Chapitre 36

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Chapitre 36

Cellule

Un nuage de condensation sortit de sa bouche, il faisait extrêmement froid dans cette pièce. Cela faisait des années qu'il avait froid. La seule compagnie qu'il avait, c'était son frère qui venait le voir de temps en temps. Dérime avait vu Loki grandir au fur et à mesure de ses visites, il était devenu un homme fort, toujours de bonne humeur, diplomate mais joueur. Dérime lui, n'avait pas grandi, il avait vieilli à une vitesse beaucoup trop grande, le froid et la solitude lui ayant travaillé les nerfs.

Emmitouflé dans sa plus chaude couverture, sur sa chaise de bureau, Dérime pouvait entendre une rumeur joyeuse qui entraînait tout le palais. Loki lui avait annoncé qu'on allait fêter ses fiançailles avec Alissa. Bien évidemment, Dérime ne pouvait s'y rendre, ses parents avaient même placés des Sentinelles devant la porte de sa chambre pour être sûr qu'il ne s'en échappe pas. On le privait du bonheur de son frère. Dérime se regarda un instant de son miroir, accroché sur le mur miteux de sa chambre. Tout ici était vieux et précaire, on lui avait donné le strict minimum pour meubler cette salle dans laquelle il était destiné à passer toute sa vie. Il ne pouvait sortir que très rarement, la nuit ou alors bien caché sous des couches de vêtements.

Il ferma les yeux pour mieux écouter les bruits de la fête. Elle se passait dans le même bâtiment où il se trouvait, mais elle lui semblait si lointaine... Juste avec ces sons, il pouvait s'imaginer ce qu'il s'y produisait : les rires, les félicitations, les coupes qui s'entrechoquaient, les talons qui martelaient le parquet dans des danses joyeuses, le froissement des vêtements colorés... Dérime avait une affreuse envie de se ruer hors de sa chambre froide, de courir dans les couloirs et de rejoindre son frère. Loki était bien la seule personne qui avait daignée lui rendre visite. Dérime n'avait pas revu ses parents depuis qu'ils avaient décidés de l'enfermer là.

Dérime serra les poings et se débarrassa de sa couverture en se levant. Il se posta face à son armoire qui contenait à peu près tout ce qu'il possédait. Il l'ouvrit en fronçant les sourcils de désapprobation, lorsqu'il vit les seuls deux autres costumes qui y étaient rangés. Il prit celui qui lui semblait le plus beau et le plus joyeux, malgré le fait qu'il ne possède que des vêtements gris. Dérime n'aimait pas réellement cette couleur mais on ne lui avait jamais demandé son avis, et puis il s'y était habitué. Il l'enfila avec soin pour éviter chaque plis et vérifier qu'il lui allait encore. Il se regarda de nouveau dans le miroir avec une moue dubitative et se débrouilla pour réussir à plaquer ses cheveux noirs en arrière pour avoir un air plus officiel. Il avait l'impression d'être un enfant qui tentait de se déguiser en adulte... Pour terminer sa tenue, il mit ses gants blancs, parfaitement travaillés et à sa taille, c'était la seule chose de bonne fabrique qu'il possédait en réalité... C'était Loki qui les lui avait offerts.

Satisfait, il se planta devant sa porte. Il savait qu'il ne pourrait pas en sortir facilement, mais il devait tout de même essayer... Il regarda partout dans sa chambre, cherchant ce qui pourrait l'aider à se défendre. Le seul objet contondant transportable qu'il avait, c'était sa lampe de chevet. Il s'en saisit sans hésiter et la serra contre lui pour se donner du courage. Il souffla profondément avant de poser une main tremblante sur la poignée et d'ouvrir le battant de la porte d'un seul coup. Il ferma fort les yeux en brandissant sa lampe au dessus de sa tête. Cependant, personne ne vint pour le retenir. Surpris, le jeune homme ouvrit un oeil après l'autre et baissa son bras, lorsqu'il vit les deux Sentinelles assis et avachis contre le mur, des bouteilles vides tout autour d'eux. Dérime n'aurait jamais cru que cela puisse se produire un jour !

Le sourire aux lèvres, il reposa sa lampe dans sa chambre et s'élança dans les couloirs en prenant bien soin de fermer sa porte pour que personne ne se doute de rien. Il courait, cela faisait une éternité qu'il n'était pas sortit de cette pièce qui puait le renfermé sans être surveillé par une horde de soldats. Il entendait les bruits de la fête se rapprocher, il pouvait même sentir l'odeur de la bonne cuisine. Son sourire s'agrandissait, il avait l'impression de revivre ! Plus il avançait, plus il voyait les richesses décorer les couloirs. Les lumières, les couleurs étaient partout ! Il était tellement prit dans son bonheur, qu'il ne réagit pas lorsqu'il traversa le couloir aux portraits dont il avait été effacé.

Daress Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant