Chapitre 24

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Chapitre 24

Évasion

En chantonnant, il passa la lame du rasoir sur le creux de sa joue. Des poils rouges tombèrent dans le lavabo. Avec un léger sourire, il se caressa son menton devenu lisse et imberbe. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas prit le temps de s'occuper de lui-même. Il posa soigneusement son rasoir sur le bord du lavabo et y jeta un verre d'eau, pour faire disparaître les derniers poils accrochés sur la porcelaine. Rylem sortit de sa petite salle d'eau, une serviette sur ses épaules et les cheveux encore mouillés. Il s'assit sur le bord de son lit en soupirant : il n'avait vraiment rien d'autre à faire ici que d'attendre... Quoique, il devrait peut-être se décider à nettoyer le sang au rez-de-chaussée, cela allait finir par puer.

Il regarda autour de lui : comme le palais de Dérime était entièrement vide, il avait dû s'aménager lui même une chambre. S'il ne l'avait pas fait, il se doutait que Dérime l'aurait laissé dormir sur le carrelage. Cet homme était définitivement étrange et il avait encore monté d'un cran dans sa folie. Rylem se demandait encore pourquoi il était allé se planter comme une fleur dans Kéos pour clamer haut et fort tout ce qu'il avait fait dans le passé. Cela n'avait aucun sens et rien ne l'avait contraint à faire cela. Tout aurait été plus efficace s'il n'avait pas détruit sa couverture...

D'un seul coup, le regard de Rylem se tourna vers sa fenêtre qui donnait sur l'extérieur. Il avait entendit un bruit de verre brisé. D'un seul bond vif, il traversa sa chambre, ouvrit les battants de son armoire et en sortit son arme : un revolver amélioré qui ne fonctionnait pas avec des balles, mais à l'aide de deux poches d'un liquide vert et poisseux accrochées sur ses flancs. Changeant sa démarche pour que ses pas ne fassent aucun bruit, Rylem se glissa jusqu'à sa fenêtre dont il écarta les rideaux pour pouvoir voir l'extérieur. Il eut à peine le temps de voir le dos d'une jeune femme s'engouffrer dans le palais. Il plissa ses yeux en remarquant les tatouages d'ailes sur son dos, barrées par des cicatrices. Il s'était assez renseigné - il en avait eut largement le temps -, pour savoir qu'elle avait été radiée de l'ordre des Valkyries. Si elle ne pouvait plus voler, elle avait forcément gardé sa force herculéenne.

Rylem passa son revolver dans la ceinture de son pantalon à pinces et enfila rapidement une chemise. Il marqua un temps d'arrêt, alors qu'il était en train d'en fermer les boutons, examinant minutieusement sa chambre. Il avait passé plusieurs années à vivre ici... Quoi qu'il en dise, ce palais allait lui manquer, et surtout son jardin ! Chez lui, il n'y avait rien qui poussait, du moins rien d'aussi joli que des roses. Retournant à la réalité, comme si on éclatait un ballon devant son nez, Rylem chercha ce qu'il pouvait prendre avec lui. Mais, mis à part son arme, tout était remplaçable et il n'aurait aucun mal à retrouver des objets similaires.

Il s'habilla néanmoins d'un long et chaud manteau de cuir, pour pouvoir survivre au froid du Nord et ouvrit sa fenêtre. Il se glissa sur son rebord et le saisit avec ses mains. Sa prise assurée, il jeta ses jambes dans le vide, seulement retenu par la force de ses doigts. En étirant ses jambes, il parvint à atteindre le rebord de la pièce d'en dessous. Heureusement qu'il n'était pas trop petit... Il lâcha donc sa prise et recommença sa descente, jusqu'à atteindre les pavés de la terre ferme. Il regarda un instant à travers le trou que la Valkyrie avait percé dans la vitre, pour voir si elle n'était pas dans cette pièce à l'attendre. Mais la porte pour la salle des plateaux d'échecs était ouverte. Rylem étira ses lèvres dans un sourire carnassier : elle allait avoir une bonne surprise en s'y rendant.

***

Le visage neutre, Toola traîna les cadavres pour les mettre côtes à côtes, sur le dos. A cause de la rigidité cadavérique, elle ne put leur donner une position plus digne, ni fermer leurs yeux, mais au moins ils n'étaient plus éparpillés. Lorsque sa mission serait terminé, elle s'occuperait réellement d'eux, mais elle avait d'autres choses à faire. Elle s'épousta la paume des mains et dégaina de nouveau ses haches : elle préférait les avoir en main si un danger se faisait sentir.

Daress Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant