Chapitre 27

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Chapitre 27

Homme-Feuille


Il traversa son jardin de roses, les seules qu'il avait jamais vu pousser au Nord. Il avait fait venir un Daressien dont la magie les avaient rendues résistantes au froid et à la neige. Dérime en était fier, il aimait se balader dans ses allées fleuries et colorées. Après une longue absence à voyager dans tous le Nord pour préparer la nouvelle étape de son plan, Dérime était heureux de retrouver son chez lui. Il gravit d'un pas les marches qui menaient à la porte de son manoir blanc.Il ouvrit la porte avec un sourire satisfait, mais se rembrunit aussitôt lorsqu'il vit son carrelage sali de sang séché et puant.

 Il soupira : si Rylem tuait les Daressiens qui venaient chez lui sans rien nettoyer, il se retrouverait bientôt avec un palais rouge... Les cadavres étaient même encore là. Dérime fronça les sourcils, son agacement laissant place à l'interrogation. Pourquoi ces corps étaient aussi bien rangés dans un coin, si leur sang n'avait pas été nettoyé ? Rylem ne les auraient jamais porté pour les mettre bien en rang, il était bien trop flemmard pour cela... Les cheveux de Dérime se hérissèrent sur sa nuque : quelqu'un était venu ici. Et, si son cadavre ne se tenait pas au rez de chaussée, c'était sûrement parce que Rylem ne s'en était pas débarrassé.

D'un seul coup, Dérime se précipita dans les escaliers pour se rendre chez Rylem. Pour l'instant, son corps avait trente ans, il était assez rapide. Grâce à cela, il ne mit pas longtemps à arriver à destination. Essoufflé d'avoir monter les marches à vive allure, et les cheveux tombant devant ses yeux, son visage se déforma lorsqu'il ouvrit la porte de la chambre de Rylem. Tout était là, le lit, la pièce avec le lavabo, les habits dans l'armoire... Mais s'il y avait bien une chose qui lui montrait que Rylem était parti pour de bon : c'était l'absence de ses armes.

Dérime jura entre ses dents, il n'y avait donc plus personne pour surveiller son palais durant ses absences ! Mais ce n'était pas le pire ! Si Rylem était parti ainsi, cela voulait dire que leur alliance était rompue. Dérime serra les poings jusqu'à enfoncer ses ongles dans ses paumes. Il tourna sur ses talons, marchant d'un pas militaire. La peur l'envahissait petit à petit, elle s'insinuait dans son ventre jusque dans son cerveau, lui tordant les nerfs. Son champ de vision commençait à être recouvert d'un voile noir et ses pieds avançaient seuls. Ses idées embrouillées l'empêchaient de décider ou aller, mais ses jambes le savaient, elles.

Il traversa couloirs et portes, descendit étages et escaliers avec une vitesse affolante. Mais il ne s'en rendait même plus compte. Il crut mourir lorsqu'il vit la porte de sa première cellule autrefois occupée, ridiculement laissée à même le sol. Allia n'était plus là... Elle était sa garantie. Si Alley apprenait qu'elle était encore en vie... Il ne tarderait pas non plus à apprendre que son père n'était plus ! Dérime se passa deux mains rageuses et impuissantes dans ses cheveux noirs. Il inspira à fond, un dernier espoir subsistait dans un coin de son esprit.

Il reprit immédiatement sa marche, s'enfonçant dans ses cachots comme il l'avait déjà fait maintes fois. Ce qui se trouvait dans son autre cellule, lui était bien plus précieux que Allia. Elle semblait insignifiante face à cela, inexistante. Alors, lorsqu'il se retrouva devant la porte de la prison de Ehenka, il sentit quelque chose d'affreux se briser dans sa poitrine. Comme une explosion de morceaux de verres qui lui lacérèrent le cœur et les poumons. Devant cette pièce vide qui avait protégé ce qui avait le plus compté pour lui, Dérime s'effondra à genoux. De grosses larmes ruisselèrent sur ses joues, comme il ne lui était pas arrivé depuis très longtemps.

***

Seamon soufflait comme un bœuf en montant cette maudite échelle. On aurait pas pu inventer pire chose pour de hisser dans les hauteurs : elle n'en finissait pas, semblait se balancer exprès dans le vide pour le faire tomber et ses cordes craquaient dangereusement. Pourtant, lorsqu'il avait vu ses amis l'utiliser, cela lui avait paru simple ! C'était à se demander s'il n'était pas un Elfe raté ! Normalement cela l'aurait aidé à avoir une agilité bien supérieure aux Daressiens, mais ce n'était visiblement pas son cas...

Daress Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant