Enquête

4 0 0
                                    




À Marsa, la plupart des échanges de services et de coopération avaient été remplacés par des échanges monétaires. Les trois guerrières avaient donc loué contre monnaie l'appartement et devait se ravitailler en nourriture sur les marchés où les ménagers vendaient les surplus de leurs jardins. Certains en avaient fait une activité à part entière. La bourse que Régis leur avait donnée fondait rapidement. Pour se fondre dans la ville et justifier son séjour prolongé, Aradante s'était faite passer pour une négociatrice à la recherche de marchandises qu'elle souhaitait faire remonter vers Layone. Elle prétendait être là pour établir des contacts commerciaux et vouloir échanger les productions locales contre de la laine des montagnes ou des céréales des plaines du nord. Elle découvrit vite que ce qu'on lui demandait le plus souvent étaient des pièces de monnaie car c'était ce qui était recherché à Marsa et qui y conférait de la puissance. Pour renflouer sa bourse sans devoir mendier auprès de Sacha, elle du se résoudre à commercer elle aussi en monnaies. A son arrivée, elle avait trouvé la marchandise promise par Sacha qui l'attendait dans les entrepôts portuaires. Enola s'était employée à chercher un petit magasin pour conserver ses marchandises achetées. Ce genre de local n'était pas ce qui manquait à Marsa. Tous les rez-de-chaussée des immeubles de la ville basse, des quartiers voisins du port, avaient été transformés. Et parfois même des beaux jardins pour les produits qui ne craignaient pas d'être entreposés en plein air. La location d'entrepôts ou de magasins était une activité lucrative ! Aradante était venue avec une réserve de précieuses plantes montagnardes qu'elle cédait avec parcimonie de préférence contre les simples locales ou qu'elle vendait chèrement ! Ainsi que ses compagnes, elles préféraient les garder pour elles et les utiliser à confectionner leurs potions, élixirs et onguents de fées. Elles n'aimaient pas avoir recours à la monnaie et étaient habituées à des échanges en nature basés sur la nécessité ou le besoin. Souvent, elles avaient l'impression de se faire voler sur les marchés. Une impression nouvelle et désagréable pour elles ! Enola et Yeter jouaient le rôle de négociatrices, mais aussi de domestiques. Ainsi, elles adoptèrent peu à peu les coutumes locales, libérant ainsi Aradante qui pouvait se consacrer pleinement à ses enquêtes... et paraître une bonne fêtarde puisqu'elle passait la plupart de son temps à traîner les débits de boissons, les restaurants et les bordels ! Sous couverts d'achats et de ventes, de courses domestiques, ses guerrières camouflées en servantes arpentaient la ville en tout sens tandis que la troisième récupérait de ses nuits agitées, rencontraient le petit monde marsalan et finissaient par bien le connaître.

Ce matin, elles se retrouvèrent dans la cuisine. L'une rentrant de chez Valente, les deux autres du marché.

Aradante leur fit le rapport de ce qui s'était passé cette nuit-là en mettant l'eau à chauffer pour leur infusion du matin. Enola émergea du cellier où elle venait de déposer vivres ramenés du marché ; elle lui apprit que la nouvelle de ce meurtre courrait déjà les rues et les étals où elles étaient passées pour procéder à leur ravitaillement.

« Beaucoup approuvent ses meurtres. Elles trouvent que c'est faire œuvre de nettoyage en débarrassant la ville de cette engeance... » Fit remarqua Yeter la brune qui détaillait une orange et disposait les quartiers dans une assiette.

« Ce qui n'empêche pas la plupart d'avoir recours à leurs services, sinon, il n'y aurait pas tant de prostitués dans les rues et les boxons ! » Poursuivit Enola la blonde en sortant les gobelets et les bols et les disposant sur la table.

« Il y en a peu qui prennent la défense des gars... » Remarqua Yeter la petite en sortant du placard les petites galettes de blé dur qu'elle avait préparé la veille.

Cinq ans aprèsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant