Gaëlle
Lorsque je me réveille, je suis toujours blotti contre le torse de Mason et ses bras sont toujours fermement enroulés autour de mon corps. Je lève les yeux vers lui, le sommeil rend les traits de son visage si paisible qu'il parait beaucoup plus jeune. Je ne peux pas m'empêcher d'imaginer ce petit garçon de sept ans qui voulait sauver sa maman de l'emprise de son alcoolique de père. Je ne peux pas imaginer le choc qu'il a dû avoir quand il a compris que sa mère était morte, partie pour toujours. Je comprends la douleur qu'il a dû ressentir car je l'ai aussi ressenti, trois fois. Mais lui, il a vue sa mère mourir sous ses yeux à cause de la violence de son père. Il a vue sa mère mourir et il s'en veut toujours de n'avoir rien pu faire, et sa culpabilité s'est au fur du temps, transformé en colère.
Il ouvre les yeux et m'attire plus encore contre lui pour embrasser mon crâne. Puis il déroule ses bras de mon corps et s'éloigne pour me regarder. Il sourit.
«Qu'est-ce qu'il t'es arrivé, après cette nuit ?»
Son sourire s'efface aussitôt et son visage se durcit. Je serai toujours impressionné par la vitesse à laquelle son humeur peut changer. Mais il fallait que je lui demande, cette question me trottait dans la tête depuis hier, mais je n'avais pas voulu la lui poser car il m'en avait déjà beaucoup dit. Est-ce que lui, a eu la chance d'être adopté, comme moi ?
Il se détourne de moi pour fixer le plafond. Je caresse son bras de ma main ce qui le fait frissonner.
«Je n'avais plus de famille, du moins, il y avait le frère de ma mère, mais son travail a toujours compter plus que sa famille. Alors j'ai été trimballé de foyer en foyer. Jusqu'à mes douze ans, j'ai été dans une famille d'accueil. Après cette nuit là, j'en ai toujours voulu au monde entier, j'ai toujours trouvé que la vie était vraiment injuste; mais à douze ans, j'ai compris que je pouvais éloigner les gens de moi en les blessant, alors c'est ce que je faisais. Je disais des horribles choses à ma famille d'accueil. Je me souviens même que Mme.Marin pleurait par ma faute mais je n'en avais rien à faire parce que je voulais qu'elle me déteste. Au collège, je me bagarrai souvent. Je rentrai le soir avec les jointures de mes mains en sang. Ma famille d'accueil était souvent convoquée au collège à cause des bagarres que je provoquais. Donc un jour ils en ont eu assez de mes conneries et ils m'ont replacer en foyer. À quinze ans, j'ai été dans une autre famille d'accueil. C'est à quinze ans que j'ai commencé à baiser toutes les filles que je trouvais. Certaines pensaient que je le faisais par amour, alors je les blessais en leur répétant que je n'en avais rien à foutre d'elle, que jamais je ne les aimerai et que je faisais ça que pour le sexe, ce qui n'était pas faux. J'ai aussi commencé à picoler cette année là. Un jour, j'avais trop bu, j'étais dans un bar et le barman ne voulait plus remplir mon verre. Donc je me suis levé et j'ai commencé à le frapper, à le frapper vraiment, son visage était ensanglanté et ça m'a rappelé le visage de ma mère la nuit ou elle est...morte, alors j'ai immédiatement arrêté de lui donner des coups et je suis partie. Après ça, je n'ai plus jamais bu une goutte d'alcool. C'est également cette année là que j'ai commencé à me faire tatouer. Mes tatouages représentent énormément de choses pour moi et j'aime me faire tatouer et je ne regrette aucun de mes tatouages. Ma nouvelle famille d'accueil en a vite eu assez de moi et m'a replacé en foyer, ils ne voulaient plus de moi. Plus personne ne voulait de moi. J'ai donc encore été trimballé dans des foyers, et à seize ans j'ai été reçu à l'internat de Eleanor Roosevelt High School, et puis je me suis fait virer pour bagarre, mais le mec m'avait bien cherché aussi. Et, j'ai atterri ici. C'est une ancienne amie à ma mère qui m'héberge pour l'instant, elle n'est pratiquement jamais chez elle de toute façon.
-Et ton père ?
-T'es casse-pied à poser autant de questions du matin !
-Il est toujours en prison ?
-Je crois ouais.
-Et tu ne l'as jamais revu ?
-Non.
-Jamais ?
-Jamais.
-Et ton oncle ?
-Il n'est même pas venu à l'enterrement de ma mère. Mais il m'a envoyé des enveloppes remplis de fric que je me faisais un plaisir de brûler. J'avais pas besoin de son fric, j'avais juste besoin d'aide.
-C'est un enfoiré.
-Ça tu peux le dire !» dit-il en tournant la tête vers moi.Lorsque nous descendons pour prendre notre petit-déjeuner, ma tante écarquille les yeux en nous voyant tous les deux. Elle ouvre la bouche pour dire quelque chose, je la fusille du regard et sa bouche se referme aussitôt.
VOUS LISEZ
VIVRE-Tome1 [Terminé-En relecture et correction]
RomanceGaëlle, dix-sept ans, vit seule avec sa tante à San Francisco depuis la mort de ses parents et de son petit-frère, sept ans auparavant. Après avoir survécu à un cancer des poumons, en ayant plusieurs fois échappé à la mort, un nouveau diagnostique...