Les jours qui suivirent, virent les tractations sur l'établissement d'un échéancier de travail aboutir enfin mais pour succéder à une série de visites où chaque magistrate ou grande fonctionnaire vint lui présenter ses attributions, les lieux de leur exercices, les personnels, en se démenant pour en faire ressortir les caractéristiques exceptionnelles et indispensables. Ainsi elle visita la bibliothèque dévastée avec Corée et eu toutes les peines du monde à faire admettre Erasto, le géographe du Prince qui se vit tout juste consentir l'occupation de la salle des cartes. Et quand il demanda à revenir pour y travailler, Talila préféra s'engager à lui faire porter tous les documents qu'il désirait étudier au palais. La bibliothécaire s'étendit sur les dégâts de l'incendie et sembla prendre un malin plaisir à les déplorer et ressasser l'immensité de la perte. Tous les comptes de la ville, traités commerciaux et franchises portuaires avaient brûlés. Si elle ne pouvait rien faire sur les comptes, Sacha, excédée par l'insistance éplorée de Talila, la rassura quant aux traités dont les exemplaires étaient disponibles à la Capitale. Elle avait déjà commandée les copies nécessaires pour les faire venir à Marsa. Talila l'en remercia mais s'inquiéta de la qualité des documentalistes et des imprimeuses. Sacha comprit le sous entendu et lui répondit que l'on n'avait pas encore pu former beaucoup d'hommes à la copie et l'impression, que les traités seraient donc transcrits et imprimés par des fées.
En fin d'après-midi, rebelote ! Cette fois-ci, visite des entrepôts portuaires et des services qui en assuraient la bonne marche. D'abord, les pilotes qui conduisaient les navires de haut bord dans le port jusqu'à leur amarrage. Elles disposaient d'un local situé en haut d'une tourelle qui permettait d'avoir une vue dominante sur le port. Chaque pilote menant un navire était en relation télépathique systématiques avec une guide qui avertissait des obstacles éventuelle et aidait à la manœuvre. Elles avaient monté les marches quatre à quatre et plantées au milieu de la salle, contemplaient essoufflées la vue panoramique. Edoé, tout en dévorant des yeux Ermès qui avait accompagné Sacha, avec Erasto et Arnold, et flirtant éhontément, expliquait que le bras principal du Roten, au bord duquel était construit Marsa, ne se jetait pas directement dans la Mer Bleue mais s'étalait dans une vaste lagune constituée de hauts fonds sableux et vaseux. Les bateaux devaient prendre garde de suivre le canal profond et ne point s'égarer, faute de s'échouer. Le recours au pilotage était obligatoire et faisait l'objet d'une tarification en fonction du tonnage et du tirant d'eau du vaisseau. Arnold s'étonna :
« Pourquoi ne pas laisser les capitaines expérimentés piloter elles-mêmes. Certaines doivent bien connaître l'accès au port ! » Edoé répondit méprisante :
« Et la rémunération de nos pilotes ! Cela tarirait une intéressante source de revenu !
« Évidemment ! » fit Ermès. « La question était naïve... »
« Mais... c'est abusif ? » fit remarquer Arnold. Edoé ignora la question et lui sourit avec indulgence.
« C'est un service lucratif. Et à qui reviennent les revenus des taxes ? » Demanda Arnold.
« A la ville. » Répondit Edoé. Sacha s'inquiéta :
« Tu ne touches pas un petit pourcentage ? Et les pilotes ? »
« Je n'accepte que les paiements en nature. » répondit l'enchanteresse en se tournant vers Ermès et en lui adressant un sourire égrillard. « Je touche ma part sur le transit des marchandises dans nos entrepôts. C'est bien assez. Je laisse cette taxe à nos pilotes et à leur guide. Elles se répartissent leur part comme elles l'entendent.»
« Est-ce que ces taxes ne devraient pas revenir entièrement à la ville ? » Demanda Sacha.
« Bien sûr, il lui revient sa part. Mais il faut bien que les fonctionnaires vivent... »
VOUS LISEZ
Cinq ans après
FantasíaCinq ans après, Aradante revient ! Après avoir chassé sa mère, la Grande Sorcière Héro, Le Prince a œuvré à plus d'égalité entre les deux peuples ouvrant écoles, administration, métiers, aux hommes. Mais cela n'est pas du goût de toutes. Certaines F...
