13. Si seulement

95 10 16
                                    

Mardi 26 octobre 2010 - Taehyung

Les rayons du soleil éclairaient mon visage et réchauffaient mes paupières closes. Je tournai les yeux vers Amélie, les cheveux auréolés rendu blonds par le soleil automnal, qui lisait le contenu de mon carnet avec attention. Elle se rendit compte de mon regard posé sur elle et me lança, sans se détourner de sa lecture :

- Tu fais quoi Taetae ?

- Rien, je souris. T'as l'air concentrée, c'est mignon.

Elle me sourit à son tour.

- Ce qui est mignon, c'est ce qu'il y d'écrit là dedans, me dit-elle en fermant le petit carnet soigneusement. Enfin, pour la partie que j'ai compris, c'est à dire pas grand chose.

Je pouffai.

- Je savais pas que tu savais écrire le coréen, je croyais que t'étais né en France, Amélie reprit tout en arrachant de ses doigts l'herbe sur laquelle elle était assise.

- Je suis né à Daegu, ma mère m'a appris à le lire et à l'écrire quand j'étais petit. Je veux pas ne pas savoir parler la langue de mes parents. C'est pareil pour les autres, d'ailleurs. Enfin, lui dis pas que je te l'ai dit, mais Jungkook est le moins bon d'entre nous.

- Promis. Donc, reprit-t-elle après avoir marqué une pause. T'écris des chansons ? C'est super cool.

- Ouais, on peut dire ça. Et toi ?

- Quoi et moi ?

- T'écris quoi dans ton carnet ? Allez, je t'ai montré le mien ! ajoutai-je quand je vis qu'elle n'avait pas l'air d'avoir envie de me répondre.

Elle me répondit finalement doucement, en rougissant un peu :

- Oui j'écris des chansons, voilà.

- Nan sérieux ?! Montre moi !

- Tu verras en temps et en heure. J'emmènerais mon ukulélé au ski, t'auras le droit à un petit concert privé, me taquina-t-elle avec un clin d'œil.

- Je suis pas sûr de venir, lui dis-je à regret. C'est super cher, et j'en ai pas fait depuis vraiment longtemps...

- Si, viens ! Y'a des aides financières, et puis ça sera super cool !

Elle me donna un coup de coude, puis me menaça :

- Si tu viens pas, je te parle plus Kim Taehyung.

Elle avait très bien compris que m'appeler par mon nom complet m'énervait, alors elle en jouait.

- Voyons, comment tu t'en sortiras sans voir mon splendide visage tous les jours ?

- Justement, c'est pour ça que je veux que tu viennes au ski, répliqua-t-elle d'une voix boudeuse.

C'est vrai qu'une semaine sans les autres, et surtout sans Amélie, ça allait être ennuyeux. D'autant plus qu'un planning de cours maintenus avait été prévu pour les élèves qui ne venaient pas, donc ce n'était même pas une semaine que j'allais pouvoir passer tranquillement chez moi à rien faire.

- Ah merde ! s'exclama-t-elle soudain en regardant son téléphone. Il est bientôt midi, les autres sont sûrement déjà sortis. Viens, on y va.

Elle alla récupérer son sac et je fis de même. Je n'avais pas vu le temps passer, j'étais si bien ici avec elle. Nous descendîmes prudemment pour arriver au bas de l'escalier de pierres qui nous avait mené au château et qui donnait sur la rue. Nous marchâmes quelques minutes afin de rejoindre les autres qui se trouvaient au fast-food à côté du lycée. A notre arrivée, ils étaient déjà devant le comptoir et commandaient. Quand Jimin nous vit, il donna un coup de coude à Hoseok.

- Alors, on est en retard ? nous demanda-t-il avec un sourire salace.

Hoseok, à côté de lui, se détourna de nous et tapota le comptoir distraitement, évitant mon regard. Il n'avait pas l'air bien en ce moment, surtout depuis la soirée. Je me demandais bien ce qu'il se passait dans sa tête.

Mardi 26 octobre 2010 - Hoseok

Assis à la table, j'observai Taehyung et Amélie qui, côte à côte se partageaient une grosse barquette de frites. J'aurais tellement aimé qu'il me regarde comme il la regardait elle, qu'il me donne le même genre de sourire chaleureux qu'il lui offrait volontiers. Elle ne se rendait même pas compte de la chance qu'elle avait, tandis que moi, je le connaissais par cœur. Je l'avais consolé quand il était triste, écouté ses confidences les plus intimes. J'avais toujours été là pour lui. Elle, elle ne savait rien, absolument rien de tout ça, mais il était amoureux d'elle.

Le pire c'est que je ne pouvais même pas leur en vouloir, car je voulais que Taehyung soit heureux, et si c'était au prix de mon propre bonheur, ça m'allait. Le bruit qui m'entourait devenait insupportable, c'était déjà assez bruyant dans ma tête, je n'avais pas besoin de ça en plus. Je quittai ma chaise et attrapai mon sac. Jimin me lança un regard en coin et me demanda où j'allais tout en protégeant ses frites de Jiwoo avec ses mains.

- Prendre l'air ! je lançai comme seule réponse.

Les autres se retournèrent tous vers moi.

- Qu'est-ce qu'il a ? j'entendis Amélie demander alors que je m'en allais.

Je retrouvai la rue, et prit une grande bouffée d'air. Je commençai à marcher sans but, sauf peut-être celui de m'aérer l'esprit.

- Hobi, attends !

Yoongi accéléra seulement le pas pour me rattraper et mit sa main sur mon épaule. Nous n'avions jamais reparlé de ce qu'il s'était passé vendredi dernier, et avions continué à agir comme si rien ne s'était produit. Mais à cet instant, dans son regard, je vis la même lueur que celle qui illuminait ses yeux ce soir là. Nous nous étions stoppé tous les deux, comme ça, au milieu de la rue, son regard plongé dans le mien et sa main toujours sur mon épaule.

- Tu veux en parler ? m'interrogea-t-il d'une voix douce que je ne lui connaissais pas.

A peine avais-je ouvert la bouche que je fondis en larmes.

Les gens comme nous [Tome I]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant