CHAPITRE 28

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Il fait un froid de canard. Nous marchons tout en nous donnant la main. Il est difficile d'y voir avec tous ce vent, et tous ces flocons qui tombent. Si l'on perdait l'un d'entre nous dans cette immensité blanche, cela nous ferait une belle jambe ! Je n'en peux plus. Si seulement on pouvait trouver un endroit isolé, où nous pourrions nous reposer... Ce serait l'idéal, là tout de suite. Marché dans la neige est bien plus fatiguant. Heureusement que les pardessus de Cassian nous protègent un minimum du froid.

— Tout va bien derrière ? hurle Chris.

Nous hurlons tour à tour que tout va bien. Moi, puis Irene et enfin Astrid. Nous arrivons vers les montagnes que l'on voyait depuis le bateau. Nous grimpons tour à tour en suivant Chris. Il tient vraiment à passer en premier pour sécuriser le chemin. Comme toujours, il s'inquiète beaucoup trop. Mais il faut tout de même dire que la neige recouvre ces montagnes. Certains des chemins que nous empruntons sont couverts de verglas. J'ai manqué de peu de tomber de la montagne à plusieurs reprises. Et Astrid aussi. De là-haut, nous devrions voir ce qui nous entoure. Et avec un peu de chance apercevoir les Géants, ou l'endroit où ils vivent. Nous grimpons, jusqu'à atteindre une surface plane. Chris est toujours devant. Nous attendons son feu vert, pour commencer nous aussi à grimper. Jusque là, tout va bien. Je ne vois pas bien ce qu'il se passe avec toute cette neige, mais je crois bien qu'il a glissé. Mon intuition se confirme en voyant de petites pierres tombées dans notre direction. Après quelques secondes, d'autres tombent.

— Chris ! Tout va bien là-haut ? crie ai-je.

Aucune réponse. Ce n'est pas normal, il doit forcément se passer quelque chose. Astrid et Irene tentent de l'appeler aussi, mais toujours rien. Après plusieurs minutes, des pierres tombent encore, mais bien plus grosse cette fois-ci. Nous manquons de tomber, en voyant Chris débouler. Je me jette sur lui et attrape sa main, juste à temps. Quelques secondes de retard, et il tombait ! Il ne se serait pas fait mal en tombant d'aussi haut, mais quand même.

— Je te tiens ! dis-je en soupirant.

— Merci ma puce. répond-il avec un grand sourire.

— Ne m'appelle pas comme ça !

Je crois bien que je glisse. Et de plus en plus vite. Astrid me rattrape et me tient la jambe. Mais avec mon poids et celui de Chris, elle glisse petit à petit. Je me retrouve au-dessus du vide avec lui. Irene l'aide alors à nous remonter.

— Si vous étiez tomber, on aurait du tout remonter. dit Irene.

— C'est vrai, que ça aurait été très chiant ! ris Astrid.

          Nous rions tous et nous remettons en route.
Ça y est, nous sommes en haut de la montagne. Encore une fois, on ne voit rien avec tout ce vent ! Et il est bien plus glacial en hauteur. On doit continuer, on finira bien par trouver quelque chose. Je vois une ombre au loin. J'interpelle Chris, et lui montre. Nous nous y rendons. C'est une grotte.

— Génial. On va pouvoir se reposer. dit Irene.

— Je vais aller chercher du bois, dans la forêt qu'il y a juste derrière.

— Je viens avec toi Chris.

— Non, je préfère que tu restes là. répond-il en me prenant la main. Je reviens vite, t'inquiètes pas.

Il s'en va. Il ne veut pas que je m'inquiète, alors qu'il ne fait que ça. Quelle bonne blague !

— Alors, comment ça se passe entre vous deux ? me demande Irene en s'asseyant près de moi.

— Euh...

— Bah alors ? Fais pas la timide, voyons... dit-elle en rigolant.

— Bah... Ça se passe très bien, malgré quelques disputes sur le bateau.

— Il était jaloux de Cassian, c'est ça ?

— Exact. Mais, il n'y avait pas de quoi...

          Elle me regarde en secouant la tête.

          — Tu sais que tu peux être autant jaloux que lui, hein ?

          — Mmh...

Chris revient avec du bois, et fais un feu. Irene et Astrid se reposent un petit peu. Je surveille l'entrée de la grotte, et Chris me rejoint.

— Tu devrais te reposer, je vais continuer à monter la garde. dit Chris.

— C'est bon, je ne suis pas fatiguée. Par contre toi...

Il me regarde et sourit. Je pose ma tête sur son épaule et il me serre contre lui.

— Alors tu n'aimes pas quand je t'appelle « ma puce »...? demande t-il.

— Carrément pas ! Alors là pas du tout du tout !

— Je vais devoir trouver autre chose dans ce cas. Va falloir que je réfléchisse.

— Oui et réflechis bien surtout ! Je... je vais en chercher un pour toi aussi. dis-je en rougissant.

— Ok. dit-il en souriant. Tu n'es toujours pas fatiguée ? Je vais dormir un peu moi.

— Non. Toujours pas, mais tu peux y aller. Dors bien.

Tout le monde est profondément endormi. Après tant d'heures de marche, ils sont forcément exténués. Je continue de surveiller l'entrée... Qui est un peu grande. C'est pour cette raison, que je tenais vraiment à monter la garde. Peut-être bien que des Géants pourraient venir ici, ou des monstres énormes qui vivraient dans cette énorme grotte. Qui sait... Je ne sais pas quels animaux vivent ici.

— Fenrir ? Tu m'entends ?

Je sursaute en entendant cette voix. D'où peut-elle bien venir ? En y repensant, cette voix...

— Cassian ? chuchote ai-je.

— C'est bien moi ! Alors ? Comment ça se présente ?

— Je ne sais pas vraiment... Nous n'avons rien trouvé pour l'instant. Et ça fait un petit moment que nous marchons.

— Cela fait presque une journée que nous nous sommes quittés...

— ...

— Ça ne va pas, on dirait...

Sa question me fait sourire. Même sans être là, il sait quand je suis préoccupée, ou quand j'ai un souci.

— Comment tu as deviné ? demande ai-je.

— Je te le rappelle une nouvelle fois. dit-il en rigolant. Je suis clairvoyant. Je peux te parler et te voir si je le veux.

— Alors... Là, tu me vois ?

— Non. Je te parle seulement, je suis occupé à surveiller la mer. Donc j'ai besoin de mes yeux. Et pour répondre à ta question... Une intuition... Du coup, je veux ta réponse à mon affirmation !

— Bien bien... m'avoue ai-je vaincu. Je réfléchis à un moyen de récupérer la pierre, sans avoir à en faire nos ennemis. Juste un plan de secours s'ils ne veulent pas nous l'a remettre.

— Je vois... Tu sauras quoi faire le moment venu. J'en suis sûr. Je dois te laisser. Et ne t'en fais pas trop, c'est clair ?

— Comme de l'eau de roche ! répondis-je.

— À plus tard, petite sœur !

— À plus, grand frère. chuchote ai-je.

Le vent s'est arrêté de souffler... D'un seul coup. Ce n'est pas normal, du tout ! Je me lève rapidement et me mets à renifler. Il y a un je ne sais quoi qui ne me plaît absolument pas ! J'ai une impression que je ne préférerai ne pas ressentir. L'impression d'être observer.

FENRIR TOME IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant