Daress Tome 2

Chapitre 50

Chapitre 50

Ouragan

La sensation de brûlure s'imposa à lui avant même qu'il ne se réveille, s'incrustant dans les délires qui se déroulaient dans son esprit inconscient. Maxime se revoyait dans la prison des sous-sol de l'Est, le sourire de Dola penché sur lui, qu'il ne percevait qu'avec peine aux travers des verres de son masque de Perles. Alors que des couteaux lui découpaient les chairs, que des cicatrices rondes creusaient sa peau, il reprit conscience avec violence, le cœur battant.

Et sa panique ne se calma pas : il ne reconnaissait rien de ce qu'il y avait autour de lui. Il ne se trouvait clairement plus dans le palais de Nanyuki : tout d'abord, la chaleur qui lui était tant insupportable avait disparue. Ensuite, les sols de mosaïques avaient été remplacés par un carrelage en damier, les coussins multicolores par un siège baroque au tissu bleu royal. Ses poignets et chevilles étaient liés aux accoudoirs et pieds de ce dernier par des Perles, billes noires et terrifiantes. Le jeune roi n'eut pas longtemps à réfléchir avant de comprendre qu'il était au Nord, ni qu'il était entre les mains de Dérime. Effectivement, dans un coin de la pièce, le dos appuyé sur le mur, Néréo était avachis par terre, les membres désarticulés.

Maxime eut une bouffée de terreur, voyant que le monarque, le menton posé sur sa poitrine, ne bougeait pas d'un millimètre : était-il mort ? Il ne pouvait pas l'être, Maxime le lui interdisait formellement ! Mais, bien vite, sa peur s'en alla, constatant que les épaules de Néréo se soulevaient dans un rythme régulier : il semblait juste endormi... Mais dans une position pareille ? Cela semblait improbable, encore plus pour un personnage comme le plus grand roi de Daress...

Sa coiffure en furie, des mèches violettes barraient son champs de vision et, il avait beau souffler en l'air, il ne parvenait pas à les faire remonter sur son crâne. Agacé, Maxime commença à examiner avec plus d'attention la pièce où il se trouvait. C'était une maison luxueuse, mais ce n'était pas non plus son palais, ou le manoir de Roye : cet endroit lui était totalement inconnu... De plus, il ne semblait n'y avoir personne autour d'eux : aucun bruit ne perçait l'épaisseur de la porte, qui se trouvait juste en face de lui, et le jeune roi ne pouvait apercevoir aucune ombre dans l'interstice entre le sol et le battant de bois.

Une nouvelle montée de stress s'empara du cerveau de Maxime, où étaient ses Coeurs ? Il était censé avoir terminé d'absorber celui de la Terre, mais... Il baissa les yeux, décrispant son poing, il n'avait même pas remarqué qu'il serrait les doigts aussi fort... Dans le creux de sa main se trouvait, lumineux, le Coeur du vent de la Terre... Le jeune homme ne pu retenir un soupir de soulagement, mais, encore une fois, il reprit conscience de la réalité avec brutalité. S'il lui restait le Coeur de la Terre... Ce n'était pas le cas de Daress. Le cordon autour de son cou, qui lui était devenu si essentiel, qui faisait maintenant presque parti de lui - même s'il avait été très réticent au départ -, avait disparu. Immédiatement, il se mit à jeter des coup d'œil partout, se tordant la colonne vertébrale, mais rien n'y faisait : la brûlure des Perles se faisait de plus en plus insistante, rongeant son épiderme.

- Bordel de chiotte ! Cracha-t-il entre ses dents

Comment avait-il fait pour se trouver dans une emmerde pareille ?! Comment les autres avaient-ils pu le laisser se faire prendre ! Ils n'étaient pas fichus de s'occuper correctement de lui, alors qu'il était inconscient et sans défense ! Mais surtout, comment Dérime avait-il réussit à rentrer dans le palais de Nanyuki ?! La réponse ne tarda pas à arriver dans son esprit : ses pensées se tournèrent de nouveau vers Néréo, qui n'avait toujours pas bougé. Maxime ne pouvait pas les voir, mais il aurait parié sa tête que le roi possédait les même plaies qu'il avait vue se former sur Faust, dans l'arène de la nouvelle Mendeal : Dérime s'était sûrement aidé de lui pour pouvoir s'infiltrer.