Préparatifs

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Aradante redescendit vers la ville basse en compagnie d'Azar.

« Que penses-tu du personnage ? » lui demanda-t-elle tout en marchant sous les ombrages de l'oasis. Ernest leur avait offert à boire avant de repartir, comme le voulait la coutume. Mais la chaleur montante les assoiffait déjà. Azar s'arrêta au bord d'un petit canal d'irrigation où une eau claire susurrait des clapotis attirants. Comme pour se donner le temps de réfléchir à sa réponse, il s'accroupit et mettant ses mains en coupe, puisa un peu d'eau qu'il but avec délice. Penchée au dessus de lui, Aradante admirait ses larges épaules tendre l'étoffe de lin de sa chemise animée par l'ombre mouvante des branches d'un amandier. Elle s'accroupit à côté de lui et l'imita. L'eau fraîche coula sur son menton et dans son cou, s'insinua dans la fente de sa tunique. Elle s'aspergea le visage ce qui acheva de la revigorer. Ragaillardies, elles se levèrent et repartirent.

« C'est un homme secret et taciturne... Il secourt ses confrères dans le besoin, et leurs enfants quand ils en ont. Il a organisé une sorte de milice pour les défendre contre les maltraitances des fées et n'hésite pas à mener des expéditions punitives. J'ai participé à l'une d'entre elles. C'était un jeune garçon ; il s'était fait malmener par une bande de fées éméchées qui se moquaient de lui et avaient vandalisé sa marchandise parce que son étal gênait leur passage... Il se constitue ainsi une clientèle dévouée qu'il recrute en cas de besoin ou place à des niveaux stratégiques. Je pense qu'Ilana, le tolère et le protège, voir l'utilise à ses propres fins... C'est son amante. Le savais-tu ? Il ne fait pas trop étalage de sa liaison avec la mairesse.»

Aradante se mordait les lèvres. Elle n'avait compris que depuis peu le lien qui unissait Ernest et Ilana. Cela expliquait beaucoup de choses. En particulier que la mairesse jouait double-jeu avec d'un côté les tenantes d'une féerie exclusive et leur clique issues de l'Ecole Supérieure de Magie et de l'autre se montrait indulgente envers les hommes à qui elle laissait espérer une ouverture de la société marsalane. En tout cas, Ernest avait clairement exprimé le fait qu'il la soutiendrait et il venait d'accepter de les aider dans leur coup de main.

Dans la ville basse, il n'y avait déjà plus un chat ; même les pigeons faisaient la sieste. Sur la placette qu'elles traversèrent, les derniers forains finissaient de plier leurs étals. Azar attrapa un melon d'eau abandonné dans le caniveau et l'ouvrit.

« C'est le premier de la saison ! » Commenta-t-il. Il en offrit la moitié à Aradante et mordit avec voracité dans la chair jaune et juteuse, comme un avant goût du repas qui les attendait, espérait-elle...

A la maison, les fées, installées dans le patio, avaient commencé à manger sans les attendre. Elles leur firent place. La vue des petits pains et des galettes éveilla leur appétit. Elles se jetèrent sur la nourriture tandis qu'elles étaient assaillies de questions. Quand elles furent un peu repues, Aradante raconta son entrevue et les arrangements passés avec Ernest. Une vingtaine d'hommes, cela commençait à faire un joli groupe avec le leur, sept guerrières, et celui de Sacha qui pouvait en aligner cinq, sans compter les gendarmes de Portia. A l'extérieur de la ville, un escadron en renfort les rejoindrait. Elle avait déjà appelé la vingtaine de guerrières qui arriverait de Cénas dans la soirée.

« Mais nous n'avons toujours pas de nouvelles de Sacha. Il semble que le conseil soit toujours en cours. Personne ne peu sortir. Enola a contacté Michel et Nicole mais impossible de communiquer avec Sacha ni aucune membre du conseil ! » Raconta Yeter

« C'est ennuyeux. Je comptais sur elle et sur Portia pour gonfler nos troupes de quelques unes de ses guerrières. »

« Quoiqu'il arrive, les deux guerrières de Sacha se joindront à nous ; et Marcus et Erasto sont prêts nous accompagner. »

Cinq ans aprèsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant