Chapitre 33

56 5 0
                                    

Gaëlle

Non, arrête ! Papa arrête s'il te plaît !
Mason hurle, je me réveille et m'assieds en enlevant le masque de mon concentreur à oxygène. Son corps est éloigné du mien, il se débat. Ses sourcils sont froncés, des goutes de sueur ruissellent sur son visage.
—Mason... Mason reveille-toi, dis-je en le secouant.
—Arrête, arrête s'il te plaît ! Hurle-t-il toujours emprisonné dans son abominable cauchemar, je le secoue plus fort.
—Mason, je suis là, tout va bien, dis-je en caressant son visage trempé de sueur.
Enfin, il soulève difficilement ses paupières, me regarde et m'attire contre lui. Il enroule ses bras autour de mon corps et me sert contre son cœur en posant sa tête sur la mienne.
—Gaëlle...
—Tout va bien Mason.
—Je crains.
—Pas plus que moi.
—Gaëlle... je t'aime, je t'aime tellement.
—Moi aussi, Mason, je t'aime.
—Rendors toi maintenant, rajouté-je, je suis là Mason, je le serai jusqu'au bout.
Il ne répond pas mais je sais qu'il pleure lorsqu'une de ses larmes tombe sur ma tête, il me sert un peu plus fort en reniflant. Mes yeux brûlent mais je parviens à réprimer mes larmes, même si j'ai mal. Je suis égoïste, égoïste de laisser Mason être avec moi, de le laisser m'aimer, de le laisser rêver d'une vie entière avec moi alors que bientôt je ne serais plus là, je le laisserai seul, je le laisserai souffrir encore plus et pour ça je me déteste, mais je n'en ai plus qu'assez de me battre contre moi même, je ne veux plus me battre car de toute manière je connais l'issue de ce combat, je sais que je ne m'en sortirai pas vivante alors à quoi bon continuer à se battre ? Je pense m'être déjà assez battue, je dépose les armes et attend la fin de cette guerre. Je veux connaître la paix, je veux connaître la vie avant de partir pour toujours, et Mason est le seul qui peut me faire me sentir vivante, le seul qui me raccroche à la vie.

Mason s'est endormi, son torse se soulève et se rabaisse sous moi dans un rythme régulier.

Une larme roule le long de ma joue, je l'essuie avant qu'elle ne tombe sur le torse de Mason.

Sa respiration me berce et mes paupières commencent à papillonner puis se ferment.

Mon alarme se met à biper, nous tirant de notre sommeil. Mason ronchonne, puis regarde l'heure.
—Sérieusement Gaëlle il est six heures et demi ! Les cours commencent dans plus d'une heure !
—Il y a plus d'avantages à arriver en avance.
Je me lève, Mason rabat la couette sur lui et se tourne sur le côté en refermant les yeux. Je lève les yeux au ciel et me rends dans la salle de bain après avoir pris un jean bleu LEVIS et mon pull gris Karl Marc John. Je m'habille et me brosse les dents. Mason n'est toujours pas levé. Je retourne dans ma chambre, attrape mon petit carnet qui était resté sur mon bureau pour le ranger dans mon sac. J'enfile mon bomber rose poudré et passe mon sac sur mon épaule en disant :
—J'y vais.
—C'est complètement débile de partir avec une heure d'avance au lycée, marmonne Mason.
—Oui et bien moi, je préfère arriver en avance.
—Même en pensant à tout ce que je pourrais te faire, là tout de suite ?
—Mason... on se rejoint là bas.
—Alors embrasse moi avant de partir.
Je m'avance vers lui et me baisse pour appuyer mes lèvres contre les siennes. Il enroule une mèche de mes cheveux autour de ses doigts et me mordille la lèvre inférieure. Je me retourne et sursaute lorsqu'il me donne une fessée.
—Désolé je pouvais pas m'en empêcher, dit-il avec un air de chiot abandonné.
Je secoue la tête en souriant et sors de ma chambre quand je l'entends me dire :
—J'aime vraiment bien ce jean !
Je ris en descendant jusqu'à la cuisine pour prendre mes trop-nombreux-médicaments. Je remarque sur le bar qui donne sur le séjour, une feuille de papier où sont inscrits plusieurs noms. Certains sont rayés et d'autres gribouillés. Je reconnais l'écriture de ma tante. C'est sûrement les noms de certains de ses patients.

