Daress Tome 2

Chapitre 30

Chapitre 30

Capituler

Dérime s'était camouflé dans la foule, un chapeau haut de forme enfoncé sur le crâne pour cacher son visage. Tout autour de lui, les chefs de la rébellion marchaient, l'encerclaient pour le protéger de l'éventuelle défense de Roye. A travers cette masse de Daressiens, personne ne pouvait deviner que c'était lui qui dirigeait. Leurs esprits étaient affaiblis par la colère, Dérime n'avait eut aucun mal à s'y infiltrer. Ainsi, il pouvait commander les meneurs de la foule pour les faire aller où bon lui semblait. Déjà, ils avaient enfoncé les portes de la tour principale de Kéos et martelé les pavés de ses rues étroites de leurs bottes miteuses et pleines de neiges.

Les habitants qui ne participaient pas à la révolte s'enfermaient dans leurs maisons à double tours, redoutant que, emportés par l'adrénaline, on ne viennent piller leurs demeures. Mais Dérime ne laisserait pas faire cela, il avait d'autres priorités que de violenter des personnes qui n'avaient rien demandé. Non, il préférait plutôt récupérer Ehenka le plus vite possible. Et si jamais il pouvait se débarrasser de Roye par la même occasion, il ne se gênerait pas. Il savait bien que Roye avait été le meilleur ami de Loki, ainsi que Katal. Le fait que l'Elfe s'est porté volontaire pour servir de garantie à Faust et se faire enfermer dans les prisons de l'ancienne Mendeal, l'avait bien arrangé. Car, après tout, Dérime ne savait pas ce que Loki avait bien pu leur révéler et il avait bien l'intention de se retirer une épine du pied : il n'apprécierait réellement pas que l'on apprenne sa véritable identité. S'il pouvait l'éviter, il n'hésiterait pas une seconde.

Encadré par les Chasseurs, les paysans et les pauvres petites gens, Dérime ne tarda pas à arriver dans le parc qui servait de jardin au manoir de Roye. Il ne pu s'empêcher de sourire de surprise lorsqu'il constata qu'une seule personne se tenait devant la demeure du bras droit : une jeune femme en armure et aux cheveux noirs qui auréolaient son crâne en une fourrure emmêlée. Cependant, Dérime ne baissa pas sa garde et commanda aux Daressiens qu'il contrôlait de brandir leurs armes. Toutes la foule les suivi en hurlant, les visages déformés par la haine.

Sur le seuil du manoir, Toola ne bougea pas d'un cil, son visage restant de marbre. Elle n'était pas impressionnée par cette foule, son soucis était plus du côté pratique : elle se demandait comment elle allait pouvoir tous les assommer un à un, car Roye lui avait commandé de ne pas les tuer. Mais, tout de même, cela risquait d'être difficile. Il y allait sûrement avoir des dégâts, si elle même ne voulait pas succomber. Car elle avait beau être une ancienne Valkyrie, elle n'était pas immortelle ! Elle sortit en un coup de poignet ses haches de leurs fourreaux, leurs lames étincellèrent dans la lumière du jour et elle se mit en garde, préparée à se jeter dans la foule. Elle sentait dans son dos le regard inquiet de Roye. Elle souffla doucement : rester en vie était le meilleur moyen de pouvoir revoir Maxime. Armée de cette pensée, elle évita un pavé qu'on lui jetait au front en se baissant et, s'appuyant sur ses mollets puissants, se jeta dans la foule.

Elle garda ses lames penchées vers le bas, usant de ses pommeaux pour frapper les Daressiens aux points sensibles. Ils n'étaient pas très forts la plupart avaient la peau sur les os, mais les Chasseurs qui les accompagnaient étaient nettement plus coriaces, habitués à se battre. Toola virevoltait dans tous les sens, empêchant les rebelles de se frayer un chemin jusqu'à la porte du manoir et évitant de se faire avaler par la foule. S'ils parvenaient à l'encercler, tout était fini. Bientôt, elle fut recouverte de griffures, morsures et bleus, ils étaient enragés et ne cessaient d'affluer. Ce n'étaient certainement pas ces blessures légères qui allaient la stopper, mais elle avait l'impression de se battre contre des animaux sauvages.

Avec un grognement, elle n'eut pas d'autre choix que de frapper un Daressien qui l'attaquait par derrière de la lame de sa hache. Elle imagina le regarde de reproche de Roye en entendant le cri de douleur qu'il poussa. Mais elle n'eut pas le temps de chercher une excuse : on l'attaquait de tous les côtés. Si elle avait pu avoir ses ailes, elle s'en serait débarrassé bien plus vite. En assommant une jeune fille de son poing, elle pinça ses lèvres : ça n'allait pas du tout. Il fallait qu'elle se reprenne : elle en venait à regretté d'avoir quitter les Valkyries !