroulées, serrées autour de mon torse et ses hanches se soulèvent puis s'abaissent en formant des petits cercles au rythme de mes vas-et-viens. Je sens déjà que je vais bientôt jouir.
—Putain Gaëlle... je t'aime, je t'aime tellement bébé.
—Mason... je t'aime...
Nos respirations saccadées sont calées l'une sur l'autre, comme si nous ne formions plus qu'un.
Je la pénètre un peu plus violemment mais mon corps se retient comme toujours avec elle, comme s'il savait qu'il m'est interdit de la blesser, que je ne veux pas lui faire mal. Elle gémit mon prénom sans s'arrêter, ses jambes se raidissent et le plaisir s'empare d'elle, littéralement.
—Putain Gaëlle je vais jouir...
Et je me répand en elle dans le préservatif.
J'embrasse le creux de son cou et elle se redresse, le plus beau de ses sourires aux lèvres. Elle se lève et attrape sa culotte dans le tas de vêtements pour l'enfiler, je lève les yeux au ciel.
—Je ne te comprendrai donc jamais sur ce point, soupiré-je.
—Je ne pourrai pas rester ici cette nuit.
—Sérieusement ! Tu te fais baiser et après tu veux partir comme une pute ?C'est peut-être ce que tu es après tout, je te connais à peine ! Mais tu sais quoi ? Vas-y dégage mais tu deviendra comme toutes les putes que j'ai baisé !
(Et merde. Pourquoi faut-il que je gâche toujours tout ? Pourquoi ne pourrai-je pas faire comme tout le monde, me taire ou réfléchir avant de parler ? )
—Raison de plus pour partir, dit-Gaëlle sur un ton ferme, mais sa voix qui se brise la trahit. Je suis vraiment trop con.
—Désolé.
—Arrête de toujours t'excuser ! Quand tu l'as dit c'est trop tard, ça ne sert à rien de s'excuser. Les excuses ne reparent rien.
—Écoute Gaëlle...
—Tais-toi !
—Et tu sais pourquoi je ne pouvais pas rester ici au moins ? Parce que sans mon putain de concentreur d'oxygène je ne peux pas respirer seule la nuit, et j'aimerais au moins pouvoir vivre pendant les quatre derniers mois qu'il me reste ! Voilà pourquoi ! Mais tu sais quoi, Mason ? T'as peut-être raison, je suis peut-être une pute si tu me vois comme ça, rajoute-t-elle les larmes aux yeux en enfilant ses vêtements.
Je déteste la voir ainsi.
—Gaëlle... excuse-moi... (elle soupire.) je ne voulais pas dire ça, je ne le pensais pas, c'est juste que je n'arrive pas à me contrôler, et... je suis vraiment trop con.
—C'est bien que tu t'en rendes compte au moins.
Elle ouvre la porte et part en la claquant. Je ne peux réprimer cette colère en moi.
—C'est ça va t-en ! Hurlé-je.

Inutile de la rattraper, si elle a décidé qu'elle me ferait la gueule ce soir, je ne pourrai pas la faire changer d'avis, c'est Gaëlle. Mais je sais qu'elle reviendra demain, elle m'aime, enfin je crois.

La colère bouillonne dans mes veines, le pire c'est que je suis en colère contre moi même et je ne peux pas me taper dessus pour me calmer, j'aurai l'air encore plus con que je ne le suis déjà.
Alors j'attrape ma lampe de chevet et la balance contre le mur, elle se brise en milles morceaux, je ne peux m'empêcher de me comparer à cette fichue lampe. Moi aussi je suis brisé en milles morceaux, même si Gaëlle a pu en recoller quelques uns, d'autres ne pourront jamais l'être. Je ne serai jamais réparé, je suis trop brisé pour l'être. Je ne serai jamais quelqu'un de meilleur car la vérité c'est que je suis trop faible, trop lâche pour me battre, et pour ça, je me déteste, je me déteste tellement que ça fait mal. Je me répète sans cesse que je ne suis rien et rien ne vaut rien, je me répète que je suis pire que lui, pire que le monstre que je devais appeler « papa », je me répète que ma mère aurait honte de son fils, et je me mets à chialer, littéralement. J'ai pitié de moi même, j'ai honte et surtout je me déteste, je me déteste encore plus que je déteste mon père. Je frappe mon poing dans le mur, tellement fort que je grimace de douleur.

VIVRE-Tome1 [Terminé-En relecture et correction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant