D'anciennes connaissances

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Le lendemain, les négociations furent encore plus pénibles que la veille. D'emblée, Ilana lui fit reproche de sa conduite de la nuit. Toute la ville semblait au courant de ses frasques. On la blâmait de ne pas savoir se tenir en compagnie et on faisait des gorges chaudes de son altercation, lui laissant comprendre que ni le lieu ni le comportement étaient ceux attendue d'une Ambassadrice Princière. Vaine tentative d'humiliation culpabilisante. Sacha rétorqua qu'il n'était pas digne d'une ville comme Marsa de tolérer de tels établissements où l'humiliation d'une partie de ses concitoyens était monnayée. Elle était sans doute naïve ; elle ignorait que de tels lieux puissent exister ! Sur quoi, elle ouvrit la séance.

Le soir, Portia arriva hilare et après un bref salut, s'exclama :

« Alors toi, tu ne passe pas inaperçue, quand tu sors en ville ! Il faudrait apprendre à vivre !»

« Toute la ville est donc au courant ? »

« Non ! Seulement celles qui s'intéressent à toi. Tu es entourée de petits espions qui rapportent les moindres de tes mots, faits et gestes... comme tu t'en doutes ! »

« Lula ? » Plus qu'une question, c'était une affirmation.

« Mmm ! fit Portia, tu ne tireras rien de moi. Dans l'état actuel des choses... Je n'ai guère avancé sur notre enquête. Il a fallu que je m'occupe de cette affaire ! Le garçon que tu as molesté a voulu porter plainte, je pense, conseillé habilement. J'ai pu l'en dissuader... »

« Et pourquoi donc ? »

« Pourquoi ? Tu me demandes ? » S'emporta-t-elle. « Parce que nous avons autre chose à nous occuper que de tes frasques ! Il reconnaît qu'il n'aurait pas dû s'asseoir près de toi sans ton accord. Par contre, vu la figure que tu lui as faite, il ne pourra retravailler avant trois semaines, au moins ! Mais ce n'est pas à moi de négocier cette affaire. Le représentant de leur syndicat est dans le couloir, je le fais entrer. Je te souhaite une soirée plus calme qu'hier soir. » Finit-elle avec malice.

Portia sortit et fit entrer le représentant des prostitués marsalans. Sacha tressaillit en le reconnaissant. Elle ne s'attendait pas à le retrouver ici. Le jeune godelureau était devenu un bel homme, grand mince élégamment vêtu d'une longue veste de lin léger brodé de fils de soie dorée par dessus une fine gandoura et des culottes moulantes qui dessinaient ses longues cuisses et ses mollets ronds. Ses pieds étaient chaussés de babouches aux pointes extravagantes serties de sequins argentés. Il avait toujours été très soucieux de son apparence. Son beau visage régulier et paisible était toujours d'une blancheur de marbre qu'il devait entretenir avec attention en ce pays où le soleil était impitoyable, ses joues veloutées de rose, sa bouche petite et peinte de rouge vif, ses yeux sombres et calmes bordés d'un trait noir. Ses boucles brunes étaient entortillées dans une résille de perles multicolores.

Il la salua avec respect.

« Bonsoir, puissante enchanteresse. »

« Bonsoir Valérien. Étonnée de te retrouver ici. »

Il écarquilla des yeux stupéfaits avant de se reprendre.

« Je m'appelle Valente. »

« C'est sous le nom de Valérien, que je t'ai connu à la Capitale, quand tu étais le compagnon d'armes de Rochenéré ou que tu tournais autour du logis d'Aradante... »

Il la regarda avec attention mais se garda de nier.

« Je ne te connais point... »

« Mais moi je te reconnais. Homme de compagnie, espion, à la solde de celles qui te paieraient le mieux. Te voilà désormais devenus protecteur des prostitués à Marsa ! »

Cinq ans aprèsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant