76. Ribs, pt5 (A thousand miles)

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Samedi 2 avril 2011 – Namjoon

J'entendais le vent siffler dans mes oreilles tandis que je courais à toute vitesse à travers la ville, sans faire attention aux rares passants qui devaient me prendre pour un fou. Mes mouvements étaient devenus automatiques.

Je savais que si j'attendais d'avantage, je ne lui dirais jamais, et je refusais de laisser filer encore une journée sans lui. J'étais prêt. Seul le bruit de mes foulées résonnaient dans les petites rues étroites, et je ne réfléchissais même pas à ce qui allait se passer ni à ce que j'allais dire. Les mots viendraient tous seuls.

Je m'engageai dans la rue adjacente au lycée sans ralentir, tant bien que mal. Mais mes muscles, eux, commençaient à fatiguer, et au bout d'un moment, me forcèrent à ralentir ma cadence puis à m'arrêter complètement.

Je me penchai en avant pour reprendre mon souffle, et j'entendis des bruits de pas dans la petite rue déserte. Je ne pris pas la peine de regarder qui c'était, ce n'était pas important. Les pas se stoppèrent.

- Namjoon ? appela une voix familière.

Comme une apparition, je le vis, debout au milieu de la rue. Quand il me reconnut, il cria de nouveau mon nom :

- Namjoon ! Je me disais bien que c'était toi !

Ça y, c'était enfin le moment. Ma respiration était redevenue régulière, mais mon cœur s'emballa de nouveau.

- Jin, je laissai échapper en m'approchant de lui. Je... Je te cherchais.

Ses yeux rencontrèrent les miens et il sourit. Est-ce qu'il avait compris ?

- Promets moi que tu t'enfuiras pas cette fois, je murmurai en posant ma main sur son épaule.

Il hocha la tête, et j'avalai ma salive, avant de commencer :

- Écoute... Ça fait des mois que je me torture à me demander si c'est réciproque, si je vais avoir le courage de te le dire, si je suis prêt... J'en peux plus, je veux plus attendre. J'aurais jamais pensé pouvoir ressentir ça pour quelqu'un un jour, encore moins un de mes meilleurs amis mais...

Je marquai une pause. Il fallait que je le dise, clairement.

- Si je te le dis pas maintenant je te le dirais jamais, je soufflai finalement. Je t'aime Jin.

Sans réfléchir davantage, je posai ma main sur sa joue et mes lèvres sur les siennes. C'était exactement comme je me l'étais imaginé. Le baiser se prolongea pendant un long moment, jusqu'à ce que je finisse par reculer. Jin se rapprocha pour m'enlacer.

- Je t'aime aussi Namjoon, il murmura en passant sa main dans mes cheveux, les larmes aux yeux.

Samedi 2 avril 2011 – Taehyung

Après avoir croisé Namjoon, Amélie et moi avions décidé de poursuivre nos recherches. Sur le chemin, je tentai de me rappeler de la direction qu'ils avaient prises en partant, en vain. Sur le moment, j'avais surtout pensé à nous sauver, moi et elle.

- Aucun de ces deux cons ne me répondent, s'agaça Amélie en rangeant son téléphone dans la poche arrière de son jean.

- Tu crois qu'il leur est arrivé quelque chose ?

Elle se mordit la lèvre, perplexe. C'était une possibilité, pas la seule, mais bien la pire.

- Jamais, elle souffla simplement. Ils se seraient jamais laissés faire.

"J'espère qu'elle a raison", pensai-je en la suivant docilement dans la rue déserte. Pourquoi est-ce que chaque bal se terminait mal ? Le premier s'était fini en querelle, et le deuxième en course poursuite avec la police.

Je commençais tout juste à me dire qu'il ne valait mieux pas aller au prochain quand Amélie suggéra d'aller regarder dans le plus grand parc de la ville qui se trouvait à quelques centaines de mètres de là. Enfin, plutôt ordonna.

- J'espère qu'ils ont pas bougé depuis... elle soupira.

Alors nous nous mîmes en route, et je revins à ma réflexion première. Pourquoi ne pas simplement passer une soirée tranquille chez l'un d'entre nous ? Quand je fis part de mon idée à Amélie, elle eut un petit rire.

- C'est vrai que c'est plutôt marrant au final, quand même, elle avoua.

- Et dire que tu m'as engueulé tout à l'heure !

- Je sais, mais maintenant que Namjoon a enfin décidé d'avouer ses sentiments à Jin je me sens beaucoup plus légère !

- J'espère qu'il s'est pas ravisé...

- Moi aussi. Tiens moi ça, elle lança en me tendant son sac.

- Pourquoi ?

- Tu poses beaucoup trop de questions Taetae, elle affirma avec un petit sourire malicieux.

La question ne se posait pas, en fait. Elle se mit à rouler une cigarette en marchant devant moi, et l'alluma quand nous arrivâmes devant les grandes grilles en fer qui gardaient le parc. Enfin, gardaient... Elles étaient grandes ouvertes. Amélie éclaira le parc avec la lampe torche que Jungkook lui avait prêtée, et je commençai à appeler :

- Yoongi ! Hoseok ! Vous êtes là ?

Pas de réponse. Après la troisième fois, je commençai à perdre espoir, mais Amélie me fit remarquer que le parc était très grand et qu'ils ne nous avaient peut-être tout simplement pas entendus. Buisson par buisson, banc par banc, je me mis à inspecter chaque recoin du parc. Toujours aucune trace des deux. Amélie était partie devant pour rejoindre le fond du parc, et au bout d'un moment, je n'entendis plus le bruit de ses pas sur le gravier.

- Mel ? je commençai à crier, inquiet.

- Je les ai trouvés, viens !

Je courus pour la rejoindre. Ils étaient bien amochés, mais c'était eux. Je passai ma lumière sur leur visages meurtris, les éblouissant au passage.

- Qu'est-ce qu'il vous est arrivés à vous deux ?

Yoongi lança un regard à Hoseok, qui répondit en bredouillant :

- On... Les branches...

- C'est les branches qui vous ont fait ça ? interrogea Amélie, sceptique. C'est dangereux la flore de ce patelin dis donc.

Non seulement ils mentaient, mais en plus ils n'avaient même pas réussi à se trouver une couverture crédible.

- Vous vous êtes battus avec qui ? je demandai pour les pousser dans leurs retranchements.

- Tous les deux, finit par avouer Yoongi. Rien de grave, t'inquiète pas.

- Rien de grave ? s'indigna Amélie en se rapprochant d'eux pour les examiner de plus près. Hoseok a une lèvre ouverte et toi Yoongi t'as un putain d'œil au beurre noir ! Je pensais que c'était réglé votre histoire !

Ils restèrent silencieux. Manifestement elle avait eu tort. Mais maintenant, il était temps de rentrer, nous fit-elle remarquer très justement.

- Tout le monde va bien ? s'enquit Hoseok pour changer de sujet, titubant à côté de moi.

- Oui. Namjoon court toujours, il est allé tout dire à Jin, expliqua Amélie qui marchait en tête du groupe. Par contre va falloir leur trouver une explication pour vos conneries à tous les deux, vous avez tout le temps d'y réfléchir.





Les gens comme nous [Tome I]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant