Elles se hâtèrent dans une course furtive qui les mena jusqu'au bord du Roten. Sacha avait enveloppé leur groupe dans une chape magique d'invisibilité. Nulle noctambule attardée ne leur prêta attention. Derrière l'École Supérieure de Magie, Portia les attendait. Elle les attira un peu plus loin, dans un pré où ses fées d'armes l'attendaient avec quelques montures en plus.
« Ça va, on a le compte ! » Commenta-t-elle quand toutes furent en selles. « D'après les positions que tu nous a données, il nous faut une bonne heure de chevauchée.
La nuit était tiède, le ciel illuminé par une myriade d'étoiles grâce à une lune invisible. Ainsi la course fut un moment excitant, d'attente comblée par la cadence enlevée et les brusques arrêts que leur imposait Portia pour s'orienter et reconnaître son chemin. On quitta rapidement le bord du fleuve et la route vint longer les collines aux reliefs parfois abrupts qui tombaient en falaises dans la vallée du grand fleuve. A une demi-heure de la ville, leur groupe retrouva l'escadron que le Prince avait mis à disposition de son ambassadrice. Les guerrières se saluèrent et firent rapidement le point avant de repartir. Les rives du Roten formaient un long et fertile oasis plus ou moins large où les villages se blottissaient au milieu des successions de vergers. Bientôt, elles bifurquèrent et commencèrent à s'enfoncer dans une combe plus froide et étroite. Le chemin monta en lacet jusqu'au sommet d'une colline escarpée. Une fois en haut, le vallon s'élargit en un vaste plateau où quelques fermes isolées se blottissaient au fond d'étroites dépressions. Ici, les cultures étaient moins denses et verdoyantes : vignes, vergers d'oliviers et d'amandiers alternaient avec les bois de chênes lièges ou d'yeuses. Portia fit arrêter la troupe au bord d'une petite combe boisée. D'après les indications d'Aradante, elles avaient atteint le lieu de ralliement. Elles attendirent quelques longs instants avant que le mouvement discret de grands animaux avançant dans le sous bois ne les alerta. Elles entendirent le tintement clair des fers contre les cailloux du sentier. La troupe d'Ernest surgit de l'ombre et se rassembla avec la leur.
D'un commun accord, on décida de laisser les chevaux ici avec un garde. Ishtar et Azar se munir de cordes et de grappins et les distribuèrent à quelques fées. C'est elles qui devaient pénétrer les premières et avaient pour mission d'ouvrir les portes. Ernest prit avec lui une poignée d'hommes pour faire le tour des bâtiments et trouver éventuellement une autre entrée, par le jardin, comme il y en avait souvent aux habitations marsalanes. Le restant de la troupe se dirigea vers la porte principale pendant qu'Ishtar et sa suite s'approchait du bâtiment des activités dont les grandes salles étaient sans doute vides à cette heure. Elle avait souvenir de la salle de gymnastique qui donnait sur le bois. Elles n'eurent pas de difficulté pour lancer et accrocher leurs grappins. A cette époque de l'année, les fenêtre restaient ouvertes la nuit pour permettre à sa relative fraîcheur nocturne d'entrer. La ferme était paisible et n'attendait nul assaut... A l'aide des cordes, monter, puis redescendre de l'autre côté fut un jeu d'enfant. Elles découvrirent que la porte de la salle était restée grande ouverte afin de ménager le courant d'air avec le patio. La galerie était vide. Elles l'empruntèrent en rasant les murs et parvinrent à l'entrée de la cour. Elles aperçurent deux gardes somnolentes sous le porche. Azar et Fati s'approchèrent de part et d'autre. Dans un ensemble parfait, elles saisirent les deux fées les immobilisèrent et les mirent hors de combat par une simple pression sur le point nerveux stratégique, situé sous l'oreille. Point de magie, hormis celle de la connaissance. Les fées étaient parties pour un sommeil qui leur laisserait le temps de mener leur action. La cour était vide et silencieuse. On entendait les sabots des chevaux racler dans les écuries. L'aube était proche, les animaux la sentaient et commençaient à s'éveiller. Deux autres gardes dormaient debout à l'entrée de la porte principale. La tranquillité de la routine avait annihilé leur vigilance. A moins que ce ne fut la fin de la nuit et la proximité de la relève. Ce fut encore un jeu que de les désarmer et les endormir plus sûrement qu'elles ne l'étaient déjà. Puis la porte fut ouverte et les guerrières envahirent silencieusement la cour. Elles se séparèrent en plusieurs groupes pour investir les différents bâtiments. Aradante, avec Sacha, leurs guerrières et le petit groupe d'Ishtar se dirigèrent vers les chambres. Les hommes firent le tour des bâtiments des communs pour cueillir les fées matinales qui s'apprêteraient à mettre bientôt la maison en éveil. Portia faisait le tour des bâtiments d'activités et d'enseignements. L'escadron princier attendait le signal d'attaque pour entrer. Le point de ralliement serait le grand jardin potager.
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Cinq ans après
FantasiaCinq ans après, Aradante revient ! Après avoir chassé sa mère, la Grande Sorcière Héro, Le Prince a œuvré à plus d'égalité entre les deux peuples ouvrant écoles, administration, métiers, aux hommes. Mais cela n'est pas du goût de toutes. Certaines F...