29. Cache cache

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Lundi 31 janvier 2011 - Amélie

- On se réveille les L ! On est arrivés !

Ce fut la voix de notre prof de sport qui vint me tirer brutalement de mon rêve, au cours duquel j'étais sur une scène avec Namjoon et nous acceptions notre prix à grand renfort de larmes, tandis que Hannah, Jiwoo, Sarah et les garçons nous regardaient en souriant, assis dans des sièges comme ceux qu'on voyait dans les cérémonies de remise de prix américaines. Mais malheureusement, il était temps de revenir à la réalité.

Tae, qui avait tenu mon ukulélé sur lui tout le long du trajet, attendit que je me redresse pour se lever de sa place et me laisser passer, puis il commença à traverser le bus au pas de course, toujours mon ukulélé sur l'épaule, pour descendre. Une fois dehors, nous nous mîmes à courir pour rejoindre nos camarades qui attendaient dans la hall d'entrée, profitant tout de même dans notre hâte de l'air frais de la montagne emplissant nos poumons. Les garçons auraient bien fait une remarque sur notre retard commun, mais ils étaient trop occupés à parler à Hannah pour prêter attention à nous.

- C'était horrible, expliqua-t-elle en geignant. Ils ont pas arrêté de gueuler pendant tout le trajet ! Sans oublier la musique à fond !

- Et les profs ont rien dit ? s'indigna Jungkook, qui, le bras passé autour de ses épaules, la réconfortait.

- Non ils étaient devant à discuter ils s'en foutaient !

Pendant que Hannah continuait de se plaindre de son trajet loin de nous, les professeurs de la classe faisaient l'appel. Tae s'approcha de mon oreille et me murmura :

- Après, on a deux heures de libre, tu veux qu'on descende visiter le village tous les deux ?

Je détestais que qui que ce soit s'approche aussi près de moi, mais c'était l'un des privilèges que je lui accordais.

- Nan attends, c'est l'occasion d'être tous les deux ici, lui murmurai-je à voix basse.

- Qu'est-ce que t'as en tête ? il me demanda avec un sourire taquin, auquel je répondis par un léger coup de coude dans les côtes.

Il se tut, mais il n'en pensait pas moins. Les profs nous firent rentrer dans le réfectoire, déjà rempli par les autres élèves. Nous nous assîmes tous à la même table, et regardâmes avec amusement les profs galérer avec le micro pendant de longues minutes. Finalement, ils abandonnèrent et l'un deux se mit à lister les règles du séjour, puis nous expliqua qu'après que nous soyons installés, ils nous accompagneront visiter le village, niché dans la vallée en bas des montagnes.

- Personne n'aura le droit de rester dans les chambres, si vous voulez rester au centre il faut que vous soyez dans les espaces communs avec les professeurs. Soyez prêts à l'heure prévu ! nous prévint notre professeur de sport.

Je lançai un regard à Tae, qui étouffa un petit rire, l'air de dire "rien à foutre de vos règles". Une fois le petit discours improvisé terminé, on nous libéra et nous montâmes nous installer dans nos chambres, montant les escaliers avec difficulté à cause de nos lourdes valises. Nos chemins se séparèrent de celui des garçons, l'étage qui leur était réservé étant en dessous du notre. Ils pensaient vraiment que ça allait changer quoi que ce soit ?

Une fois entrées dans notre chambre, nous posâmes nos valises dans un coin et commençâmes à faire nos lits. Hannah et moi avions opté pour le lit superposé, elle au dessus moi en dessous , tandis que Sarah et Jiwoo avait bougé les lits pour les rapprocher et faire de la place pour nos quatre valises. Une fois installées, les filles commencèrent à se préparer à partir.

- Je reste là, je vais faire une sieste je suis crevée et j'ai mal à la tête... me justifiai-je en descendant l'échelle.

- Tu vas pas venir ? Tu veux fricoter avec Taehyung c'est ça ? demanda Hannah en enfilant sa veste à la hâte.

- Je vois pas de quoi tu parles, je rigolai nerveusement.

- Vous avez pas le droit d'être à l'étage...

- Quoi, tu vas me balancer ? je plaisantai.

- Ils vérifieront pas de toute façon, lui répondit Sarah pour me couvrir. Tu veux un doliprane ?

