Chapitre 2

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Jane toqua à la porte comme si la personne qui habitait la salle allait l'inviter à entrer. Elle appuya timidement sur la poignée et pénétra la chambre.

Blanche.

Le lit, les murs, les meubles, les machines... tout était blanc. Même la lumière du jour. Comme si on cherchait à rappeler que même si des gens avaient beau mourir dans cet endroit, il y avait encore un peu d'espoir pour les hospitalisés. Comme si la souffrance n'était qu'objective.

Il n'y avait aucune décoration, excepté un tableau d'ancien patients qui souriaient de toutes leurs dents, certains maintenus par des infirmières, d'autres par des cannes, et deux vieux étaient même assis dans des fauteuils roulants. Jane l'aimait bien. Les hôpitaux étaient décrits et vus comme le lieu adoré de la Mort. Cette photo montrait le contraire.

Jane pivota et s'arrêta net.

Il était là, endormi dans son lit. Ses bras, son visage et son cou étaient reliés à une machine par des fils. Un bip régulier résonnait dans la pièce. Des chiffres de plusieurs couleurs étaient inscrits sur les écrans.

-Il vous entend. Si vous voulez lui dire quelques mots....

Jane ignora le Médicomage qui s'était exprimé avec une voix ennuyée et s'assit sur le fauteuil, juste à côté du lit.

Le garçon était paisible. Il était propre, ses cheveux coiffés, habillé du vêtement typique des hôpitaux, et les yeux fermés, comme s'il dormait profondément. Mais sa peau était pâle, ce qui rappelait à Jane qu'il était dans le coma et qu'il ne se réveillerait peut-être pas.

Elle prit délicatement sa main posée sur le drap blanc et la serra très fort. Le comateux n'eut aucune réaction. Il resta là, allongé, en silence. Ce satané silence qui déchirait le cœur de la jeune fille.

-Je suis désolée... commença-t-elle, tout bas.

Elle fondit en larmes et le Médicomage la laissa seule. Jane serra plus fort la main du garçon et l'embrassa. C'était la seule chose qu'elle pouvait atteindre. Le cœur du garçon était endormi, il ne ressentait plus rien à part un vide. Il dormait peut-être éternellement.

-Je suis désolée... reprit la sorcière en séchant ses larmes. J'aurais dû t'empêcher de te battre. J'aurais dû t'empêcher de me protéger. Tout est de ma faute.

La voix de Jane s'enroua et elle ferma les yeux pour canaliser ses émotions. Les larmes affluaient sur ses joues. Elle n'avait jamais ressenti ça. Un vide, une déchirure, une fissure, des morceaux, c'étaient tout ce qui restait de son cœur souffrant. Elle ne pouvait pas décrire ce qu'elle éprouvait. Elle avait simplement l'impression qu'on lui arrachait la vie jours après jours.

-Je suis tellement désolée. Je m'en voudrai toujours. Je suis la seule fautive. Tu as voulu me protéger et je t'ai condamné.

Elle redressa la tête et sourit faiblement. Ses yeux étaient rougis et sa force l'avait quittée, mais elle avait toujours aussi mal.

-Je repense aux moment que nous avons partagés. C'étaient les plus beaux moments de ma vie. J'étais si heureuse avec toi. Je me ressentais vivre. Tu vas dire que c'est cliché, mais c'est vrai. Est-ce que tu m'entends ? Si oui, sache que je ne doute plus : j'ai toujours été amoureuse de toi. Toujours. Malgré tout ce qu'on a traversé. Depuis que je t'ai vu, et encore maintenant. J'aimerais remonter le temps pour effacer nos disputes, revivre ce qu'on a vécu, et, surtout, changer ce qui t'a envoyé sur ce lit. Eviter cet accident. Eviter la catastrophe qui nous a anéantis. Si tu étais là, tu me crierais dessus et m'ordonnerais de garder la tête haute et d'avancer. Mais je ne peux pas. Pas sans toi.

Jane sanglota encore et s'essuya le visage avec sa manche. Son visage était inondé de sa douleur. Mais le pire était à venir.

-Tu sais, tout sera différent. Pas seulement à cause de Voldemort. Mais aussi parce que tu ne seras plus là. Comment vais-je faire si je ne te vois plus ? Comment vais-je faire si je ne t'embrasse plus ? Comment vais-je faire si tu ne t'en sors pas ? Comment vais-je surmonter tout ça ? J'ai besoin de toi.

Elle fit une pause et inspira. Elle refusait de dire la suite, mais si elle pouvait lui permettre d'aller mieux, de ne plus souffrir, il le fallait. Elle pensait chacun des mots qu'elle allait prononcer, mais elle refusait d'y croire.

-Les Médicomages m'ont dit que... c'était toi qui choisissais (les larmes coulèrent de plus belle). C'est toi qui choisit de vivre ou mourir. De rester ou de t'en aller. C'est ton choix. Et je sais... que... que je t'ai dit que je ne pourrai pas vivre sans toi... mais tu souffres. Tu souffres tellement. Tu te bats avec ton subconscient, mais... mais il faut que tu saches que si tu te réveilles, il y aura des séquelles. Tu ne seras plus jamais le garçon que tu as été. Tu continueras de souffrir. Je ne sais pas quelles séquelles exactement, mais tu souffriras. Alors... je ne le veux pas... mais tu as le droit.

Jane se mit à trembler et la douleur s'intensifia.

-Tu as le droit de lâcher prise. Tu peux lâcher prise. Tu as le droit de préférer la paix que la souffrance. Tu as le droit de décider de partir. Tu as le droit de me quitter. Tu as le droit de mourir. Tu peux partir.

Jane s'interrompit, ferma les yeux et reprit.

-Et si tu t'en vas, sache que je serai toujours là. Sache que je penserai toujours à toi. Sache que je ne t'oublierai jamais. Sache que je t'aime. Je t'aime, aussi cliché que cela puisse être. Aussi vrai que cela puisse sembler. Je t'aime. Pour toujours.

Enfin, elle posa sa tête sur la poitrine du garçon et laissa court à son chagrin.


-Jane ! Jane !

La jeune fille se réveilla en sursaut. Elle tremblait et sa respiration était irrégulière. Elle éclata en sanglots et se laissa tomber dans les bras d'Hermione et Ginny qui la serrèrent très fort contre elles. Les deux jeunes filles lui caressèrent le dos et lui murmurèrent des chut pour la consoler. Jane se laissa dorloter dans sa peine.

-Tout va bien, lui chuchota doucement Hermione. C'était seulement un cauchemar, Jane. Rien qu'un cauchemar. Tout va bien.


A Suivre.

Jane Windia et l'Ordre du PhénixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant