Here come the regrets [Red Velvet]

•4•

Quand Tsuyu referma la porte de son appartement, elle regretta de ne pas avoir de fauteuil. Elle aurait adoré pouvoir se poser après cette après-midi épuisante. Après avoir été rejeté par Bae Ju, elle s'était retrouvée obligée d'écumer toutes les boutiques pour meubler son appartement, mais aussi de quoi se nourrir et s'habiller. Lorsqu'elle avait préparé son voyage, la coréenne s'était dit que ce serait plus facile pour elle de tout acheter sur place.

Maintenant, toute seule au milieu d'une pièce vide, son choix lui semblait totalement insensé. Heureusement, elle avait réussi à ramener une grosse couverture assez confortable et un oreiller pour dormir ce soir, et elle s'était acheté plusieurs paquets de nouilles instantanées ainsi qu'une casserole. Ses meubles allaient arriver dans la semaine, et elle repartirait le lendemain faire de vraies courses.

- C'est vraiment la dèche, soupira-t-elle en posant ses affaires sur le sol.

Elle se rapprocha de la cuisinière avant de jurer. Elle n'avait pas acheté de gaz.

- Vous êtes sérieux ? s'écria-t-elle.

Tsuyu était sur le point de pleurer. Rien ne se passait comme prévu, sa meilleure amie la rejetait, sa maison lui manquait, et elle ne pouvait pas parler avec Sangbum. Et pour couronner le tout, son téléphone se mit à vibrer au fond de son sac. Après quelques secondes de panique, elle l'attrapa et décrocha :

- Allô ?
- Tsutsu !
- Oh non pas toi ! soupira la coréenne.
- Il faut qu'on parle toutes les deux ! s'exclama la voix en français au bout du fil. J'étais en train de regarder tes relevés de compte bancaire...
- Sel, qu'est-ce que tu foutais à regarder mes relevés bancaires ?
- Ordre du boss ! Il voulait voir ce que tu allais faire pendant son absence.
- Merde !

Au moment où elle pensait que rien de pire ne pouvait arriver, voilà Sangbum qui la traçait.

- Je disais donc, j'épluchais tranquillement ton dossier, quand j'ai aperçu des mouvements suspects. Comment est-ce que tu pouvais retirer de l'argent dans tes Alpes françaises ? Alors, curieuse comme je suis, je suis allée enquêter. Et qu'est-ce que j'apprends ? Que la fille qui doit éviter la Corée à tout prix s'est achetée une couverture, un oreiller et des pâtes à Séoul.
- Selena...
- Et ensuite, parce que oui, ma petite Tsuyu ne s'est pas arrêté à là, qu'est-ce que je vois dans sa boîte mail ?
- T'as aussi accès à ma boîte mail ? s'étouffa la coréenne.
- Chérie, j'ai accès à toutes les applications que tu as sur ton portable, y compris à ton appli pour tes cycles menstruels...
- T'es sérieuse ?
- Laisse-moi continuer ! Qu'est-ce que je vois ? Que tu t'es faite engager dans une maison de disques pour y travailler jusqu'en février ?
- Tu n'as pas à t'en faire pour moi...
- C'est mon boulot je te rappelle ! Je suis censée t'empêcher de prendre la poudre d'escampette... Et je peux savoir ce que tu fous à Séoul ?
- Sel, je peux t'expliquer...
- Tu veux qu'il y ait un kidnapping ? Un meurtre ? Tsu, tu sais aussi bien que moi ce que tu risques en venant ici...
- Oui je sais Sel. Justement. Mais je dois réparer mes bêtises.
- Tu vas parler avec Irene ? Tu vas lui expliquer la situation...
- Non !
- Donc tu vas lui mentir ?
- Non plus je...
- Donc, récapitula la française, tu es allée en Corée dans le plus grand des calmes et des secrets, pour avouer à ta meilleure amie les raisons de ton départ sans vraiment les avouer ni lui mentir. C'est bien ça ?
- Tu rends les choses pires qu'elles ne le sont vraiment, grommela Tsuyu, mais Selena continua.
- A quel moment est-ce que cette idée t'a paru censé ? Tu penses vraiment que ça va marcher ?

Il y eut un grand silence.

- Tu l'as déjà vu pas vrai ? devina Selena.
- Elle m'a rejetée...
- Donc reviens en France !
- Je ne peux pas ! Je ne peux pas la laisser dans l'ignorance !
- Tu l'as laissé dans l'ignorance pendant 4 ans ! cria son amie. Tu penses que même si tu lui explique les raisons de ton départ, tout s'arrangera ?
- J'espère, oui.

Tsuyu entendit Selena soupirer.

- Ton plan est merdique, mais espérons que ça marche.
- Je peux te demander une faveur ?
- Vas-y , fit la française, soupçonneuse.
- Ne dis rien à Sangbum.
- Je ne dirai rien à Sangbum, mais tu as intérêt à revenir avant qu'il découvre tout ça.
- T'es une amie en or Sel !
- Et toi t'es la fille la plus chiante que je connaisse.

Selena raccrocha et Tsuyu lâcha un petit rire. Son amie avait toujours le chic pour lui remonter le moral, même après une dispute. Un peu plus enthousiaste, la jeune femme commença à déplier sa couverture pour l'étaler sur le sol, et s'allongea à même le sol, son oreiller serré contre elle. Le lendemain allait être une journée rude.