Daress Tome 2

Chapitre 48

Chapitre 48

Désillusion

Il regarda Néréo avec des yeux brillants, presque humides. Le soulagement était tellement grand, qu'il en devenait presque douloureux. Le monarque le fixait sans rien dire, son poing fermé sur sa hache et le visage de pierre.

- Mon dieu, Néréo... Je te croyais... Souffla Roye

Mais le Daressien ne l'écouta pas, il se détourna de lui pour s'avancer vers Maxime. Roye resta un instant sans bouger, ne comprenant pas la réaction de Néréo. Si le monarque avait été dans son état normal, il lui aurait au moins sourit... Voyant que le roi de l'Ouest se penchait vers le visage de Maxime, qui n'avait cessé de garder les yeux fermés, Roye le suivit :

- Ils sont rentrés il y a peu de temps, la veille en réalité, pour Maxime, Talya et Seamon. Déclara-t-il

Néréo ne laissa même pas un grognement percer ses lèvres. Il approcha doucement ses longs doigts du poing fermé de Maxime, là où se trouvait le Cœur d'Élément que le jeune homme était en train d'absorber. Roye fronça les sourcils :

- Mais qu'est ce que tu fais ? Pourquoi tu ne me réponds pas ? S'impatienta-t-il

Néréo tenta d'écarter les doigts de Maxime, mais immédiatement, une bourrasque de vent remonta jusqu'à son bras et lui fouetta le visage. Alors Roye écarquilla les yeux : la manche de Néréo s'était soulevée et il avait vu ce qu'elle dissimulait. Une fine plaie rouge lui entourait le poignet, aussi fine qu'une coupure de feuille de papier. Le sang de Roye ne fit qu'une tour et ses cheveux se dressèrent sur son crâne. Ce n'était pas Néréo qui était dans ce corps ! C'était Dérime qui le contrôlait !

Dans un geste vif, Roye écarta la main de Néréo qui commençait à s'approcher du torse de Maxime, là où reposait le collier qui renfermait le deuxième Cœur du vent :

-NON !!! Hurla-t-il

Néréo le regarda avec des yeux de fer, remplis de haine, et Roye sentit une sueur de panique couler dans son dos. Il était incapable de faire face à Néréo, c'était également le cas lorsqu'il était en pleine forme. Le roi le regarda avec un regard noir et Roye se sentit minuscule, mais il ne se laissa pas démonter et l'affronta :

- Dérime, je sais que c'est toi, je sais que tu m'entends. Siffla-t-il

Néréo pencha la tête sur le côté, comme s'il écoutait quelque chose. Il ouvrit la bouche et une voix mécanique sortit de sa gorge :

- Bien évidemment que c'est moi, tu ne croyais tout de même pas que Néréo allait s'en sortir. Il faut être réaliste : il a beau être puissant, il ne peut pas gagner contre une foule d'ennemis.

Roye grinça des dents et fit un pas en arrière, il était effrayé mais ne voulait pas l'admettre. En réalité, il ne savait pas quoi faire... Un sourire effrayant barra le visage de Néréo, ses yeux vides semblant maintenant être éclairés d'une lumière de folie :

- Et maintenant son pouvoir m'appartiens !

Roye sentit le désespoir l'envahir quand Néréo le saisit à la gorge, le soulevant dans les airs. Il ne pouvait rien faire d'autre que s'accrocher au bras du monarque, et que de battre des jambes dans le vide. Il s'efforçait avec difficulté de respirer, mais cela devenait de plus en plus difficile, Néréo serrant de plus en plus fort sur sa trachée. Roye suffoquait.

Néréo le regardait avec un rictus de haine et de jouissance. Des étoiles dansaient devant les yeux de Roye et il luttait pour ne pas perdre conscience. Sa conscience clignotait, fusionnant en alternance avec celle de Dérime. Il pouvait donc voir à travers les yeux de Néréo et la vision qu'il avait de lui-même lui faisait pitié.