Les gens comme nous [Tome I]

84. RAID, pt3 (Retour en arrière)

Samedi 21 mai 2011 – Taehyung

Je les avais enfin trouvées dans une immense pièce qui comportait un énorme écran à plasma qui recouvrait presque entièrement l'un des murs, un système sonore avec des haut parleurs et des fauteuils semblables à ceux que l'on trouvait dans les cinémas. Dans un coin de la pièce, il y avait un billard et un baby-foot, sur lequel les filles étaient en pleine partie. Elles avaient levé la tête vers moi comme si elles étaient surprises de ma présence.

- Bah Tae, qu'est-ce que tu fais là ? avait même demandé Amélie.

- Ça fait littéralement deux heures qu'on vous cherche, en fait.

- Oh, on a pas vu le temps passer, s'était justifiée Sarah.

Puis elles m'avaient invité à faire une partie de baby-foot, et je n'avais pas su refuser. Après avoir gagné à de multiples reprises, j'avais décidé de tester les fauteuils, et Amélie m'avait rejoint. Il était enfin temps pour moi de profiter d'être avec elle ce soir.

- Ça marche, ce truc ? je demandai avec un signe de tête vers l'écran géant.

- Je sais pas, on a pas voulu essayer. Déjà que je suis même pas sûre qu'on ai le droit, par rapport au baby-foot...

- Oh elle t'en voudra pas... C'est pas un monstre non plus.

Je la sentis se raidir à ces mots. Il était peut-être temps de lui demander ce qu'il s'était passé avec Maëlle dans tous les détails, ce que je fis en lui précisant qu'elle n'était pas obligée de répondre. Amélie soupira et fixa le sol couvert de moquette pendant quelques secondes avant de répondre :

- Elles ont monté tout le monde contre nous. Personne ne voulait nous parler, parce qu'elles lançaient des rumeurs pour nous isoler. Tous les jours, c'était un nouveau truc. Une fois, elles m'ont même fait croire qu'un mec super populaire avait un crush sur moi. J'avais douze ans, j'étais naïve, je voulais me sentir aimée, alors je suis allée le voir. Mais évidemment c'était faux, il m'a foutu un gros râteau et il a passé le reste de l'année à se foutre de ma gueule par rapport à ça. Voilà, entre autre, pourquoi j'avais du mal à penser que tu m'aimais vraiment bien. Comment je pouvais savoir que t'étais sérieux ?

Elle me semblait tellement fragile et vulnérable à cet instant, j'avais juste envie de la consoler en la prenant dans mes bras. Mais elle continua :

- Toi, t'étais là tout le long, mais tu voyais rien. Obnubilé par tes potes. Tu le savais non ? Tu savais, ce qu'elles disaient sur nous.

- J'ai entendu des trucs, oui, mais j'y ai jamais cru. Tu sais ce que je pense des rumeurs...

Amélie me lança un regard noir.

- T'as rien fais. Pourquoi t'as rien fais ? C'était un enfer, Tae, tu te rends pas compte. Heureusement que j'avais Hannah...

Je ne su quoi répondre. A l'époque, je préférais que ce soit les autres plutôt que moi. C'était lâche, et je n'y avais jamais vraiment repensé jusqu'à maintenant, à vrai dire.

- Je suis désolé, je murmurai doucement. Si c'était à refaire, je...

- Justement, elle répliqua en me coupant subitement la parole. Maintenant, tu sais. Maintenant tu peux lui faire payer.

- Comment ça ?

- Je te suggère pas d'aller la tuer non plus, elle éclata de rire, un rire qui montrait qu'elle avait déjà bien bu. Mais tu peux l'ignorer totalement. Elle te veut, tu le sais bien. Y'a rien qui lui ferait plus de mal que de la rejeter, elle a pas l'habitude.

- Tu veux pas que je la tue plutôt ? je suggérai pour la faire rire, ce qui fonctionna à merveille.

J'aimais mieux la voir comme ça. Elle posa sa main sur la mienne, qui reposai sur l'accoudoir, et me murmura qu'elle ne méritait en fait même pas qu'on s'intéresse à elle.