CHAPITRE 8

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Nous courons sans nous arrêter. Sans nous retourner ! On entend toujours les arbres tombés au loin, même si le son commence à s'atténuer. Les nuages gris ce sont finalement mis à pleurer. Nous sommes rapidement tous trempés jusqu'aux os. Un enfant trébuche sur le chemin.

— J'me suis fais mal... dit-il en pleurant.

Je m'approche de lui et essaie de le calmer. Il est blessé au genou et la peau s'est arrachée. Il est roux et a les cheveux bouclés. Il a de grands yeux verts.

— Hé mon grand. Ne pleure plus, ça va aller. lui dis-je en souriant. On va soigner cette vilaine blessure, et comme ça tu n'auras plus du tout mal, d'accord ?

Il hoche la tête en essuyant ces larmes. Je le prends sur mon dos, et me remets à courir pour rattraper les autres. Je croyais que les Fenrir avaient la peau très dure. Il ne s'est peut-être pas encore transformé.

Au bout d'une quinzaine de minutes, nous nous arrêtons enfin. Beaucoup sont essoufflés, et épuisés... Et apparemment nous ne pouvons pas aller plus loin. Le petit garçon s'est endormi sur moi. Je le laisse à d'autres personnes qui prendront soin de lui, et rejoins Chris et Irene pour savoir si je peux faire quoique ce soit pour aider. Ils sont sur une colline à guetter l'horizon.

— Alors, comment on va faire ? dit le plus âgé.

— Tu me poses une colle là... La maison est encore loin. Et puis il faudrait aller vérifier si la voie est libre. dit Chris.

— Moi je pourrais aller voir si ça peut aider.

Chris me regarde comme si j'avais dit quelque chose de mal.

— Il est hors de question que tu y ailles. me dit-il d'un ton sec.

Chris s'éloigne avec Irene et l'autre jeune garçon, pour discuter de ce qu'il faudrait faire. J'ai peut-être vraiment fait quelque chose de mal, pour que Chris soit si en colère après moi. Et puis pourquoi je devrais suivre ses ordres d'abord ? Je fais ce que je veux ! Et tout ce que je veux faire c'est les aider. Je recule aussi loin que je peux pour prendre assez d'élan. Je cours puis saute de la colline. J'entends Chris hurler mon nom. J'ai sauté si haut, que je vois la maison vers laquelle nous devons nous diriger. J'atterris sur un arbre et me laisse glisser jusqu'en bas. Je regarde attentivement, et mes oreilles sont prêtes à entendre n'importe quel bruit aux alentours. Il fait plutôt sombre dans cette partie de la forêt. Il y a plus d'arbres morts que vivants ici. Cette forêt sort tout droit d'un film d'horreur à vous glacer le sang.

Je trouve assez rapidement la maison. Et qu'elle n'est pas ma surprise, en voyant qu'elle est tout aussi flippante que la forêt qui l'entoure. J'entre. La porte grince, le plancher craque, de l'eau coule du plafond. Ça doit faire des années que personnes n'y est venue, car la végétation s'est faite une petite place ici. Par contre, pas d'électricité. Il y a une cheminée. Mais trouver du bois a brûlé avec toute la flotte dehors, est impossible. Je vais désormais voir ce qui se trouve à l'étage. Les escaliers grincent à chaque marche, et il y a un énorme trou dans le plancher. Le tonnerre gronde, et un éclair le suit. Ce qui me fait sursauter. Cette maisonnette n'est pas du tout rassurante quand on y vient seule. Mais au moins, la voie est libre. Je retourne vers les autres pour leur dire qu'il n'y a aucun danger.

***

— Chris... On peut y aller.

— Tout le monde, on y va ! crie le jeune garçon en ouvrant le chemin.

Chris m'attrape par le bras. Il tremble un peu.

— C'est la dernière fois que tu fais un truc pareil ! Je t'avais dit de ne pas y aller ! Et s'il t'était arrivé quelque chose ?

— Quoi ? Je ne vois pas où est le problème ! Je voulais seulement aider. dis-je en commençant à hausser le ton.

— S'il vous plaît, calmez vous. dit Irene inquiète. Montrons le bon exemple à nos cadets, ok ?

— Dis moi pourquoi tu ne voulais pas que je vous aide ? De quoi as-tu si peur ?

— Je ne veux pas te perdre ! Je ne veux pas te perdre une seconde fois ! C'est trop difficile à comprendre ? crie t-il.

Il s'en va sans dire un mot de plus. Je suis... Je n'ai pas su quoi lui répondre. Irene regarde le sol.

— Tu sais, on t'a cherché pendant plusieurs années. Et sans te mentir, parfois je baissais les bras. dit-elle. Mais Chris a toujours su qu'on finirait par te retrouver. Il n'a jamais cessé d'y croire. Alors ne lui en veut pas trop. me dit-elle avec un sourire et une larme qui coule le long de sa joue.

Elle me prend dans ses bras. Je n'ai pas beaucoup de souvenirs d'eux... Mais ils n'ont jamais cessé de me chercher. Je n'ai pas réfléchi. Je n'ai pas réfléchi à ce qu'ils pourraient ressentir s'il m'arrivait quelque chose à nouveau. Quelle idiote je suis !

Nous nous installons dans la maison, une fois le tour fait une nouvelle fois. Il pleut toujours autant, mais nous avons un toit maintenant.

— Il y a des couvertures au grenier. Allons les chercher. dit Chris en m'évitant autant qu'il le peut.

— Dites Madame. Regardez mon genou, j'ai plus mal maintenant. me dit le petit garçon en souriant.

— Oh ! Tant mieux alors. dis-je en lui rendant son sourire. Dis moi, comment tu t'appelles ?

— Moi c'est Théodore. Et toi c'est Fenrir ! Chris parlait beaucoup de toi ! Irene aussi, mais pas autant. rit-il.

Je ris à mon tour. Je vois qu'il tremble, alors je le prends dans mes bras, et tente de le réchauffer du mieux que je peux. Les autres reviennent avec des tas de couverture. Ils les mettent au sol pour les plus jeunes. On dirait un matelas géant. Ils s'endorment tous très vite. Chris est en bas des escaliers en train de les surveiller avec ce jeune garçon. Et Irene essaie de se reposer. Moi je monte à l'étage, sans jeter de regard vers Chris. Je m'assois sur le rebord de la fenêtre et regarde au loin. Avec mes yeux, j'essaie de voir si Gin approche de la maison. Il m'a dit qu'il reviendrait. Qu'il n'avait pas besoin d'aide, et que tout allait bien se passer.

Il reviendra.

FENRIR TOME IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant