L'incendie

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Sacha ressentit le départ de Régis comme un grand vide qu'elle s'employa immédiatement à combler. Elle fit appeler la jolie petite fée de service que le conseil communal avait mise à sa disposition et qui s'appelait Lula.

« Avez-vous un service d'archives, dans la ville ? Une bibliothèque où sont consignés les registres du port, de la police, des métiers... » Sous son regard sérieux, la petite fée blonde vaporeuse baissa les yeux d'un air modeste.

« Oui... » Expira-t-elle.

« Et tu sais où il se trouve ? » Demanda Sacha en la regardant droit dans les seins qu'elle avait hauts et ronds.

« A deux pas d'ici ! » Répondit Lula avec un léger sourire.

« Alors c'est parti. »

Les appartements de Régis étaient en cours de réaménagement ; elle avait demandé que son escadron y soit installé. Elle passa embaucher ses deux conseillères, Arnold et Corée, pensa n'avoir pas besoin de Marcus, spécialisé dans les armes mais pria Erasto, le géographe du Prince et Ermès son conseiller pour le commerce, de les accompagner. Pas besoin de prendre de chevaux. Par un dédale de ruelles où les mena Lula, elles y furent rapidement. Le bâtiment des archives ressemblait à une caserne. Un carré de bâtiments ceints d'une galerie autour d'une cour, disposition classique à Marsa. Une succession de grandes salles, dédiées chacune à un thème de littérature : histoire, poésie, Sacha passa devant avec regret, géographie et cartographie, Erasto lorgna l'intérieur avec intérêt, droit, commerces et traités, les yeux d'Ermès brillèrent. Elles hésitèrent entre les deux. Les hauts murs étaient garnis de rayonnages où étaient alignés grimoires, livres de comptes, catalogues... On accédait aux étagères supérieures par des échelles. Elle tenta d'en comprendre la logique de classement avant de renoncer.

« Je vais vous chercher la fée conservatrice. » Lui dit la jeune servante. Elle revint quelques minutes plus tard accompagnée par une grande fée ; L'âge d'Aradante, jugea Sacha, mais plus mince, moins forte, souple et ondulante comme une liane. Ce n'était pas une guerrière mais une écrivaine aux longs doigts très fins tâchés d'encre. Selon la mode marsalane, sa chevelure était enturbannée dans un foulard aux tons chauds qui éclairaient son visage à la peau cuivrée. Sacha planta son regard dans ses yeux ronds et noirs ombragés de longs cils recourbés. Ses sourcils formaient un trait discret interrogatif qui se releva en apercevant le groupe d'hommes au fond de la salle en train d'examiner les étagères.

« Que puis-je pour toi ? » Sa voix était un peu grave pour une fée mais sa bouche grande et charnue découvrait une rangée de dents d'une blancheur parfaite. Sacha dû se secouer pour se libérer de son charme.

« Tu es Enchanteresse ? »

« Je ne suis encore que Magicienne. » Elle soutenait le regard de Sacha avec arrogance, la surplombant de toute sa hauteur. Dans ses conditions, Sacha qui savait le pas pouvoir rivaliser avec sa petite taille, s'asseyait avec décontraction, signifiant que son rang lui permettait de la faire, mais pas son interlocutrice.

« Et c'est toi qui gère cet établissement ? » Demanda Sacha en la détaillant ostensiblement de bas en haut.

« L'Enchanteresse responsable n'est pas présente... » La jeune fée s'était approchée, forçant Sacha à relever la tête.

« Oh, je vois, sans doute à la réunion qui se tient dans mon dos pour savoir comment on va bien pouvoir répondre à mes questions sans rien me révéler de vos petits secrets. Bref. T'as t-on déjà donné des instructions à mon sujet ?» Sacha, qui avait croisé ses jambes, les décroisa, effleurant du pied au passage la longue tunique de la fée et la maculant de poussière, la forçant ainsi à reculer.

Cinq ans aprèsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant