Chapitre 4

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-Il doit y avoir une erreur, assura Ron en prenant la lettre des mains de Jane.

Celle-ci secoua la tête. Une erreur... elle aurait tellement souhaité qu'il ait raison, mais comme tout le monde savait : Dumbledore ne se trompait jamais.

-Tu connais plusieurs Jane Windia à Poudlard ? soupira Hermione. Il doit y avoir plusieurs Jane, mais des Windia...

Hermione venait de confirmer les doutes de Jane. Cette dernière sentit la colère monter. Le directeur l'avait renvoyée à Serpentard. Il savait à quel point elle avait détesté cette maison et à quel point elle se plaisait à Gryffondor. Elle y avait tous ses amis, à Serpentard on la regardait de travers. A Gryffondor, on la soutenait, à Serpentard, c'était chacun pour soi. A Gryffondor, il y avait une bonne ambiance, à Serpentard, il n'y en avait pas un pour être souriant avec les autres. Les opposés complets.

Qu'est ce qui avait pris au directeur de l'envoyer là-bas ? Pourquoi ? Quelles étaient ses raisons ? Était-ce parce que maintenant elle savait qu'elle était la fille de Selwyn ?

-Bon, nous allons faire ce que Dumbledore exige, et tu verras bien à la rentrée. Le directeur peut se tromper une ou deux fois, ça arrive.

En voyant le sourire forcé de son père, Jane comprit que lui-même n'y croyait pas.

...

Jane n'avait jamais connu une journée de shopping aussi fade. Hermione, Ron, Ginny et les jumeaux sautaient dans tous les sens et s'émerveillaient devant chaque nouveauté : balais, chaudrons, livres. Ils réclamaient même des choses inutiles que Molly acceptait parfois de leur offrir.

Jane était la seule à rester en arrière et ne pas profiter de sa journée. Ses amis avaient essayé de lui faire retrouver le sourire, mais plus les affaires de Serpentard s'accumulaient dans son sac, plus elle avait envie de rentrer chez elle et se déscolariser pour le restant de sa vie. Même l'achat d'une nouvelle baguette ne l'avait pas ravie. Celle qu'elle avait perdu au tournoi lui manquait.

Le pire fut quand son père l'envoya chez madame Guipure. Puisque elle était la seule à avoir besoin d'une nouvelle robe de sorcière, elle se dirigea seule vers le magasin.

Dès qu'elle poussa la porte, la cloche retentit et la couturière se jeta presque sur elle.

-C'est pour quoi ? demanda-t-elle de sa voix endormie.

-Une robe... de Serpentard.

Jane avait presque craché ces mots.

-Ah oui, je vois. Vous êtes Jane Windia. Albus Dumbledore m'a envoyé une lettre pour m'indiquer que vous auriez besoin d'une robe de Serpentard. Elle est déjà prête. Je reviens.

Sans lui laisser le temps de répondre, la couturière s'éclipsa et Jane resta seule à l'avant du magasin, l'esprit dans la vague.

Dumbledore avait envoyé une lettre à madame Guipure pour qu'elle lui prépare une robe en quatrième vitesse... Jane avait laissé le bénéfice du doute planer quand elle avait reçu la lettre, mais maintenant, il n'y avait pas d'erreur possible : elle était renvoyée à Serpentard.

Cherchant à penser à autre chose, elle explora la pièce. Sans compter le client qu'elle n'avait pas encore vu.

-Jane ?

La jeune fille se retourna et se figea quand elle se retrouva devant Drago Malefoy.

Il ne manquait plus que ça.

Pendant un instant, elle ne sut quoi dire. Il était là, la fixant de ses yeux gris surpris. Visiblement, il n'arrivait pas à trouver ses mots non plus.

Jane ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais la referma immédiatement. La dernière fois qu'elle lui avait adressé la parole, elle lui avait demandé de l'oublier. Un timide "salut" n'allait pas passer.

Drago sembla s'en souvenir à son tour car il soupira de frustration et s'effara à fermer sa robe... qui lui allait très bien, au passage.

Jane pria pour que madame Guipure se dépêche et revienne avec sa robe, afin qu'elle fuie cette endroit au plus vite et ne recroise plus Drago jusqu'à la rentrée.

Sa prière fut exaucée, car la couturière revint et les yeux de la jeune fille descendirent sur la robe. Noire et verte, avec l'emblème des Serpentard, comme en première année. Elle souffla longuement pour montrer à son ennemi qu'elle détestait toujours cette maison et l'enfila à contre cœur.

Elle sentait les yeux du blond sur elle et était sûre à cent pour cent qu'il devait se demander pourquoi elle portait la robe de sa maison, et pas celle des Gryffondor. Elle ne lui accorda aucune explication et se dirigea vers le miroir.

Elle refusa de regarder son reflet et laissa madame Guipure finaliser son vêtement. Le silence entre les deux adolescents était de plus en plus étouffant et le bruit que causait le tissu sous les mains de la couturière était la seule chose qui arrivait à apaiser Jane. S'il pouvait arrêter de la fixer ainsi...

-Parfait ! Je crois que nous avons atteint la perfection ! s'exclama madame Guipure.

Elle lui fit retirer la robe et s'éclipsa pour aller la ranger dans un sac. Jane se retrouvait une nouvelle fois seule avec le prince de Serpentard.

-Tu retournes à Serpentard ? demanda-t-il.

La jeune fille tressaillit au son de sa voix et croisa les bras. Elle se mordit la lèvre pour s'empêcher de répondre. Elle s'était promise de le barrer de sa vie, elle n'avait pas le droit d'échouer aussi lamentablement.

-Tu peux me répondre, je vais pas te manger, insista Drago d'un ton ferme.

Elle bloqua sa respiration et lui fit dos. Drago soupira et se mit à taper du pied. Jane n'avait aucun remord à agir ainsi. Elle le faisait pour sa propre sécurité. Elle ne pouvait pas fraterniser avec le fils d'un ennemi. Elle était bien contente de ne plus rien ressentir à son égard. Si elle avait toujours été amoureuse, elle ne savait pas si elle aurait été capable de se comporter comme elle le faisait.

Madame Guipure revint et lui tendit le paquet. Jane s'apprêta à payer mais la couturière lui informa que Dumbledore s'en était déjà occupé.

Soulagée qu'elle puisse enfin détaler, elle salua madame Guipure en évitant soigneusement le garçon et poussa la porte.

-T'as pas répondu, cracha presque Drago.

Jane le connaissait assez pour savoir qu'il détestait être ignoré. Monsieur était toujours au centre de l'attention à Poudlard.

Elle se retourna brusquement vers lui, planta ses yeux océans dans les gris de son ennemi et prit une grande respiration.

-Je crois que t'as pas très bien compris, Malefoy. Ce que je t'ai dit l'année dernière, c'est toujours d'actualité, s'emporta-t-elle. Ne crois pas qu'en un mois je suis revenue sur ma décision.

Le garçon resta sans voix et Jane en profita pour passer le perron. Au dernier moment, une dernière réplique germa dans sa tête et elle fit un pas en arrière.

-Oh, et tu diras à ton père que s'il pouvait me rendre ma baguette, ce serait très aimable de sa part. Il me l'a prise quand je me faisais torturer devant ses yeux et qu'il riait.

Elle ferma brusquement la porte derrière elle et traça son chemin.

Bien qu'elle fût fière de sa prestation, elle ne pouvait pas se refuser la vérité : si elle retournait à Serpentard, elle allait devoir se le coltiner toute l'année.


A Suivre.


Jane Windia et l'Ordre du PhénixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant