Chapitre 42

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-Je peux rentrer ?

-Bien sûr ! De toute façon je dois y aller, déclare Lynda, Jérémy m'attend pour le petit déjeuner.

Elle ramasse quelques affaires puis s'éclipse avec un clin d'oeil. Notre discussion d'hier soir me revient en tête, il faut impérativement que je lui parle. Enovan entre dans la pièce et vient prendre la place qu'occupait Lynda.

-Comment vas tu ?

-Bien ! Mieux qu'hier en tout cas.

Certe mes blessures ont été soignées et commencent à cicatriser mais le décès de Tracy m'attriste toujours autant. Je n'arrive pas à me remettre de la mort de ma meilleure amie, c'est tellement difficile d'accepter le fait qu'elle n'est plus là à présent.

-Et toi ? je demande, ça va ?

-Oui, je n'ai pas été blessé tant que ça.

Ses yeux verts me transpercent et je me sens défaillir, c'est le moment de tout lui révéler, je lui dois des explications sur tout ce qui s'est passé. Cette situation ne plus durer, j'ai envie de retrouver le Enovan d'autrefois, celui qui souriait tout le temps et qui adorait me taquiner. Je sais que pour lui je l'ai trahi, je lui ai menti mais si j'ai fais tout ca c'était pour la bonne cause et en aucun cas pour le blesser. Et le voir distant et froid ses derniers jours m'a fait réalisé que je tenais plus à lui que je ne le croyais. Alors je dois arranger les choses entre nous, je veux qu'il comprenne pourquoi j'ai agi comme ça.

-Enovan ?

Il lève la tête vers moi, sceptique :

-Oui ?

-Il faut que je te parle...

Les mains tremblantes, je me mordille la lèvre inférieur, stressée.

-Je vais tout t'expliquer, je lâche, mais promets moi de me laisser parler jusqu'au bout.

L'air est pesant et je fixe la couette de peur de le regarder dans les yeux.

-Je te le promets.

C'est le moment de tout avouer. Cette charge qui pèse sur mes épaules va enfin s'alléger et je serais libérée de ce fardeau, de ce mensonge qui m'opprime depuis si longtemps.

-Je sais ce que tu penses de moi et c'est normal, je t'ai menti. Tu as le droit d'être en colère contre moi pour ce que j'ai fait mais tout est une mise en scène depuis le début. Je n'aime pas Alex.

Je me racle la gorge puis me décide à lever les yeux vers lui. Il me fixe, une expression neutre sur le visage.

-Quand je t'ai vu arriver vers moi, le jour de la mission, et que nous avons discuté. Je comptais tout t'expliquer. Mais William nous as dérangé et j'ai dû partir le tuer avant de tout de dire. Et puis Alex est arrivé et il m'a prise dans ses bras et c'est là que je t'ai aperçu. Je me sentais tellement mal, mais je ne pouvais pas repousser Alex, je devais lui faire croire que ses sentiments étaient réciproques.

-Pourquoi as tu fait semblant de sortir avec lui ?

-Parce que c'était le seul moyen pour entrer dans le groupe des opposants. Le jour où j'ai rejoint Alex à l'église, je pensais qu'avec une simple discussion, le tour était joué. Mais il m'a prise au dépourvu en me demandant où nous en étions et si nous pouvions tout recommencer à zéro et repartir sur de bonnes bases, ensemble. Je savais très bien que si je lui disais non, les choses seraient compliqués alors j'ai accepté. Je n'ai pas vu d'autres choix possibles. C'était la seule façon de passer inaperçue.

-Mais pourquoi ne m'as tu pas tout expliqué de suite ? J'aurais compris.

-Tu venais à peine de m'avouer que tu ressentais quelque chose pour moi, je ne voulais pas tout gâcher... Et puis j'avais peur de ta réaction, peur que tu ne comprennes pas pourquoi je l'avais fait.

Il secoue la tête et un petit sourire se dessine sur ses lèvres.

-Je comprends mais tu n'aurais pas dû agir d'une telle manière, le mensonge ne mène à rien. Même si cette nouvelle m'aurait sûrement fait mal au coeur, j'aurais compris. Tu as fait ce qu'il fallait pour réussir ta mission, jamais je n'aurais pu t'en vouloir pour ça.

Toutes mes préoccupations et mes peurs s'envolent d'un seul coup et je me sens alors plus légère. Moi qui craignait qu'il ne comprendrait pas, quelle idiote.

-Tu me pardonnes alors ? je réplique d'une voix encore mal assurée

Il rit en prenant mon visage entre ses mains.

-Bien sûr.

Et sans réfléchir une seconde, il pose ses lèvres chaudes sur les miennes. Je l'embrasse avec fougue comme si le monde en dépendait. Il m'avait tellement manqué. Son corps se rapproche du mien et je passe mes mains autour de son cou. Il me prend alors par la taille pour me positionner sur ses genoux et mon coeur s'accélère. Jamais de ma vie, je n'aurais cru un jour ressentir de telles émotions. Mon corps est parcouru de frissons et je n'arrive pas à me détacher de lui. Nos langues se cherchent, s'entremêlent. J'ai de plus en plus chaud. Quand il me relâche enfin, j'ai l'impression que le monde s'est arrêté de tourner. Je suis totalement perdue, désorientée. Il replace une mèche de cheveu derrière mon oreille et murmure les mots que j'attendais depuis si longtemps :

-Je t'aime Alia.

Mon coeur tambourine dans ma poitrine à une allure folle et j'ai l'impression de perdre pied. Enovan me fixe, attendant ma réponse. Je caresse sa joue du bout des doigts et déclare :

-Je t'aime aussi Enovan.

Il sourit et m'embrasse à nouveau. Je me blottis dans ses bras et respire son parfum, la tête posée contre son torse et écoute chaque battement de son coeur. J'aimerais rester ainsi encore un peu mais ma stèle vibre, m'obligeant à me détacher de lui. C'est un message d'Antoine :

"Rendez vous dans cinq minutes dans mon bureau."

Je lève les yeux vers Enovan et souris tristement.

-Je vais devoir y aller, je déclare à contre coeur

Il se lève pour me rejoindre et entrecroise ses doigts aux miens.

-On se voit tout à l'heure ?

-Je te rejoins dès que possible.

Il sourit et m'embrasse sur le front et je quitte la chambre pour descendre au rez de chaussé. Passons aux choses sérieuses maintenant.

Une vie, une destinéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant