Chapitre 11

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Chapitre 11

Mémoire

Talya observait le visage de Faust endormit, cela faisait plusieurs jours qu'il était toujours inconscient. Et autant de temps qu'ils n'étaient pas sortit de l'hôtel. Ils préféraient ne pas s'y risquer, ils ne voulaient pas de nouveau croiser Robin sur leur chemin. Amir et Sam leur avaient rendu visite pour quelques heures, mais étaient vite partit, cela avait juste été histoire de se rendre compte de l'état de Faust, qui n'avait pas changé d'un poil. Le jeune homme tenait encore fermement ses Coeurs dans sa main. Comme un enfant agrippant ses peluches.

Seamon soupira depuis la salle de bain : lui aussi s'était rasé car sa barbe qui commençait à être trop fournie à son goût. Personne ne lui avait fait de reproche parce qu'il avait donné le Coeur du feu à Faust. Cela le mettait mal à l'aise : il aurait mille fois préféré se faire réprimander... Il se rinça le menton et l'essuya avec une des serviettes blanches fournies l'hôtel. Maxime et Agathe étaient eux aussi dans la chambre, mais personne ne parlait. Ils attendaient, la peur au ventre, que Faust se réveille.

Quelques fois, dans son sommeil, le jeune homme gémissait et ses yeux bougeaient en dessous de ses paupières. Il ne rêvait pas. Il se souvenait. C'était terrifiant. Ils sentaient l'échéance approcher. Ils ne savaient pas comment ils allaient bien pouvoir lui annoncer.

Talya se redressa dans un sursaut : la prothèse de Faust s'était mise à bouger : il commençait à reprendre conscience. Il se reconnectait en premier lieu avec ses membres d'acier, le reste suivrait

- Il se réveille. Déclara-t-elle

Maxime se leva tellement vite de son fauteuil, qu'il le fit tomber à terre, il ne prit même pas la peine de le redresser et accouru au chevet de Faust. Agathe et Seamon s'y élancèrent aussi, leurs coeurs battant beaucoup trop fort. Un grognement franchit les lèvres de Faust, ils sentirent leur sang se glacer. Ses paupières papillonnèrent, leurs coeurs s'arrêtèrent. Ses yeux s'ouvrirent enfin, tout était terminé. Le regard de Faust avait changé.

Le jeune homme se redressa d'un seul coup, ses cheveux blancs en broussaille. Il regarda Agathe, Talya, Maxime et Seamon tour à tour avec un regard affolé. Son expression coupa le souffle à Agathe : il avait l'air d'avoir tellement mal. Faust aurait voulu parler, mais il n'y parvint pas, il baissa sa tête vers sa jambe de fer : alors c'était de là qu'elle provenait ?

- Vous m'avez menti... Parvint-il à souffler

Ce fut l'effet d'un coup de poignard, Maxime ferma les yeux et fronçant fort ses sourcils : il ne voulait pas faire face à cela. Il ne voulait pas lui dire la vérité. Sans qu'il ne puisse le contrôler, il entendit un gémissement désespéré forcer ses lèvres scellées. Faust leva de nouveau ses yeux aveugles vers eux, de lourdes larmes en coulaient, roulaient sur ses joues, gouttaient de son menton et s'écrasaient sur ses draps, comme des coups de marteau sur une enclume.

- Vous m'avez menti...! Gémit-il, d'une voix déraillant dans les aigus, si triste que Seamon se retint de lui aussi verser des larmes

Faust prit son visage dans ses mains et serra si fort que sa prothèse lui fit des bleus.

- Qu'est-ce que j'ai fait... Bon sang, qu'est-ce que j'ai fait ! Pleura-t-il

Sa voix était tellement faible qu'on aurait dit qu'elle ne tenait plus qu'à un fil. Il avait l'impression de s'enfoncer dans des ténèbres sans fond. Ses souvenirs revenaient enfin en sa mémoire. Tous. Absolument tous. Les massacres, les tortures, les champs de batailles, les plans... Les cadavres de ses parents. Surya avec la tête tournée dans un angle impossible et Akara aux vêtements déchirés. Et lui, avec ses mains pleines de leur sang... Faust hurla. Hurla comme il n'avait hurlé encore qu'une seule fois. De ce hurlement qui avait secoué les coeurs dans l'arène où il s'était battu contre Maxime. Celui-ci sentit une larme couler sur sa joue, muet comme une tombe, il ne savait plus quoi faire.

Daress Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant