Chapitre 22

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-Alia Moore, tu es la dernière arrivante chez les porteurs ?
J'acquiesce sur le qui-vive.
-Fais tu partie des opposants ?
-Non, bien sûr que non.
Je sens le sérum agir en moi, je ne peux m'empêcher de dire la vérité.
-Savais tu qu'Alex et Tess faisaient partis de ce groupe ?
-Non, je l'ignorais.
-Il parait qu'Alex a tenté de te convaincre de rejoindre les opposants, est-ce vrai ?
-Totalement.
-Mais tu ne t'es pas laissé influencer ?
-En effet.
-Il y a ensuite eu une bagarre et il t'a enfermée. Cependant nous nous demandons, pourquoi ne l'as tu pas arrêter lorsque tu le pouvais ? Pourquoi ne l'as tu pas tuer lorsqu'il t'a avoué qu'il faisait parti des opposants ?
Admettre la vérité me fait mal. Mon ventre se serre et la douleur s'accentue. Personne ne devait être au courant de cela, de notre relation. Et maintenant, tout aller éclater au grand jour.
-J'en ai été incapable parce que je tenais à lui.
Le représentant hausse un sourcil, inquisiteur.
-Que veux tu dire par tenir à lui ?
Je déglutis la boule au ventre. Je ne veux pas le dire, je ne veux pas admettre que mes sentiments m'ont empêcher d'accomplir mon devoir. J'ai été faible, je suis faible.
Je croise à travers la vitre le regard d'Enovan qui est assis sur une chaise un peu plus en hauteur, à l'écart des autres. Ses yeux verts me transpercent et je me sens défaillir. Il me sourit pour m'encourager mais je vois bien qu'il redoute la vérité. Je ne veux pas le décevoir. Le sérum me ronge la peau j'ai l'impression de recevoir des coups de couteau dans le ventre.
-Répondez ! s'écrit William
-J'éprouvais pour lui des sentiments, chose que je ne ressens plus pour lui à présent à cause de sa trahison.
-Vous admettez donc que vous étiez amoureuse de lui et que c'est cela qui vous a empêché de l'arrêter ?
-Je n'étais pas amoureuse, je me défends, j'avais juste de l'affection pour lui.
Les choses se compliquent, il me pose des questions de plus en plus personnelle et tout le monde nous écoute.
-Je croyais en lui, j'admets, mais je n'aurai pas dû
-Vous êtes donc laissé faire ?
-Non, j'ai essayé de me libérer de son emprise mais il était plus fort que moi.
-Ne saviez vous pas que les relations de ce genre nuisent ? L'amour rend faible.
Je le fusille du regard. Pour qui se prenait-il ? Comment osait-il juger l'amour devant un tel public ?
-Vous ne comprenez pas, je réponds énervée, je tenais à lui et c'est ce qui m'a motivée à le raisonner, je voulais le sauver.
J'essaie de retourner la situation en ma faveur mais c'est peine perdue.
-Vous n'auriez pas dû, maintenant il est parti et à cause de vous, les planètes sont en danger. Vous l'avez laissé filer.
J'ai comme l'impression de recevoir un coup de poignard dans le coeur. Il a raison, tout est de ma faute, je n'ai pas réussi à l'arrêter. Comment ai-je pu échouer à ce point.
-Tout n'est pas entièrement de sa faute, j'entends Lynda crier, c'était à vous de l'arrêter. Vous auriez dû savoir qu'il faisait parti des opposants.
La tension monte et la foule s'agite. Le représentant dévisage Lynda mais elle ne baisse pas le regard.
-Taisez-vous ! réplique t-il, vous n'êtes pas en mesure d'intervenir.
Elle ne dit rien mais ne baisse pas la tête pour autant. Elle tient à sa fierté et ce que j'aime chez elle. C'est une fille franche.
-Si jamais vous veniez à le revoir, seriez vous capable de l'arrêter ? De faire votre devoir ?
La fameuse question. Alex m'a trahie, je suis énervée mais ce n'est pas pour autant que j'ai envie de l'arrêter ou de le tuer. Il m'a déçu c'est vrai mais savait-il vraiment ce qu'il faisait ?
-Je suppose que oui, je l'arrêterai pour ce qu'il a fait, tout dépend de la situation.
-Vous seriez prête à le tuer s'il le fallait pour accomplir votre mission auprès des porteurs ?
Je sens mon ventre se tordre à nouveau, tout le monde ne mérite pas de mourir. Ce qu'il a fait était mal mais je ne me vois pas le tuer pour autant.
-Mérite t-il réellement de mourir pour ce qu'il a fait ? je demande
-Répondez à la question mademoiselle Moore !
-Non, je m'énerve, je ne le tuerai pas parce que ce n'est pas nécessaire ! Pourquoi la mort est-elle pour vous une solution évidente ? Les hommes font des erreurs et ce n'est pas pour autant qu'ils doivent mourir ! Certe, il a une idéologie différente de la nôtre mais c'est son droit ! Il n'a tuer personne pour l'instant, ce n'est pas un meurtrier ou un criminel, seulement un traître.
Il me regarde avec de grands yeux, surpris par mon comportement. Je soutiens son regard en serrant les dents. S'il croit qu'il m'intimide, il se met les doigts dans le nez. Je n'ai pas peur de lui.
-Faites la sortir ! Je ne veux plus la voir ! crie t-il
Deux gardes entrent dans le cube et me saisisse. Je croise pour la dernière fois le regard d'Enovan qui paraît troublé. Ses mèches rebelles lui retombent devant les yeux et il me fixe sévèrement. Je hausse des épaules pour clamer mon innocence, tout ce que j'ai dis est vrai. Je n'ai rien inventé ! Nous sortons de la salle sous les cris de la foule et ils m'emmènent vers l'ascenseur. Nous descendons au sous sol. Nous avançons dans le couloir et je repère de suite Jérémy, assis par terre, enfermé dans une cellule. Les gardes ouvre la grille d'à côté et me jette dans le petit cachot. Je me retrouve à mon tour enfermée. Ils disparaissent et je m'approche de la grille. Jérémy me regarde avec un air amusé.
-Qu'as tu dis pour te retrouver ici ?
Je soupire.
-Rien de mal ! J'ai simplement dis la vérité et voilà qu'ils m'enferment !
Il rit, peu convaincu.
-C'est ça ! Tu veux vraiment me faire croire que tu n'as rien dit de mal ? Mon oeil, je suis sûr que tu as défié le représentant.
Je grimace et avoue finalement :
-J'ai peut-être dis quelques trucs qu'il ne fallait pas mais je n'ai pas pu m'en empêcher ! Il était en train de m'humilier ! Je me suis défendue.
Jérémy secoue la tête, mort de rire.
-Quoi ? je m'exclame en levant les bras, ce n'est pas drôle !
-Tu sais que tu es surprenante ! me dit-il, je ne t'imaginais pas comme ça !
Je souris.
-Et tu n'es pas au bout de tes surprises !
Il me regarde en souriant.
-Ça, j'en suis certain.
Il recule pour se caler contre le mur et le silence retombe.
-Tu sais quand ils vont nous faire sortir d'ici ? je demande finalement, Lynda doit être inquiète.
-Je ne sais pas dans une heure ou deux normalement, le temps que la cérémonie se finisse.
Je soupire, je déteste les cellules et je déteste être enfermée.
-J'espère qu'ils ne tarderont pas à nous libérer.
-Je l'espère aussi.

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