Daress Tome 2

Chapitre 44

Chapitre 44

Les cheveux grisonnants et les tempes blanches, Dérime fixait le palais de Valéria d'un oeil d'acier. Il avait passé deux jours à observer et analyser tout le fonctionnement du château : les tours de la Garde, les activités des domestiques, les heures de livraisons... Il connaissait à présent sur le bout des doigts tout ce qu'il s'y produisait, même s'il en avait eut déjà une petite idée, lorsqu'il s'y était rendu pour déclarer officiellement ses hostilités à Néréo. Cette fois-ci cependant, son but n'était pas de se faire remarquer, mais de récupérer celle qui lui appartenait : Ehenka. Il pouvait la sentir non loin, grâce aux liens qu'il avait noué dans son esprit.

La plus grande tour du palais était dans sa ligne de mire : c'était là bas que se trouvaient les appartements royaux et Ehenka aussi. Dérime prit une grande inspiration et s'avança à grand pas vers la porte du palais, les Gardes tentèrent de le retenir, simplement pour qu'il décline son identité, mais il ne se laissa pas faire. Il plongea ses yeux dans ceux de l'un d'entre eux, prenant contrôle de son esprit. Dérime prit un air faussement désolé :

- Oh mon cher... Vous venez de perdre votre mère la semaine dernière...

Le Garde baissa sa lance pour lui laisser le champ libre, l'autre protesta :

- Hey ! Qu'est-ce que vous faîtes ?!

Dérime ne lui laissa pas le temps de l'attaquer, lui donnant un coup dans la carotide du tranchant de sa main, puis un coup de poing dans la tempe. Suffoquant, le Garde s'effondra au sol, inanimé. Dérime poussa lui même la porte du palais et analysa rapidement la situation : il n'y avait personne dans le hall, les domestiques ne s'étant pas préparés à une visite. Parfait, juste ce qu'il avait prévu. Il s'élanca dans un des escaliers jumeaux qui menaient à l'étage supérieur, là il continua son chemin en longeant la balustrade du balcon qui faisait le tour de tout le hall d'entrée, pour s'engager dans un couloir qui, il le savait pour l'avoir déjà emprunté, menait jusqu'à la plus grande des tours. Au sommet de laquelle se trouvait le bureau de Néréo, qu'il avait déjà visité.

La haine lui broyant le coeur, il marcha à grands pas dans le couloir qui menait à l'escalier de la tour, ne regardant même pas autour de lui : c'était inutile. Les portes qui défilaient à ses côtés ne menaient qu'à des salles de réunions et des salons sans importances, utilisés seulement pour des discussions diplomatiques qui n'avaient pas lieues en ce moment. Il s'arrêta brusquement à un tournant du couloir, entendant des bottes frapper le plancher. Il grinça des dents en se collant au mur : un Garde passait par là. Il attendit, immobile, le bruit régulier des pas qui s'approchaient résonnaient dans son cerveau. Il se surpris à la compter, son souffle devenant de plus en plus silencieux. Dérime baissa les yeux lorsqu'il perçu l'ombre du Garde se dessiner sur le sol. Il se baissa lentement, glissant deux doigts dans sa botte pour en sortir une fine lame, presque aussi petite qu'une aiguille. 

Lorsque enfin, le Garde fut à coté de lui, Dérime se redressa vivement, son arme en avant. Le Garde écarquilla des yeux devant les yeux meurtriers de Dérime, mais n'eut pas le temps de donner l'alarme. Dérime lui enfonça sa lame dans la gorge et un filet de sang perça les lèvres du soldat qui ne parvint qu'à sortir des gargouillis de sa gorge, avant de s'effondrer sur le mur à côté de lui et d'y glisser lamentablement jusqu'à atteindre le sol. Avec une grimace, Dérime redressa le menton du cadavre et y récupéra son arme, qu'il essuya sur le cuir de l'uniforme du Garde.  Dérime rangea de nouveau sa lame dans sa botte et repris son chemin. 

Il arriva enfin aux marches de l'escalier de bois lustré, qui grimpaient sur toute la hauteur de la tour, s'arrêtant en des plateformes de parquet à chaque étages. Dérime commença à l'escalader en avalant les marches quatre à quatre. Il était déterminé à récupérer Ehenka et rien ne le retiendrait ni ne l'empêcherait de le faire. Néréo l'avait mit en colère en s'attaquant à elle, bien plus que s'il avait fait n'importe quoi d'autre.