Les gens comme nous [Tome I]

Bonus #2 - Le petit gringalet

Samedi 23 juillet 2011 - Amélie

Essoufflée après avoir couru aussi longtemps, je retrouvai Hugo devant le bureau de tabac. Vu sa tête, il m'attendait depuis un moment.

- T'en as mis du temps, il râla en me faisant la bise.

- Désolé, le bus était en retard.

Il leva les yeux au ciel en entendant mon excuse, puis me dit qu'il avait une surprise pour moi, mais qu'il fallait que l'on soit à l'écart pour en profiter.

- Pourquoi pas chez toi ? je demandai en le suivant, tandis qu'il marchait d'un air déterminé vers les escaliers en haut de la rue.

- J'en ai marre d'être enfermé chez moi, il fit en se retournant.

Mon dieu, qu'est-ce qu'il avait l'air fatigué... Ses traits étaient tirés, sa peau brouillée et ses yeux cernés. Il travaillait beaucoup en ce moment, je le savais car il était toujours trop fatigué ou occupé pour venir aux soirées. A vrai dire, c'était la première fois que je le voyais depuis le départ de Jiwoo.

- Ça va ? je demandai innocemment.

- Oui, pourquoi ?

- T'as l'air crevé.

Il sourit et passa son bras autour de mes épaules, m'assurant :

- Tout va bien Mel, t'inquiète pas.

Je n'étais toujours pas convaincue, mais je me tus pour ne pas le contrarier. Il nous mena jusqu'aux ruines du vieux château médiéval qui surplombait la ville, antan. Le même endroit où tae m'avait emmené l'année dernière. Une fois finalement arrivé en haut, il s'affala sur l'herbe bien verte et ferma les yeux.

- T'as envie de finir comme Yoongi ? je rigolai en le regardant se prélasser au soleil.

- Si tu me donnes pas d'eau, alors mon destin est immuable, il fit en plissant les yeux pour me voir.

Je levai les yeux au ciel, ouvris mon sac pour en sortir ma bouteille d'eau, et lui tendis.

- Il fait tellement chaud ici, il soupira en se redressant après avoir avalé la moitié du contenu de ma bouteille. Merci.

- De rien. C'est quoi la surprise ?

Il s'étira et sourit.

- Devine.

- Tu t'es débarrassé de la famille Blanchu ?

La "famille Blanchu", c'était le nom que nous avions donné à la colonie de cafards qui infestait son petit appartement depuis quelques temps. Le nom était bien entendu inspiré par le nom de famille de Maëlle.

- Oui, il hocha la tête. Mais c'est pas ça.

- Rah, dis moi ! j'ordonnai. Je suis pas montée jusqu'ici dans cette chaleur pour qu'un petit gringalet me fasse faire des devinettes !

- Fidèle à toi-même, il pouffa. Le petit gringalet te demande si c'est ton dernier mot.

- Hugo !

- Excuse moi, je ne réponds qu'à "petit gringalet" dorénavant.

Je soupirai, qu'est-ce qu'il était con ce gars.

- Oui, petit gringalet, c'est mon dernier mot. Maintenant dis moi sinon je t'assure que tu redescendras pas d'ici entier.

- D'accord, d'accord, il fit pour m'apaiser (les menaces vides marchaient très bien chez lui). Attends une seconde.

Il ouvrit sa banane de dealer (c'est comme ça que je l'appelais en tout cas) et en sortit soigneusement un petit sachet contenant du cannabis, ainsi que deux joints. Il m'en tendit un.