Chapitre 37
Libération
Cela faisait des mois que Dérime mangeait à peine, enfermé dans sa cellule, assis à la chaise de son bureau, la tête enfouie dans ses mains. Il écoutait attentivement tout ce qu'il se produisait derrière les murs qui l'entouraient : les rondes des Sentinelles étaient plus nombreuses et eux étaient plus vigilants. Il pouvait le sentir dans la raideur de leurs pas. Dès qu'il comprenait quelque chose d'intéressant, Dérime l'écrivait pour ne pas l'oublier. Il avait décidé, après l'avant-goût de liberté qu'il avait vécu, qu'il ne voulait plus rester dans cette cellule. Peu importaient les moyens. On avait cessé de le transférer dans une autre pièce pour le faire manger, on lui apportait directement un plateau repas. Un jour, Dérime avait délibérément brisé un verre et en avait caché un éclat, qu'il tenait entre ses mains à présent, fixant la porte de ses yeux métalliques. Il comptait les secondes, attendait le moment propice, écoutait l'instant où les gardes piqueraient du nez. Il entendrait alors leurs casques se baisser, leurs uniformes frotter contre le mur, leurs lances glisser contre le sol.
Il avait tout planifié, il savait ce qu'il devait faire pour se libérer, il n'avait pas oublié la promesse de son frère. Il fallait que Loki devienne roi pour qu'il puisse être libre, mais leurs parents avaient encore beaucoup à vivre. Dérime lui, n'avait pas de temps à perdre. Il se redressa lorsqu'il entendit enfin les gardes s'endormir, il n'avait que quelques secondes pour agir, mais il ne se tromperait pas : il s'était entraîné des centaines de fois. Il se saisit d'un fil de fer qu'il avait récupéré sur un anneau d'un des carnets qu'on lui avait apporté et l'enfonça dans la serrure de sa porte. Il la connaissait par coeur, il ne lui fut pas longtemps pour réussir à l'ouvrir. Un déclic discret se fit entendre, Dérime tendit l'oreille : les Sentinelles n'avaient pas réagit.
Le jeune homme prit une grande inspiration et ouvrit la porte d'un seul coup. Les gardes sursautèrent, mais le temps qu'ils se réveillent et brandissent leurs armes, Dérime leur avait déjà tranché la gorge, leur levant le menton d'une main pour la découvrir. Essoufflé, il regarda les deux corps s'effondrer à terre comme deux poupées de chiffons. C'était le prix à payer pour la liberté, mais il ne put s'empêcher de regretter immédiatement. En voyant les plaies béante dont s'écoulait le sang avec un bruit de gargouillis, Dérime sentit la nausée monter. Elle remonta le long de sa gorge, sans lui laisser le choix. Il s'appuya contre le mur pour vomir tout ce qu'il avait avalé, soit pas grand chose. Les jambes tremblantes, il s'essuya le menton et respirant bruyamment. Il ne fallait pas qu'il traîne, sinon, on allait l'enfermer de nouveau.
Il commença à avancer. Cela faisait longtemps qu'il n'était pas allé dans les appartements de la famille royale, mais il avait eut tout le temps de se le remémorer. Très vite, il arriva dans les quartiers du palais qui servaient à être vus : de grandes fenêtres et des papiers-peints, des tapis et des meubles en bois précieux. Cela faisait toujours une sensation de décalage à Dérime, il avait l'impression de retourner dans le passé. Il jura lorsqu'il vit le soleil traverser les carreaux des fenêtre, il avait tout planifié pour que ce soit la nuit, mais il s'était visiblement trompé... Après tout, c'était difficile de garder le fil du temps lorsqu'on était enfermé... Il ne se laissa pas démonter : qu'il fasse jour ou nuit, il devait réussir. C'était sa dernière occasion.
Avec un peu de difficulté, il parvint enfin à trouver l'escalier qui menait à l'étage du château. Il avala les marches aussi vite qu'il le put, entendant des domestiques avancer au rez de chaussée. Il pressa le pas pour slalomer dans les couloirs, il regardait toutes les portes qui défilaient devant ses yeux : il n'avait aucune envie de louper sa cible. Il était déjà couvert de sang, c'était les Sentinelles qu'il avait tué. Le liquide rouge gouttait par terre et recouvrait les tapis travaillés. Il n'avait plus qu'à espérer que ses parents soient bien dans leur chambre. Si jamais ce n'était pas le cas, Dérime serait alors obligé de s'enfuir du palais et de se cacher le reste de sa vie pour ne pas être trouvé. Mais cela lui semblait déjà une option meilleure que d'être enfermé dans une cellule.

VOUS LISEZ
Daress Tome 2
FantasyAprès avoir enfin découvert la vérité sur Faust, Maxime, Agathe et Talya font face à une nouvelle menace. Celui qui dirigeait toutes les actions de Faust, Dérime, se décide enfin de passer à l'attaque. Il mène Daress à la révolution grâce à ses disc...