Fuite

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Elle gisait allongée sur son lit. La torpeur de l'après-midi la baignait de sueur. De temps à autre, elle ouvrait les yeux, faisait le tour de la chambre avec hébétude puis les refermait. Zoé s'approcha d'elle, caressa sa main mais elle ne réagit pas. Elle était abîmée dans son chagrin.

« Sacha, parles moi. Reviens avec nous. »

Elle ouvrit les yeux, la regarda sans reconnaissance.

« Sacha, nous avons besoin de toi ! Aradante... »

Elle referma les yeux. Au fond d'elle même, elle était morte.

Zoé retourna s'asseoir dans le fauteuil au fond de la chambre. Elle attendait son médecin de frère et son amoureux guérisseur. Elle espérait que l'un ou l'autre aurait un remède pour soulager sa marraine. Mais quel remède existe-t-il au désespoir et à la culpabilité ? Elle avait peur de la laisser seule, peur d'un acte de folie. Ce matin, en se réveillant, elle l'avait vue jouer avec son poignard. Elle lui avait arraché des mains. Sacha avait éclaté d'un rire fou.

« T'inquiètes pas, je trouverai toujours un moyen ! »

Alors elle avait appelé l'un de ses gardes et avait courut à la cuisine pour lui préparer un nouveau calmant. Sacha avait considéré la mixture avec perplexité.

« Dormir ? Qu'aurais-je d'autre à faire. Mourir serait le mieux. »

Zoé pensait qu'elle n'avait pas encore la clarté d'esprit pour élaborer un plan final cohérent. Pour l'instant, si elle devait attenter à ses jours, se serait sur un coup de tête. Son désespoir était encore trop neuf, trop brutal. Mais quand il serait apaisé, qui sait ce dont elle serait capable. Zoé avait toujours été sensible à la fragilité de Sacha, sous ses dehors fantasques et légers. Elle seule avait ressenti la profondeur de son amour pour Aradante et le prix de son renoncement : la solitude. Son marrainage avait été une distraction à son chagrin d'amour. Son amitié avec Solen un substitut. Que s'était-il passé avec Nahid ?

« Envoutement ! » Déclara Azar en entrant dans la chambre.

C'était son point de vue. Il avait déjà qualifié ainsi l'anéantissement d'Aradante. De la retrouver mourante quelques heures plus tard après avoir tué celle qui l'avait soit disant envouté l'avait lui-même surpris. Quand il avait fait le soin pour la libérer, dans la ferme secrète de l'école, il savait qu'il n'avait pas réussi à la soustraire totalement du charme puissant qui la possédait. Ce n'est que plus tard qu'il avait constaté que l'ensorcellement s'était défait, sans doute en même temps que la sorcière mourait. Une autre sorcière l'avait commandé et aidé à se relever, pensait-il, sans connaître l'existence de Sofia et de Séléné. Et sa propre intervention avait été finalement peu efficace ! Un peu d'humilité l'aiderait à progresser.

« Ensorcellement, si tu préfères, séduction, charme, appelle ça comme tu voudras. Quelqu'un c'est emparé de son esprit et la commande de l'intérieur. Quant à Aradante, une autre sorcellerie l'a pénétrée et l'a ordonnée pour lui permette de se relever et tuer Héro.»

Il s'approcha du lit.

« Pour Sacha, la difficulté est que celle qui l'a ensorcelée est morte. »

« Tu crois que Nahid était une sorcière ? Est-ce que l'ensorcellement ne s'éteint pas en même temps que la sorcière ? »

« Non, pas toujours. Elle était elle-même commandée par une sorcière qui lui transmettait sa force... et peut-être que Sacha ne tentait pas de lutter... »

« Tu peux faire quelque-chose pour elle ? »

« Je vais essayer. Recule toi ou passe dans la pièce à côté. Il y a Lula... »

Cinq ans aprèsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant