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Past

- Tsuyu est épuisante.

Sangbum n'aurait jamais cru dire ça un jour. Attablé avec ses amis, le garçon pouvait enfin s'enlever un poids des épaules. Selena, sa secrétaire, leva un sourcil.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda Emilie en tentant de se montrer compréhensive.

Le groupe était attablé à la terrasse d'un bar parisien, malgré le froid de mars. Ils avaient décidé de prendre un apéro avant de retourner chez eux, et ils en profitaient pour parler de leur vies personnelles. Et d'entre eux, Sangbum avait pour l'instant énormément de choses à gérer.

- Je ne sais plus comment agir avec elle, soupira le coréen. Elle est toujours silencieuse et renfermée sur elle même.
- Si tu veux mon avis, elle est en train de faire une dépression, fit doucement Emilie, le regard rivé sur son verre d'eau.
- Et dans ce cas là, il faut que tu l'emmènes voir un médecin, conseilla Thomas. Dieu sait ce qu'il peut se passer dans sa tête.
- Je ne veux pas la brusquer...
- Mais il le faut, objecta Selena. Si tu ne fais rien, ne t'attends pas à ce que ça change.
- Mais à chaque fois que je propose mon aide, elle refuse.
- En même temps, déjà que Tsuyu n'avait pas l'air très expressive quand tu nous parlais de vous en Corée, si en plus elle est venue ici par obligation, je ne la vois pas vraiment se confier.
- Pas faux, continua Emilie. Vu ce qu'elle a dû traverser, ça l'a forcé à faire remonter ses murs.

Le groupe resta silencieux. Thomas réajusta ses lunettes, pensif.

- Il faudrait donc qu'on trouve un moyen de casser ses murs... Quelqu'un a une idée ?
- Peut-être qu'on devrait la voir ? proposa Selena. On ne l'a jamais rencontré.
- Mais même, comment tu veux qu'elle nous fasse confiance ?
- Je sais pas, on lui propose de faire un bowling, un truc du genre.
- Tu es vraiment la pire.
- Il faudrait qu'on trouve un moyen d'extérioriser ses sentiments, réfléchit Emilie sans faire un compte de ses deux autres amis. Pour l'instant, je ne trouve pas un moyen calme pour ça, mais peut-être qu'en l'inscrivant à une session de thérapie...
- Elle ne parle pas français, la coupa Sangbum. Et je doute qu'il y ait un médecin ici qui parle coréen.
- On a qu'à lui apprendre le français. Je peux le faire.
- Emi, je t'aime de tout mon cœur, avoua Selena, mais tu es russe.
- Et j'ai appris le français. Je sais ce que c'est de débarquer dans un endroit sans pouvoir communiquer, rappela la russe. Et mon arrivée ici n'était pas génial non plus.
- C'est vrai que si on regarde bien, toi et Tsuyu avait vécu à peu près la même chose... A des degrés différents...
- Je pense que ça a été pire pour Tsuyu. Même si je suis ici, j'ai des nouvelles de ma famille et de mes amis restés à Moscou. Si je me sens mal, je peux parler avec eux. Tsuyu non. Elle est toute seule. Et si on ne peut pas utiliser la méthode douce... On sera obligé d'utiliser la manière forte.
- C'est-à-dire ? demanda Sangbum, inquiet.
- La forcer à expliquer ce qu'elle ressent.
- T'es sérieuse ? s'écria Thomas.
- Je ne veux pas qu'elle fasse ça parce qu'on l'y oblige, refusa Sangbum.
- Je ne dis pas que c'est ce qu'il faut faire. Mais si elle le fait, se sera peut-être plus facile pour elle de parler. Je n'aime pas cette idée, mais il faut qu'on agisse. Je ne veux pas qu'il lui arrive quelque chose.
- Essayons d'abord de la rencontrer, décida Selena. Si on arrive à lui faire comprendre qu'elle peut compter sur nous, personne ne sera obligé de la faire pleurer.
- Bien, souffla Sangbum. Allons-y.
- On y va maintenant ? s'étouffa Thomas.
- Plus vite on la connaîtra, mieux on pourra l'aider, fit Selena. Allez Sangbum, montre-nous le chemin.

Here come the regrets [Red Velvet]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant