Lundi 3 janvier 2011 - Amélie
Il était assis en tailleur, lisant Gargentua à voix haute, marmonnant qu'il n'y comprenait vraiment rien, butant presque sur chaque mot. Au bout d'un moment, il en eut marre et jeta le livre à l'autre bout du lit, puis s'exclama :
- Pourquoi elle nous fait lire ça, sérieux !
- Tae on est en L... C'est un classique !
- T'as compris toi ?
- Non, lui répondis-je en me saisissant du bouquin et en feuilletant les pages. Mais c'est parce que tu lisais l'ancien français, banane.
Il rit de sa bêtise et me reprit le livre des mains, pour le poser sur sa table de chevet, à côté de la tête du lit.
- On a assez bossé pour aujourd'hui tu crois pas ? Tu veux pas qu'on fasse autre chose ?
- Ça dépend de ce que tu veux dire par autre chose... je fis.
Il sourit, ses cheveux retombant dans ses yeux, qu'il remit en place de sa main droite, puis me proposa de jouer à Mario Kart pour se venger de l'heure de boulot que je lui avais fait subir. J'avais tendu une perche, et il m'avait complètement ignorée.
- Tu me connais pas, je suis une professionnelle ! lui lançai-je en prenant la manette de Wii qu'il me tendait, cachant ma déception.
- On va voir ça très vite ! me répondit-il sur le même ton avec un clin d'œil.
J'étais rouillée, je me prenais des murs et tombait dans la lave assez souvent, mais je fis une remontée fulgurante à la fin du troisième tour, ce qui me permis de terminer cinquième tandis que Tae trônait en première place. Nos genoux n'avaient pas arrêtés de se cogner durant toute la durée de la partie, aussi je ne serais pas étonnée si, en prenant ma douche ce soir, je découvrais des hématomes. Il se redressa et se tourna vers moi, l'air d'attendre quelque chose.
- T'as les genoux pointus bordel, je lui fis part de ma douleur en faisant une grimace et en me frottant le genou.
Quelques dizaines de minutes plus tard, nous étions assis tous les deux côtes à côte au pied de son lit, à même le sol, à discuter du voyage au ski, du temps horrible qu'il faisait, de tout et de rien, quand sa mère rentra dans sa chambre, un panier à linge dans les bras.
- Oh, tu ne m'avais pas dit que tu avais une invitée ! s'exclama celle-ci avec un regard complice initialement à l'intention de son fils, mais que j'avais très bien repéré.
- Oui désolé maman, c'est Amélie.
Je me levai et la saluai en essayant du mieux que je pouvais de masquer ma gêne, celle-ci accrue quand elle ajouta :
- Ah, la Amélie ! Heureuse de pouvoir enfin de te rencontrer !
Puis elle quitta enfin la pièce en laissant son panier de linge propre sur une chaise, fermant la porte doucement. Après avoir attendu que ses pas s'éloignent et que le silence revienne, je me retournai vers Tae.
- Elle est cool ta mère, je croyais les parents coréens plus stricts...
- Elle est comme ça qu'avec les invités, il me répondit en soufflant du nez, puis se pencha pour se rasseoir sur la moquette.
Une fois installée de nouveau près de Tae, j'en profitai pour évoquer un détail qui m'avait mis la puce à l'oreille dans la conversation.
- Tu lui beaucoup parlé de moi ? je demandai avec précaution.
- Nan, c'est Eonjin...
Voyant mon regard perdu, il ajouta :
- Ma sœur, elle nous a vus ensemble devant le lycée une fois quand ma mère est venue me chercher, depuis elle s'arrête pas.
Puis le silence s'installa, interminable. Il s'approcha doucement de moi.
- Dis... commença-t-il.
- Oui ? j'articulai, mon cœur battant la chamade.
J'essayai de ne pas avoir l'air trop mal à l'aise et de ne surtout pas reculer. Ça allait peut-être enfin arriver !
- Je... Ça fait longtemps que je veux te le dire, mais j'arrivais pas à trouver comment. Et tout le monde me pousse à le faire, alors...
- T'as pas à le dire si t'es pas prêt Tae, je fis doucement.
Je ne voulais pas qu'il se force, même si je voulais absolument l'entendre le dire. Il me regarda un instant sans rien dire, puis ouvrit la bouche.
- Je sais pas si je suis prêt, mais je suis suis sûr d'une chose. Y'aura jamais de moment parfait, et plus j'attends plus c'est dur. Alors...
Il se stoppa à nouveau. J'avançai ma main pour la poser sur la sienne. Mon geste sembla lui donner du courage.
- Depuis qu'on a commencé à parler, tu me plais. Quand tu me regarde, quand tu rigoles, quand tu me souris... J'ai l'impression qu'il y a que toi, et que mon cœur va exploser. Et je pense que tout ça tu le sais déjà, mais... Je voulais te le dire.
Son regard était plongé dans le mien, et il semblait qu'il n'avait aucune intention de s'en détourner. J'avais attendu qu'il dise ça pendant six ans. Je me l'étais déjà joué dans ma tête un millier de fois, encore et encore, rêveuse. Et étrangement, maintenant que ça arrivait, ce n'était rien comme je l'avais imaginé. C'était encore mieux.
Mais dans les films que je m'étais fais, j'avais toujours une tirade épique remplie d'amour à lui proclamer en retour. Sauf que là, à l'instant crucial, j'étais coincée avec un grand sourire niais, sans savoir quoi dire. Une petite voix me dit qu'un geste serait plus parlant que des mots, et je décidai de prendre mon courage à deux mains et de l'écouter.
J'approchai timidement mon visage du sien et posai mes lèvres sur les siennes. Je compris alors de quoi me parlait Hannah. Les papillons, les frissons. C'était la première fois que j'embrasse qui que soit. Il posa sa main sur ma joue, et prolongea notre étreinte. Il ne voulait pas que ça s'arrête, et moi non plus. Je me sentais tellement bien. Seulement, il fallait bien respirer, alors nous mîmes fin à notre premier baiser.
Je me mis à rigoler nerveusement, et il m'imita rapidement. Lorsque que je commençais à me calmer, je le regardais et me mettais à rire de plus belle. J'étais certaine que c'était toute la pression qu'on s'étaient mis pour rien qui s'évacuait enfin. Finalement, une fois calmés, il se pencha vers moi et me fit basculer sur le dos pour m'embrasser de nouveau. Pareil que la première fois. Peu importe ce qu'il pouvait bien se passer ailleurs, que ce soit à côté de chez moi ou à l'autre bout du monde. J'embrassais Kim Taehyung dans sa chambre.
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Les gens comme nous [Tome I]
Fanfiction"Pourquoi il me regarde comme ça lui ? C'est pas parce qu'il est populaire qu'il doit se croire tout permis !" Il parait qu'un jour peut tout changer. Et si ce jour là changeait leur vie pour de bon ?