Chapitre 4

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Après avoir vidé ma valise dans mon armoire et m'être un peu reposée, je descends au rez de chaussé. Anny accoure vers moi avec un sourire :

-Alia, j'allais venir te chercher !

-Je suis là, qui a t-il ?

-Eric t'attend pour faire le tatouage.

Je grimace, anxieuse. Devenir porteuse m'angoisse un peu, je n'arrive toujours pas à me faire à cette idée. C'est si difficile de réaliser que ma vie est ici maintenant.

-Viens, la salle de tatouage est par ici, me dit-elle en m'entraînant par le bras

Je la suis et nous traversons un couloir pour débusquer dans une vaste pièce aux murs blancs. J'aperçois Eric qui est en train de préparer le matériel pour mon tatouage : une aiguille, de l'encre et des compresses.

Anny m'indique une chaise du doigt où je prends place.

-Alia ! me dit Eric, je t'attendais. Tu es prête à te faire tatouer ?

-Je n'ai pas trop le choix de toute façon, je réponds avec ironie

-Tu as raison, me répond-t-il avec un clin d'œil

Il prend une compresse qu'il mouille d'un produit et nettoie ma peau à l'endroit du tatouage. Ensuite, il saisit l'aiguille sur le plan de travail et lève les yeux vers moi.

-Je vais te tatouer le signe des porteurs, un triangle noir dans un cercle. Cela ne va pas durer longtemps, je te le promets.

J'acquiesce. Il plante l'aiguille dans ma peau et commence à tracer le signe. L'encre noir s'infiltre dans ma peau au fur et à mesure. Cela picote un peu mais la douleur est supportable. Il relève l'aiguille pour commencer à dessiner le cercle autour du triangle. Cette fois-ci la douleur est affligeante, ce rien par rapport aux petits picotements que je ressentais. J'ai l'impression que l'aiguille me déchire la peau, m'entaille. Je serre les dents tout en fermant les yeux, je ne dois pas crier. Quelques minutes plus tard, Eric retire l'aiguille et le calvaire prend fin. Il passe une pommade à l'endroit du tatouage et le tour est joué.

-Merci, je déclare en me levant

-Tiens, me dit-il en me tendant la sorte de stylo qu'il avait utilisé pour activer son tatouage, voici ta stèle. Passe la sur ton tatouage et un portail s'ouvrira.

Je récupère l'objet tout en l'examinant. Cette stèle mesure environ quinze centimètres, le bout est en plastique transparent et le reste en bois. J'y vois gravé dessus : "Alia Moore".

-Tu auras tout le temps de t'entraîner à l'utiliser après, me lance t-il avec un clin d'oeil

Je souris et quitte la pièce. Anny vient à ma rencontre, tout excitée.

-Ca y est, tu es tatouée ! Tu fais partie des nôtres.

Mon rêve de devenir une combattante vient de s'écrouler. Voyant ma mine triste, Anny me prend dans ses bras.

-Je suis désolée, dit-elle, je n'ai pensé au fait que tu n'avais peut-être pas envie d'être une porteuse.

Elle sent la crème vanillée et la fraîcheur. Elle me fait un peu penser à ma grand-mère, toujours inquiète pour les autres, sociable et douce.

-Non, je suis contente d'être ici, tout ça est juste nouveau pour moi.

-Je comprends, mais tu verras avec le temps, tu t'habitueras.

-J'en suis certaine, je murmure

Elle relâche notre étreinte et déclare :

-Antoine voudrait te voir.

-Antoine ? Le chef de la planète RURA ?

Car en effet il existe en réalité six représentants. Un pour chaque planète et un autre pour la planète naine.

-Pourquoi ? je reprends

-Tu es notre nouvelle recrue, il veut te rencontrer.

-Très bien, je réponds nerveuse, allons y.

Nous tournons à droite pour atterrir devant une grande porte majestueuse. Anny toque durement puis entrebaille la porte :

-Monsieur Dupont ?

Je l'entends répondre :

-Fais la rentrer.

Anny se retire pour m'ouvrir la porte en grand et je pénètre dans le bureau de notre représentant. C'est un homme assez costaud, aux cheveux poivre et sel et aux yeux marrons. Il possède une fine barbe blanche et porte des lunettes à monture noire.

-La fameuse Alia Moore ! dit-il

-En personne, je réponds en riant

-Bienvenue parmi nous !

-Merci !

Je prends place en face de son bureau dans un large fauteuil moelleux.

-Je vois que tu t'es déjà faite tatouée, dit-il en indiquant mon bras

-Effectivement, je suis officiellement une porteuse.

Il sourit.

-Tu as encore beaucoup de choses à apprendre pour devenir une réelle porteuse. D'ailleurs tes cours commencent demain. Tu vas être formé pendant deux jours.

-J'ai hâte d'y être.

-Tu es contente d'être parmi nous ?

Je prends quelques secondes pour réfléchir. Est ce que je suis contente malgré la tristesse ? D'un côté oui je suppose, j'ai toujours aimé l'aventure et je suis forte, je m'habituerai à cette situation rapidement et me ferait plein de nouveaux amis.

-Je le suis.

Il se lève avec un air doux et me serre la main.

-C'est tout ce que je voulais te dire alors, à bientôt Alia.

-Au revoir.

Alors que je quitte son bureau et je tombe nez à nez avec un jeune homme d'une vingtaine année. Il a des cheveux noirs assez longs et des yeux bruns ténébreux. Ses lèvres sont fines et rosées et il est habillé d'un tee-shirt blanc et d'un jean bleu.

-Tu es nouvelle ? me lance t-il en me détaillant de haut en bas

-Oui, je suis arrivée ce matin.

-Alex, dit-il en me tendant sa main, je suis ici depuis deux ans.

-Alia, je réponds en glissant ma main dans la sienne, enchantée.

Il a un sourire ravageur et des petites fossettes aux creux des joues.

-Tu partages ta chambre avec qui ?

-Lynda.

-Oh, tu as de la chance, me réplique t-il avec un clin d'oeil, cette fille est super !

Je souris.

-Je n'en doute pas !

-Je vais devoir te laisser, j'ai encore quelques trucs à régler, on se voit plus tard.

-Bien sûr.

Il disparaît et je décide de remonter à l'étage. J'ai à peine le temps de rentrer dans la chambre que Lynda se jette sur moi.

-Alors ? me lance t-elle avec joie, ça y est tu as ton tatouage ?

J'acquiesce avant de retrousser ma manche et de lui montrer.

Elle sautille sur place.

-Je suis si contente que tu fasses partie des nôtres.

-Moi aussi, je réponds avec enthousiaste

Être une porteuse n'est peut-être pas si mal, du moins c'est ce que j'essaie de me convaincre. Lynda est géniale et je suis bien entourée. Je n'ai rien à craindre, tout va bien se passer. Je suis forte et courageuse, c'est ce que m'a dit Papa, je vais m'habituer à cette nouvelle vie, il le faut.

Une vie, une destinéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant