Aradante et Zoé s'étreignirent longuement et se séparèrent enfin. La porte se referma sur la jeune fée tandis qu'Aradante restait derrière. Elle entendit ses pas décroître dans l'escalier. Elle marcha jusqu'à la fenêtre et regarda la jeune fée sortir et s'éloigner, en compagnie d'Enola. Un pigeon s'était perché sur le rebord de la fenêtre et s'approcha d'elle. Marsa était la ville des pigeons ; elle en regorgeait et il suffisait d'en siffler un pour le voir arriver, prêt à porter son message. Celui-ci avait un plumage presque violet strié de bleu. Aradante le caressa distraitement, songeant avec sollicitude à sa jeune amie qu'elle ne reverrait plus durant de longues semaines et suivit son chemin en pensée, imaginant sa marche matinale à travers la ville qui s'éveillait.
Enola, une des deux guerrières qui accompagnait Aradante dans sa mission, une briscarde de l'armée des Deux Peuples, mena Zoé jusqu'à l'école, à travers le dédale de petites rues sombres et populeuses. La chaleur était encore clémente en se début de journée et chacune se dépêchait d'accomplir ses obligations et ses tâches avant d'être claquemurée à l'intérieur des maisons. On la sentait monter d'ailleurs, en même temps que l'activité se faisait plus fébrile. Seuls, les chats de la ville prenaient le temps de se prélasser au soleil avant de descendre de leurs murs pour trouver un endroit à l'ombre où poursuivre leurs siestes.
Les deux fées arrivèrent devant l'école alors que le soleil atteignait le firmament. Elles avaient traversé toute la ville à pieds, descendant des faubourgs blottis contre les collines de Marsa pour gagner les nouveaux quartiers construits en amont au bord du Roten. Le quartier où était situé l'Ecole Supérieure de Magie était un carré clair aux larges rues qui se coupaient au cordeau et aux belles demeures, vastes et lumineuses. Enola ne prolongea pas les adieux et laissa la jeune fée après une dernière embrassade. Seule les élèves étaient autorisées à pénétrer dans l'enceinte de l'école.
La lourde porte à doubles battants, en bois cloutés, assez large pour permettre à un chariot de passer, se referma sur Zoé et le brouhaha de la rue s'éteignit. Aussitôt, elle sentit une vague de magie l'assaillir et pénétrer son esprit. Elle resta un moment étourdie, la percevant s'infiltrer et se répandre avant de se retirer. Devait-elle prendre cette intrusion comme un signe de bienvenue ? Un silence inquiétant régnait dans la cour où elle venait d'entrer. Pas une ombre mais un carré de bâtiments de pierres chaulées de blanc qui réverbéraient la lumière et la chaleur, un sol pavé de briques ocre. Elle s'avança dans la fournaise à pas précautionneux. Après un moment de doute, elle décida d'aller droit devant. Quand elle parvint au pied de la bâtisse, une porte s'ouvrit devant elle. Une fée à l'air sévère et renfrognée, plutôt jeune, vêtue d'une courte tunique blanche et d'un large pantalon de même couleur lui fit signe de la suivre. Elles traversèrent un couloir sombre dont la fraîcheur surprenait après la chaleur brûlante de l'extérieur. La fée ouvrit une autre porte et elles pénétrèrent dans un jardin. Délices de verdure, d'ombres et de lumières : au centre, un petit bassin récupérait l'eau cascadante d'une source qui coulait ensuite dans un canal faisant le tour du jardin, avant de disparaître dans une bouche de pierre. Un cloître enserrait l'oasis. La fée la mena le long de la galerie, vers la droite dans l'aile latérale et la fit pénétrer dans une grande salle sonore.
« Déshabille-toi ! » Furent les seuls mots qu'elle prononça et elle attendit à l'entrée, près de la porte restée ouverte.
Zoé aperçut du coin de l'œil, trois autres jeunes fées, dans le plus simple appareil. Elle se déshabilla rapidement, ressentant l'impatience de son interlocutrice et lui donna ses vêtements qu'elle semblait attendre. Elle les prit et disparut derrière la porte qu'elle referma vivement mais silencieusement.
VOUS LISEZ
Cinq ans après
ФэнтезиCinq ans après, Aradante revient ! Après avoir chassé sa mère, la Grande Sorcière Héro, Le Prince a œuvré à plus d'égalité entre les deux peuples ouvrant écoles, administration, métiers, aux hommes. Mais cela n'est pas du goût de toutes. Certaines F...
