Vivre

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Aradante s'éveilla dans la pénombre d'une chambre inconnue. Derrière les persiennes closes, la lumière se heurtait. Les cigales couvraient le silence de leurs stridulations bruyantes et monotones. Elle tenta de bouger. Elle se sentait si faible, ses membres si lourds, que l'effort l'épuisa. Elle soupira doucement. Une toute jeune fée s'approcha et se pencha sur elle. Elle la reconnut. S'était la servante de Sacha. Elle l'avait soignée... Il y avait si longtemps lui sembla-t-il, dan une autre vie.

« Lula... » Murmura-t-elle en se rappelant. La jeune fée sourit. Deux fossettes creusèrent ses joues rondes.

« Sacha ? » Demanda Aradante, incapable d'en dire plus.

« Elle est au palais avec le Prince... » Répondit Lula.

« Le Prince ? »

Lula sourit mais ne répondit pas à son étonnement.

« Ce serrait trop long à tout te raconter. J'appelle Zoé. Elle voulait te voir dès que tu serais réveillée... » Elle s'écarta vivement et sortit dans le couloir. Aradante ferma les yeux et perdit brièvement conscience. Elle entendit des pas s'approcher et des voix étouffées s'exclamer. Elle rouvrit les yeux et aperçu Iris, accompagnée de Clément. Son cœur était trop fatigué pour faire la moindre embardée. C'est avec un grand détachement qu'elle vit le jeune homme qu'elle avait tant aimé se pencher sur elle. Elle sentit la petite main chaude d'Iris se frayer dans la sienne et elle se rendormit.

Quand elle se réveilla à nouveau, c'était la nuit. Elle se sentait plus forte ; elle put bouger. Elle avait conscience d'une présence endormie dans la chambre et en soulevant légèrement la tête, elle aperçut Sacha lovée dans un fauteuil. Une violente douleur lui poignarda le ventre et elle retomba sur l'oreiller en poussant un bref gémissement. Sacha fut aussitôt près d'elle.

« Enfin ! Te voilà enfin ! » Aradante entendit son sanglot s'étouffer dans sa gorge et sa joie fébrile la toucher. Elle serra mollement la main qui s'était saisit d'elle. Elle avait si peu de force. Cette immense faiblesse creusait en elle comme un gouffre qui la happait. Sacha se contint de la presser plus vivement dans ses bras. Elle s'inquiéta.

« J'ai mission de te nourrir ! Il faut que tu prennes ce bouillon de poule ! » Elle s'éloigna de son amie et revint avec un gobelet qu'elle posa à son chevet et tenta de la redresser doucement pour la faire boire. Il sembla à Aradante que s'était un nectar qu'elle avalait tant elle était soudain assoiffée et affamée. Elle fit signe qu'elle en voulait encore.

« Je ne sais pas ! Lui dit Sacha. Clément ne m'a donné que ce gobelet. Il ne m'a pas dit que tu pouvais boire plus ! »

Aradante fit la grimace.

« Vous voulez mettre une revenante au régime ! » Dit-elle d'une curieuse voix coassante. « Vous avez raison. Je suis sans doute déjà morte... » Expira-t-elle. Parler l'avait épuisée.

« Ne dit pas cela ! » S'exclama Sacha les larmes aux yeux, la voix tremblante. La vision brutale d'Aradante effondrée, au sol, perdant son sang s'imposait à elle avec toute la détresse et l'horreur qui l'avait saisit. Elle secoua la tête et chassa son désarroi. « Tu es bien vivante ! Je te l'assure et je vais te nourrir. Je reviens. Je vais réveiller Clément et je passe par les cuisines. »

Aradante réussit à esquisser un bref signe de la main pour inciter son amie à le faire. Sacha ne pouvait qu'obéir. Quand elle revint avec le jeune médecin, elle s'était rendormit et Clément éclata d'un rire léger et silencieux. C'était autant de bonheur que de soulagement. Elle était bien vivante pour imprimer sa volonté.

Cinq ans aprèsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant