Une vie, une destinée

Chapitre 3

-Pardon ? je réponds, ne voulant toujours pas y croire

-Tu es une porteuse, répète Adàn, tu seras envoyée sur la planète RURA dès cet après-midi.

Je n'ose même pas regarder mes parents tellement j'ai peur de leur réaction. Je quitte mon fauteuil pour venir récupérer le diplôme. La dame me regarde avec compassion ainsi que le reste de la salle. Je n'arrive à réaliser ce qui vient de se passer, j'ai tellement l'impression que tout ceci est une mise en scène, un mauvais rêve auquel je vais me réveiller. Pourquoi fallait-il que ça tombe sur moi ? Je n'ai jamais voulu de tout cela.

Ma mère vient vers moi et me prend finalement dans ses bras. Je me retiens de pleurer, je dois paraître forte, courageuse, pour ma famille et pour moi. Mon père m'embrasse sur le front et me murmure :

-Tout va bien se passer Alia, tu es courageuse et intelligente. Tu va réussir à t'adapter.

-Mais je ne veux pas partir papa, ma place est ici, auprès de vous.

-Ma fille, tu as été désignée par les porteurs, tu ne peux pas refuser. C'est ta destinée, tu ne peux pas y échapper.

Je le serre fort contre moi. Je sais que je ne les reverrai plus jamais et c'est cela qui me déchire le coeur. Mon frère s'approche de nous et m'enlace à son tour :

-Tu vas t'en sortir soeurette, j'en suis sûre.

Adàn arrive vers nous et me regarde; il m'attend.

-Prends soin de toi, je déclare, et de papa et maman.

Il me fait un clin d'oeil avant de me sourire.

Je prends ma valise à contre coeur et les regarde une dernière fois.

-Je vous aime, je souffle

Adàn m'entraîne vers la porte et j'ai le temps d'apercevoir ma mère se mettre à pleurer dans les bras de mon père. J'inspire et expire profondément tout en suivant Adàn. Comment vais-je faire sans eux ? Je sais d'avance que je n'y arriverai pas.

-Ça va ? me lance t-il

Je lève la tête vers lui et souris, il faut que je paraisse sereine aux yeux des autres. Ne jamais montrer quand on a peur, c'est la deuxième règle des combattants.

-Très bien.

Il esquisse un sourire, il sait très bien que je ne vais pas bien. Nous arrivons dans un hall et Adàn me mène à un mystérieux monsieur, habillé d'un costume noir et muni d'une paire de lunette.

-Ce porteur va t'emmener sur la planète RURA, ça va aller ?

-Maintenant ? je réponds surprise

Il acquiesce. Je me tourne vers l'homme et réplique :

-Je suis prête alors, nous pouvons partir.

-Bien, allons y.

Peut-être que pour les porteurs, traverser la galaxie est quelque chose de tout à fait anodin, pour moi c'est à la fois effrayant et excitant. Les progrès scientifiques réalisé ces dernières années ont permis aux hommes de se matérialiser dans un autre endroit de manière réelle et non pas seulement par un hologramme. Je me demande encore souvent comme cela est possible.

Le mystérieux inconnu sort une sorte de stylo argenté de sa poche et retrousse sa manche. Je remarque alors son tatouage : un triangle noir encerclé. Il passe lentement le stylo sur le signe qui sans attendre devient rouge comme si sa peau était brûlée. Il me tend ensuite son bras et e m'accroche à lui et nous nous retrouvons engloutis comme dans un tourbillon. Traverser la galaxie est plutôt rapide. En cinq secondes nous nous retrouvons sur la planète RURA. Il fait un peu plus froid ici, mais ce n'est pas désagréable. Le ciel est bleu et la rue déserte. Cette planète est très petite comparé à CORA et n'est presque pas habitée. Nous ne sommes que vingts.