- Nan merci, je vais juste dormir, ça ira mieux après. Réveillez moi quand vous rentrez !

Elles acquiescèrent, me promettant de me ramener des trucs à manger. Trop mignonnes. Dés qu'elles eurent quitté la chambre, j'envoyai un SMS à Tae : "Elles sont parties, t'en es où ?". Puis je m'allongeai sur mon lit en fixant le plafond. Quelques minutes plus tard, il me répondit : "Ils sont partis aussi, mais les profs patrouillent dans les couloir et vont vérifier dans les chambres, je me suis caché dans l'armoire, ils en sont encore à l'étage des mecs mais dépêche toi !". Vite, je me levai et m'enfermai à mon tour dans le placard qui décorait la chambre, parmi les manteaux, retenant mon souffle.

Après de longues minutes d'attentes, la chaleur et l'étroitesse du placard devenant insupportables, j'entendis des pas arriver dans le couloir puis s'arrêter devant ma porte, qui s'ouvrit doucement en grinçant. Mon cœur se mit à battre à toute vitesse, et je m'arrêtai complètement de respirer. Je ne pouvais qu'entendre de là où j'étais, alors je tendis l'oreille pour tenter d'analyser où était l'intrus. Celui, ou celle-ci d'ailleurs, ne resta qu'une petite minute dans la pièce avant de la quitter en refermant la porte.

J'attendis encore quelques minutes que les pas s'éloignent et se dirigent vers les escaliers, avant de sortir, toute rouge et pleine de sueur à cause de l'adrénaline. Je profitai du miroir qui était au dessus du lavabo pour me remettre un peu en état et aspergeai mon visage d'eau froide pour me rafraîchir. Je ne voulais pas que Tae me voit comme ça ! Ceci fait, je plongeai ma main dans ma poche, en sortant mon téléphone, qui affichait un nouveau message envoyé il y a trois minutes : "Je crois qu'ils sont partis mais je suis pas sûr".

Je lui répondis d'attendre encore un peu, plus pour me laisser le temps de me calmer que pour réellement prendre des précautions. Par la fenêtre, je pouvais voir les élèves s'éloigner, séparés en petits groupes, chacun accompagné de deux professeurs. Il y avait cinq groupes, donc dix adultes, ce qui signifiait qu'il en restait au moins un ici, sans doute l'infirmière. Il ne valait mieux pas tomber sur elle. Mon téléphone vibra à nouveau : "Bon, je pense que c'est bon. Tu descends ou je monte ?". Je réfléchis pendant un instant, pesant le pour et le contre sur laquelle des deux solutions était la moins risquée, puis décidai que dans tout les cas, c'était dangereux. "Je descends" lui répondis-je avant d'éteindre mon téléphone pour éviter de me faire repérer.

Doucement je commençai ma petite escapade en traversant le couloir sur la pointe des pieds, la froideur du sol traversant le tissu fin de mes chaussettes, puis descendis les escaliers tout aussi discrètement, me retrouvant bientôt dans le couloir des garçons, en "territoire ennemi" comme avait plaisanté Sarah. Un frisson parcourut mon échine lorsque je pensai aux sanctions que j'encourais si l'on me trouvait ici, mais ça valait le coup.

Je réalisai soudainement que, dans ma hâte, j'avais oublié de demander le numéro de la chambre de Tae. Quelle conne ! Il était trop tard pour rallumer mon téléphone maintenant, celui-ci prenant toujours au moins deux bonnes minutes à s'allumer. Soudain, une porte s'entrouvrit à l'autre bout du couloir et je vis apparaître le visage de Tae, qui me fit signe de me dépêcher. Je me précipitai dans sa direction et il ouvrit plus grand la porte pour me laisser entrer à l'intérieur de la chambre.

La première chose que je remarquai fut le bordel qui y régnait. Était-ce des fauves ou des garçons qui logeaient ici ? Les valises étaient ouverte et vidées de leur contenu, comme éventrées, des vêtements jonchaient les lits... Je n'eus pas le temps d'étudier beaucoup plus le désordre, car Tae me prit par la taille et m'attira vers lui.

- Bienvenue chez nous, me murmura-t-il avant de m'embrasser.

Les gens comme nous [Tome I]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant