On lui rapporta trois fois à manger et à boire, ainsi qu'une bougie. Ce devait être le troisième jour. Deux gardiennes la réveillèrent en entrant et se tenaient dans le cadre de la porte.
« C'est le moment de sortir. On t'attend dehors. »
Elles la firent remonter à la surface. Heureusement, s'était la nuit. Ce fut d'abord la touffeur de l'air qui la surprit, la bousculant de sa langue brûlante et l'enserrant avec une ardeur qui l'étouffa. Elle tituba de surprise. Puis elle fut éblouie par la clarté des étoiles et de la lune. Enfin, la beauté du jardin dans l'ombre ondoyante de la nuit l'enivra du bonheur de se retrouver dehors. On la mena du côté du fleuve. Elle commençait à connaître le parcours. Elle aussi on la déménageait ! Son cœur se réjouit. Elle allait retrouver Ishtar...
« Ne te réjouis pas si vite ! Ton amie n'est pas encore en état d'être transportée. Mais j'ai pu écourtée ta peine. » La voix s'était infiltrée en elle. Pourtant, la sorcière n'était pas dans les environs. Là encore, une barque attendait et elle monta dedans. On glissa sur l'onde noire du fleuve pendant un long moment, en remontant le cours. Les pipistrelles les frôlaient de leur vols avant de s'écarter et de piquer sur l'onde, se redressant in extrémis d'un brusque battement d'aile pour remonter haut dans le ciel. La barque sortit de la ville. L'oasis égrenait ses plantations de fruitiers ombrageant celles de légumineuses et d'herbes le long de la rive. Au delà de la large vallée qui s'étalait au bord du fleuve, des collines escarpées dessinaient leurs silhouettes dans la nuit. Au bout d'une heure, la barque s'approcha de la rive et accosta. Il fallut mouiller les pieds ; il n'y avait pas de quai mais une rive de graviers. Les deux fées la firent marcher et traverser les plantations en suivant un chemin longeant un étroit canal d'irrigation. Au bout de ce qui lui sembla être une heure de marche, elles parvinrent à une vaste bâtisse : villa, forteresse, ferme ? D'austères tours d'angles, à moins que ce ne fussent des pigeonniers ou glacières, De hauts murs la protégeaient de toute curiosité, percée d'étroites et hautes fenêtres. Son aspect défensif signalait une ferme fortifiée, destinée à protéger autant les récoltes sur pieds que celles en magasins, ainsi que les agricultrices qui cultivaient la terre alentour, loin de la ville et de sa protection. Mais en ce pays, la chaleur restait l'ennemi le plus dangereux et ses défenses y étaient parfaitement adaptée. A l'intérieur, elles pénétrèrent d'abord dans une vaste cour plantée de deux rangées de tilleuls qui apportaient un peu d'ombre et de fraîcheur en été. Il devait y avoir beaucoup d'eau pour qu'ils aient atteint une si belle ampleur. La floraison était passée et leur parfum mellifère n'était plus qu'un souvenir. Pensée saugrenue jugea Zoé. Elle aurait du être plus attentive ; déjà elles entraient dans le bâtiment à droite de la cour, traversaient une vaste salle et joignirent un couloir. De là, on l'accompagna jusqu'à un escalier qui donnait sur une galerie surélevée qui surplombait une cour intérieure et qui desservait une rangée de portes. Virage à angle droit. La galerie se poursuivait et toujours des rangées de portes closes. Des cellules pensa-t-elle. En effet, une garde ouvrit une porte et on la fit pénétrer à l'intérieur avant de la refermer derrière elle, à clé. Elle tata le lit. Plus confortable que la couchette de son cachot, bien qu'un peu étroit. Une table, une chaise, un petit coffre pour ranger des vêtements qu'elle n'avait pas. C'était la nuit. D'après la lune, il devait être deux ou trois heures du matin. Elle avait le temps de dormir un peu et s'allongea.
Elle fut réveillée par une sorte de branle-bas. Courses, piétinements, cris vite étouffés. La cavalcade dura un bon quart d'heure avant que le silence ne revienne. Elle s'assit sur son lit et la première chose qu'elle fit, le plus brièvement et avec toutes les précautions, alertée contre la puissante magie de la sorcière, fût de joindre Aradante et de déposer ses coordonnées magnétiques dans son esprit pour qu'elle sache où elle se trouvait, qu'elle avait bougé. Ne sentant pas de résistance, elle espéra que sa télépathie avait réussi. Puis elle patienta. Bientôt, la clé tourna dans la serrure et la porte s'ouvrit. On lui apportait un déjeuner, plus copieux que celui de ces derniers jours. Elle se jeta dessus et dévora la bonne et fraîche nourriture avec entrain. Son corps s'épanouissait de reconnaissance... Et demandait à relâcher ses déchets. Elle avisa un petit placard. Cela devait se cacher par là. Effectivement, elle découvrit une table de toilette avec un broc rempli d'eau, une cuvette, un savon et une serviette, ainsi qu'un petit seau avec son couvercle.
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Cinq ans après
FantasiaCinq ans après, Aradante revient ! Après avoir chassé sa mère, la Grande Sorcière Héro, Le Prince a œuvré à plus d'égalité entre les deux peuples ouvrant écoles, administration, métiers, aux hommes. Mais cela n'est pas du goût de toutes. Certaines F...