Il y a deux types de réveil. Celui doux où on a passé la nuit à songer aux bras de celui qu'on aime enroulés autour de nous. Et celui qui semble compresser notre cœur au moment de l'impact après la chute... Celui là c'est le réveil brutal, celui que je fais tous les jours en me reprenant éternellement la même balle. Je chute éternellement du soixantième étage toutes les nuits sans passer par la case ascenseur.
J'avais trouvé mon remède, me détruire.
J'ai d'abord tapé.
Tapé, tapé dans les murs, tapé, tapé, tout comme mon cœur me bat.
Ils avaient fini par m'immobiliser à ce foutu lit quand mes jointures avaient pris la couleur vive du sang, créant un contraste saisissant entre la pureté des draps et mon état.Je pense que je leur ai fait vivre les pires choses...
Perdu des kilos d'un coup, enfui de l'hôpital, obligé à faire des lavements d'estomac suite à l'absorption de cachets que j'avais volé à l'infirmière.
Dès qu'il s'agissait d'en finir avec ma vie, j'étais la plus douée et la plus inventive.
J'ai refusé le psychologue, puis le psychiatre et enfin le thérapeute... J'en suis venue à refuser mes parents, puis mes amies, refusant de partager ma peine avec eux, refusant l'oubli.Pendant les premiers jours, les jours où mon corps était encore victime de la douleur, je me suis privée de morphine. Je la voulais cette douleur, je la voulais dans tout mon être, je voulais disparaître avec, disparaître quand elle allait s'éteindre. Mais maintenant, je subis son manque et celui-ci s'ajoute à ma peine pour former une valse des plus toxique.
La seule visite que j'avais accepté était celle d'une mère. Pas la mienne, au grand dieu non !Mais une mère dont les grands yeux bleus m'ont été si douloureux à encaisser. Elle était suivie d'une petite tête, cette même tête aux cheveux cuivrés, d'un châtain qui se créeait des reflets sous les feux de n'importe quelle lumière.
Ses petites jambes qui trépignaient d'impatience l'ont porté rapidement jusqu'à mon lit, et pour la première fois depuis des mois... J'ai souris. Sans avoir l'impression de tailler ce sourire au couteau, sans sentir ma cage thoracique se refermer.
- Je t'ai enfin retrouvé !
Ses bras se sont enroulés autour du mien et sa tête est venue se poser sur l'ensemble.
Sa mère l'a regardé tendrement et a pris la parole de sa voix satinée.- Doucement chéri, ne lui fait pas mal...
Cela fait longtemps qu'il vous cherche. Je ne serais jamais comment vous remercier... Il me parle de vous tous les jours.Un goût amer s'installa sur ma langue et j'avalais difficilement. Je serrais les dents refusant que les larmes montent.
- Ne me remerciez pas... dis-je, le plus doucement possible.
- Éléna ?
- Oui mon grand ? répondis-je, étourdie de la délicatesse avec laquelle il avait dit mon prénom.
- Tu peux savoir mon prénom maintenant, tu n'es plus une inconnue ! J'ai voulu te le dire quand ils sont partit, mais tu ne bougeais plus et ils t'ont emmené... Je m'appelle Isaac.
J'ouvrais de grands yeux ébahis devant sa diction parfaite et ses grands yeux bleus qui ressemblaient tant à ceux de...
Profite de l'instant présent...
- Je vais vous laisser un peu tout les deux... Les médecins m'ont dit que cela vous ferait peut être du bien... Si c'est le cas, je pourrais l'amener chaque après-midi quand il a fini l'école. Il s'est tellement attaché à vous.
Ne sachant que répondre, je me contentais d'un petit merci, timide mais sincère.
- Pas de bêtises chéri. Je reviens dans une heure. Ses yeux presque translucides regardèrent son fils avant de refermer la porte derrière elle.
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Just for me : Tome 2 [NON CORRIGÉ]
RomanceÉléna ne sait plus où elle est, qui elle est. À qui doit-elle faire confiance sans lui ? Comment doit-elle vivre sans lui ? Est-ce qu'elle veut vraiment vivre ? Elle ne veut qu'une chose le retrouver, lequel des deux y arrivera le premier ? Tome 2...