Je sors de chez moi, il ne fait pas très froid pour un mois d'Octobre, je marche jusqu'à ma voiture puis j'ouvre la portière et la démarre.

Je vois des camions de police et des voitures du FBI qui barrent la route, je m'arrête et un agent vient à ma rencontre alors je me gare sur le côté et baisse ma vitre :
—Qu'est-ce qu'il se passe ? Demandé-je.
—Il y a encore eu un meurtre, dans le parc cette fois-ci alors toute la route est barré, on espère pouvoir trouver des empreintes ou des traces d'ADN ou n'importe quoi qui nous serait utile à l'enquête. (Des frissons s'empare de mon corps, des gens meurent juste à côté de chez moi putain.) Si vous voulez vous rendre au lycée, faite demi-tour et prenez la deuxième déviation, la route à gauche, me dit l'agent du FBI.
—D'accord, merci.
Il me sourit, je baisse la vitre et fait demi-tour. Je regarde l'heure sur mon tableau de bord : 7:25. En prenant la déviation, le temps de trajet est de vingt minutes, je vais sûrement être en retard pour les cours, et Mason encore plus.

J'arrive finalement devant le lycée à sept heures quarante-sept. Il n'y a pas beaucoup de voiture, c'est bizarre.
Je sors en claquant la portière et marche jusqu'au hall d'entrée. Des affiches tapissent le mur : En raison des crimes, le lycée n'est pas obligatoire jusqu'à ce que le FBI ai trouvé le meurtrier. Il ne sera pas fermé et les élèves souhaitant se rendre en cours seront pris en charge par les professeurs, comme toujours, et les emplois du temps ne seront pas modifiés.
Les couloirs paraissent vide et le brouhaha habituel demeure inexistant. C'est carrément flippant. La sonnerie retentit et me fait sursauter. Je me rends à mon cour de littérature. M.Hale est déjà assis à son bureau et certains élèves à leur tables. Ma classe habituelle (en littérature) de trente-cinq élèves en comporte aujourd'hui seulement douze.
—Nous allons commencer le cours. Merci à tous pour votre présence et je salue votre courage. Je sais, comme tout le monde, qu'un meurtrier en série est toujours dehors et que nous risquons nos vies en sortant de chez nous, mais les meurtres ne doivent pas être une raison pour arrêter de se rendre en cours, de sortir, ni pour arrêter de vivre. Sortez vos exemplaires de Jane Eyre s'il vous plaît, dit M.Hale.

En silence, nous sortons tous nos livres, M.Hale nous explique ce que nous devrons faire pour la semaine prochaine et nous laisse le reste de l'heure pour commencer.

Lorsque la sonnerie retentit, je range mes affaires et sors de la salle. Mason n'est toujours pas là, c'est bizarre. Je lui envoie un message : POURQUOI T'ES TOUJOURS PAS LÀ ?
Je reçois sa réponse deux minutes plus tard : JE DEVAIS FAIRE QUELQUE CHOSE. NE T'INQUIÈTE PAS J'ARRIVE BIENTÔT, JE VIENS DE PRENDRE LA DÉVIATION.
Je réponds : TU DEVAIS FAIRE QUOI ?
ARRÊTE DE POSER DES QUESTIONS. REJOINS-MOI CHEZ MOI (FIN CHEZ MOI PAS VRAIMENT CHEZ MOI) CE SOIR APRÈS LES COURS. Me répond-t-il.
OK.

Certains professeurs ne sont pas venus, ce qui écourte ma journée et me fais finir à treize heures au lieu de dix-sept heures. Je n'ai pas de cours en commun avec Mason aujourd'hui donc je ne le reverrai sûrement pas avant ce soir.

VIVRE-Tome1 [Terminé-En relecture et correction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant